Il est un fait irréfutable : la Réunification est chère, très chère au cœur des Camerounais. En ce qu’elle symbolise les retrouvailles sacrées entre populations des deux rives du Moungo. En ce 1er octobre 1961. Et ce, en dépit de multiples vicissitudes apparues et vécues sur un parcours qui ne fut pas un long fleuve tranquille. Au contraire, les faits sont éloquents qui attestent qu’il aura fallu surmonter de nombreux écueils, dissiper malentendus et incompréhensions de toutes sortes, vaincre doutes et méfiances.
Cette étape décisive de l’édification du Cameroun aura donc été la résultante de sacrifices considérables, d’un engagement patriotique exemplaire. De sorte que la Réunification aura été conquise de haute lutte ainsi qu’en attestent à suffisance de nombreux témoignages parmi les plus édifiants publiés dans ces mêmes colonnes durant ces trois dernières semaines. Plus d’un demi-siècle après cet heureux dénouement, que de lauriers glanés ! Que de murs abattus ! Que de chemin parcouru !
Toutes choses qui rendaient nécessaire voire indispensable une célébration en grande pompe d’un évènement inédit, unique qui participe de l’identité même du Cameroun dans sa marche vers le progrès. Il était donc de bon ton, dans cette perspective de marquer un temps d’arrêt afin d’évaluer sans complaisance les performances et ratés d’une marche somme toute exaltante. Là-dessus, les faits sont éloquents : mosaïque de plus de 200 groupes ethniques, avec autant de différences socio-culturelles, notre pays a su préserver jusqu’ici son unité, sa cohésion dans une diversité culturelle qui, au lieu d’être un handicap, se présente plutôt comme une richesse assumée avec bonheur par tous. En dehors de quelques velléités irrédentistes marginales.
Quoi de plus logique que de saluer, d’exalter ces acquis même si ceux-ci, parce qu’ils sont à construire chaque jour, condamnent les Camerounais à une lucidité et une clairvoyance de tous les instants. Surtout dans un contexte régional marqué par une insécurité ambiante. Pour autant, sonder les écueils, mesurer les périls ne devrait nullement interdire que la nation, autour de son chef, le président Paul Biya qui a su tenir la barre depuis le 6 novembre 1982, se laisse aller à la joie, à la fête du cinquantenaire de la Réunification. Une manifestation commémorative qui se tient non seulement dans les dix régions du pays, mais aussi dans les représentations diplomatiques du Cameroun à l’étranger. C’est pour permettre aux Camerounaises et aux Camerounais de l’ensemble du triangle national de vivre la célébration du cinquantenaire de la Réunification en communion que le chef de l’Etat a déclaré fériée et chômée, la journée de demain.
Quant à la ville de Buea et aux cités environnantes qui accueillent les nombreux hôtes venus célébrer le vivre-ensemble des Camerounais, elles ont bénéficié des investissements d’un peu plus de trente milliards de francs. Des investissements appréciés à leur juste valeur par les populations. En témoigne la forte mobilisation observée hier à l’arrivée du couple présidentiel dans la région du Sud-Ouest. Une mobilisation logique. Une mobilisation légitime. Une mobilisation largement justifiée