A la faveur de la récente visite du président tchadien à Khartoum, la page des relations tumultueuses entre les deux voisins semble tournée.
Ce n’est pas encore la lune de miel entre le Tchad et le Soudan, deux pays limitrophes, unis par la géographie et l’histoire, mais c’est au moins une nette embellie dans leurs relations peu amicales au cours des cinq dernières années, lorsque N’Djamena et Khartoum s'accusaient mutuellement de soutenir des rébellions hostiles à leur pouvoir. Signe tangible du rapprochement, le paraphe, le 20 février dernier à N’Djamena, d’un accord-cadre instituant un cessez-le-feu entre le gouvernement soudanais et le groupe rebelle du Darfour Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), un des deux principaux groupes rebelles du Darfour, à l’Ouest du Soudan, une région en proie depuis 2003 à une guerre civile complexe. « Cet accord marque le début de la fin de la guerre au Darfour », a déclaré le président soudanais dans la nuit de lundi à mardi à Doha au Qatar, où il devait assister hier soir à la signature officielle de l'accord. Ce qui est important de souligner, c’est que le président tchadien Idriss Déby Itno, qui a effectué un voyage historique à Khartoum les 8 et 9 février 2010 a, dit-on, facilité les négociations entre Khartoum et la rébellion. Avant, le président soudanais Omar el-Béchir a affirmé à Khartoum que la visite de son homologue tchadien Idriss Déby Itno avait "mis fin à tous les problèmes entre le Tchad et le Soudan". Le 9 février dernier, à l'issue de cette première visite officielle de Idriss Déby Itno au Soudan depuis 2004, le président soudanais a accepté l'invitation de se rendre à N'Djamena. "J'affirme aux peuples soudanais et tchadien que nous avons complètement tourné la page", a-t-il déclaré lors d'un discours dans le "pavillon de l'amitié", nom du Centre des Congrès de Khartoum. "Cette visite a mis fin à tous les problèmes entre le Tchad et le Soudan", a ensuite ajouté à l'aéroport le président Béchir, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue tchadien Idriss Déby Itno. "Je suis venu le coeur ouvert et la main tendue pour écrire une nouvelle page de nos relations. Je n'ai pas de doute que les mêmes sentiments et la même volonté animent mon frère, monsieur le président Omar Hassan Ahmed el-Béchir", a déclaré le président tchadien devant un millier de personnes réunies au centre des Congrès. Cette visite intervenait après la signature, mi-janvier à N'Djamena, d’un "accord de normalisation" assorti d'un "protocole de sécurisation des frontières" entre le Tchad et le Soudan. Dans quel contexte s’opère le rapprochement actuel entre le Tchad et le Soudan ? Quelles peuvent en être les motivations profondes ? CT a rencontré un chercheur qui analyse la situation.
