La cérémonie officielle prévue ce jour à Malabo (Guinée équatoriale).
Pas besoin d’être devin pour comprendre que Malabo abrite ce jour une
importante cérémonie. Aux travaux traditionnels d’assainissement et
d’embellissement de la ville, sont venus s’ajouter ces derniers jours
des travaux spéciaux. On bouche les trous ici et là sur la chaussée, on
pavoise les rues, on balaie et parfois même on lave. Au siège du
parlement de la Communauté des Etats d’Afrique centrale, on met la
dernière main aussi bien au bâtiment qu’aux aires extérieures. Sous le
regard de la sécurité.
Au bout d’un beau boulevard qui s’étire sur plusieurs kilomètres,
longeant parfois des bidonvilles, et vous conduit de la ville ancienne
(coloniale et caractérisée par son architecture) vers Malabo 2, nouvelle
ville, un grand rond-point. Sur la droite de cette place – où trône
l’immeuble de la Société nationale des hydrocarbures, le futur premier
ministère et le siège de la CCEI de Guinée équatoriale – le parlement
qui abrite ce matin une cérémonie pleine de symboles.
Symbole de splendeur au dehors. Bien implanté sur quatre niveaux sans
compter les installations techniques en sous-sol, l’immeuble explose au
soleil avec son aluminium et ses immenses panneaux de verre. La
somptueuse esplanade annonce déjà les ballets de limousines qui vont s’y
dérouler à l’occasion des grands événements. Le premier, l’installation
officielle du parlement se tenant aujourd’hui même. Quand aux jardins,
ils prennent place entre les allées de béton et de pavés, mélangeant
arbustes, fleurs et pelouses.
Dernière institution de la CEMAC
Symbole de majesté au-dedans, ce parlement. Un hémicycle richement
installé où boiseries et aluminium conjuguent leur harmonie. Un cadre de
travail pour les parlementaires – cinq issus de chacun des six pays
membres (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, RCA et Guinée Equatoriale) de la
CEMAC (communauté économique des Etats de l’Afrique centrale).
Le parlement communautaire est la dernière institution de la CEMAC qui
soit mise en place. Les quatre autres (Union économique de l’Afrique
centrale, l’Union monétaire de l’Afrique centrale, la Cour de Justice et
la Cour des comptes) sont déjà opérationnelles. Le parlement a pris dix
ans pour se mettre en place. Le temps de trouver les modalités de
désignation de ses membres, les règles de son fonctionnement et
quelques autres paramètres à régler. Une période pendant laquelle une
commission interparlementaire regroupant des députés des six parlements
nationaux a travaillé.
Symbole d’intégration aussi et surtout. La mise en place du parlement
communautaire vient comme pour légitimer la construction de l’ensemble
sous-régional. Pour l’honorable Hilarion Etong, premier vice-président
de l’Assemblée nationale du Cameroun et chef de file des cinq
parlementaires camerounais (Mbah Ndam, Haman Tchiotou, Alioum Fadil, Sop
Jean Charles) au sein de l’institution communautaire, l’intégration
connaît avec le parlement un pas en avant. Elus des différents peuples,
les parlementaires se feront la voix des peuples qui se sentent si
proches. Et qui aspirent à partager les bienfaits de la vie en
communauté.
Le parlement qui entre ainsi en fonction a une double mission :
contrôler l’action de la Commission, organe qui met en œuvre la
politique décidée par la Conférence des chefs d’Etat et voter le budget
de la Commission. A travers ses recommandations, le parlement va
également orienter l’action de la Commission. D’autant plus que le
programme économique régional sera présenté et débattu devant cette
instance avant sa mise en œuvre. Une occasion pour les élus de faire
prévaloir les intérêts des populations qu’ils représentent.
Langue officielle
La vie professionnelle d’un reporter est un éternel apprentissage. Alors
quoi de neuf sur ce coup ? Juste une affaire de langue. Vous connaissez
les institutions et ce qu’elles ont de formel. Statuts, sigles, logos,
langues officielles et quelque autres rigidités. Et les populations sont
priées de bien vouloir se soumettre à ce carcan.
Mais, il arrive que les contacts entre les hommes et les femmes soient
bloqués par des histoires de langues. Les reporters camerounais en
Guinée Equatoriale l’ont éprouvé. D’un côté, on parle le français ou
l’anglais, de l’autre on parle espagnol. Il suffit que la partie qui
parle espagnol ne pige aucun mot de français ou d’anglais et que l’autre
ne connaisse rien à la langue de Cervantes pour qu’une barrière
s’installe.
Barrière que le langage des gestes peut permettre de surmonter. Mais
très souvent, les gestes ne suffisent pas. On découvre alors qu’une de
ces langues dites vernaculaires peut vous tirer des pires embarras. Dans
le cas des reporters camerounais à Malabo, quand les langues
officielles constituaient des blocages, la langue Fang a permis d’ouvrir
bien des portes.
Preuve par la langue que l’intégration est une affaire des peuples.