La dernière réunion des responsables des services centraux et déconcentrés du ministère des Domaines et des Affaires foncières s’est tenue les 6 et 7 mai derniers, avec comme principale recommandation, une refondation de ce département ministériel, créé le 8 décembre 2004.
Cinq ans après, le bilan a été dressé par le ministre Jean-Baptiste Béléoken et ses collaborateurs et il indique clairement que le Mindaf a besoin d’un nouvel organigramme pour être plus opérationnel. Les éminences grises du ministère des Domaines et des Affaires foncières ont même déjà esquissé les contours de la nouvelle configuration : création de nouvelles unités au sein de certaines directions centrales, notamment la direction du Patrimoine de l’Etat et la direction des Domaines.
Concrètement, le rapport général des travaux a suggéré que ces directions soient érigées en directions générales. Une proposition plus que réaliste qui tient évidemment compte de la masse de travail à abattre, de l’énorme défi que représente cette entreprise d’assainissement du secteur des Domaines et Affaires foncières. Pour ne parler que du patrimoine de l’Etat qui fait l’objet de ce zoom de CT, le challenge est resté pratiquement intact depuis 2004. Des actions spectaculaires ont certes été posées ici et là. Mais elles n’ont pas suffi à vaincre les résistances en matière d’abus du patrimoine de l’Etat. Le meilleur exemple est une fois de plus l’usage des véhicules administratifs. Où malgré les campagnes de sensibilisation, malgré les opérations coup de poing, un bon nombre de bénéficiaires continuent tranquillement de se servir de la « CA » comme de leur propriété. Et même pire. On connaissait le véhicule administratif que l’on utilisait pour emmener Madame faire le marché le samedi ou aller au village les week-ends. Aujourd’hui, beaucoup de responsables de l’administration, bénéficiaires d’un véhicule ne daignent même pas s’occuper de l’entretien de la voiture. Lors de récents contrôles, les responsables du Mindaf avaient par exemple mis la main sur des véhicules qui n’avaient jamais subi la moindre vidange au bout de cinq ans d’utilisation. L’on pensait pourtant avoir fait un pas vers la normalisation, lorsque le Garage administratif a été rattaché au Mindaf à sa création. Mais là, le problème est loin d’être résolu pour le moment.
On pourrait en dire autant des logements de l’Etat. Ici aussi, quelques actions d’éclat n’ont pas réussi à décourager les occupants clandestins. A travers les dix régions du pays, des squatters sont toujours en possession de logements qu’ils sont censés avoir libéré depuis des lustres. Ou qu’ils ne sont pas en droit d’occuper.
Mais le patrimoine de l’Etat, c’est aussi tous ces hectares de terrains parfois abandonnés à l’opportunisme des escrocs fonciers qui les vendent à des particuliers imprudents. A Yaoundé, l’Etat a récemment récupéré des terres aux abords du palais présidentiel à Etoudi. Ce terrain est d’ailleurs en train d’être viabilisé pour accueillir un projet de nouveau quartier administratif. C’est un exemple qui devrait faire tache d’huile ailleurs.
Bref, la mise en place de ce qu’on peut déjà appeler le « nouveau ministère des Domaines et des Affaires foncières » apparaît comme une urgence. En espérant qu’avec cette organisation plus adaptée, les hommes qui travaillent au Mindaf mettront de l’ordre et permettront de récupérer ce patrimoine qui s’effrite au vu et au su de tous. Car au-delà de l’institution, les hommes ont souvent favorisé le désordre. Parce que, là aussi, la corruption a fait beaucoup de dégâts.
Yves ATANGA