Dominé par l’histoire d’Abraham Hannibal, le Festival des arts et traditions Sao-Kotoko s’est clôturé dimanche à Logone-Birni. L’histoire d’Abraham Hannibal a dominé le Festival des arts et traditions Sao-Kotoko (Festat), tenu du 2 au 6 juin, à Logone-Birni (38km de Kousseri). Cet enfant enlevé à 8 ans en 1703 au bord du Logone par des commerçants ottomans (turcs) et fait esclave dans la cour du tsar Pierre Ier le Grand, qui voulait tester l’intelligence d’un enfant noir en l’inscrivant à l’école. Abraham Hannibal deviendra l’un des plus grands personnages de l’empire russe avec plusieurs titres et fonctions : général en chef d’armée, gouverneur, mathématicien, ingénieur, architecte, hydraulicien et le plus grand fortificateur de son époque.

Plusieurs écrits russes à connotation raciste ont attribué ses origines à Logone en Abyssinie (Ethiopie). C’est grâce aux travaux de l’anthropologue et historien béninois Dieudonné Gnammankou que les origines camerounaises de ce héros russe ont été reconstituées. Abraham Petrovic Hannibal est né à Logone, sur les terres de son père qui était à la tête d’une principauté. Ce personnage a donc été au centre des manifestations de la quatrième édition du Festat. Le chercheur béninois était invité à ce rendez-vous culturel de la communauté kotoko. Il a animé, en compagnie du Pr. Saibou Issa, directeur de l’ENS à Maroua, une série de conférences sur les origines camerounaises d’Abraham Hannibal. Pour la circonstance, les Kotokos ont battu le rappel de leurs troupes disséminées à travers le pays, au Nigeria et au Tchad.

Ce quatrième rendez-vous culturel des descendants des Sao, a été en fait, une sorte de démonstration du réveil et du dynamisme de ce peuple établi aux abords du fleuve Logone. Qu’il s’agisse de la plaquette programme, imprimé en papier glacé et retraçant l’histoire du peuple kotoko, l’art et tradition kotoko ou de la participation record de toutes les antennes, l’Association culturelle Sao a réussi le pari de la mobilisation.

La cérémonie d’ouverture a été lacée sous la présidence du gouverneur de l’Extrême-Nord, représentant le Mincult, assisté de l’Inspecteur général dudit ministère. Tous les intervenants ont rendu un vibrant hommage au chercheur béninois qui a su retracer les origines d’Abraham Hannibal. Le sultan de Logone-Birni, Mahamat Bahar Marouf, a ouvert les portes traditionnelles de Logone-Birni aux visiteurs jusqu’à l’extinction des lampions. Pour Adji Massao, coordonnateur général du Festat, cette manifestation « permet de revisiter la tradition culturelle par ce temps de globalisation pour que nos enfants puissent s’en inspirer afin de perpétuer nos valeurs culturelles ». Il a insisté sur les valeurs de paix, de tranquillité et « la patience légendaire qui caractérisent le Kotoko ».

Le Pr. Gnammankou a annoncé la préparation d’un documentaire sur Abraham Hannibal avec la participation des gouvernements russes, suédois et français d’un montant de vingt millions d’euros.