C’est l'une des plus importantes prises jamais réalisées en Afrique de l'Ouest. Plus de deux tonnes de cocaïne ont été saisies en Gambie avec l'aide de l'agence britannique de lutte contre le crime organisé, ce qui constitue l'une des plus importantes prises jamais réalisées en Afrique de l'Ouest. L'affaire semble réunir tous les ingrédients du narcotrafic international: une bande de Sud-américains, Européens et Africains comme protagonistes, une société de pêche comme couverture et une petite île comme décor...

Le 12 mai, la police gambienne commence par arrêter 12 étrangers, dans le secteur du village de Bonto, à 45 km de Banjul: trois Néerlandais, deux Vénézuéliens, quatre Nigérians, trois Ghanéens. Seuls trois kg de cocaïne sont alors saisis, selon un responsable policier gambien interrogé mercredi par l'AFP.

Mais "après ces arrestations, nous avons sollicité l'agence britannique de lutte contre le crime organisé (Serious organised crime agency, SOCA) qui nous a beaucoup aidés", explique-t-il.

Selon un communiqué diffusé par l'agence sur son site Internet, "parmi les suspects figuraient le propriétaire hollandais et les salariés vénézuéliens d'une société de pêche basée en Gambie (...) Ils avaient l'usage exclusif d'une petite île où ils se servaient d'un hôtel délabré et avaient installé des systèmes de communications et de transports".

Après une enquête approfondie, ce sont finalement "2.100 kilos de cocaïne" répartis dans 85 sacs qui ont été découverts, le 4 juin, dans un souterrain dissimulé derrière un faux mur d'un entrepôt. Une importante quantité d'armes et d'argent a également été trouvée, selon les Britanniques.

Pour la SOCA, il s'agit d'une "saisie record pour l'Afrique de l'Ouest" et la valeur de la cargaison peut être estimée à "100 millions de livres" (121 millions d'euros). "Mais la valeur de revente dans les rues pouvait être encore beaucoup plus grande, si les trafiquants « coupaient » cette cocaïne avec d'autres substances", souligne l'agence.

En Gambie, l'enquête et les arrestations se poursuivent. "Nous avons arrêté trois autres personnes, dont deux Gambiens et un Nigérian", dans la nuit de mardi à mercredi, explique une source proche des investigations, sous couvert de l'anonymat. "Nous avons constaté ces derniers mois une augmentation du trafic de drogue et d'autres crimes en relation, dans ce pays, et il faut y mettre un terme", ajoute-t-on.

L'Afrique de l'Ouest est devenue ces dernières années un important point de transit pour la cocaïne sud-américaine à destination des marchés européens. Et la Gambie, dirigée d'une main de fer par Yahya Jammeh depuis 1994, est l'un des pays sur la sellette. En mars, le chef de l'Etat déclarait: "Ceux qui ont des positions élevées dans le domaine de la sécurité ne doivent pas être impliqués dans le trafic de drogue. Je fais serment que ce pays ne sera jamais un narco-Etat".