Michael Ngako Tomdio a lancé hier la pré-campagne de lutte contre ce fléau qui endeuille des familles et créé un manque à gagner pour l’économie. Cela se passe au vu et au su de tous, à l’entrée des camions citernes livraison du carburant en ville. « Le long du mur de la SCDP, à l’extérieur, les gens siphonnent les résidus de carburant et de gasoil dans les camions citernes revenus de la livraison. Ils ouvrent en général les courent derrière les vannes, et avec un seau, recueillent le produit », explique un témoin de ces scènes. La « moisson » est revendue aux « bendskinneurs » et même aux particuliers. Les nombreuses maisons d’habitation situées aux abords de la SCDP au carrefour Agip à Douala, n’arrangent pas les choses : « Plusieurs de ces maisons se sont transformées en magasins de stockage de ces produits. Le commerce se passe sous le manteau », ajoute notre témoin. Avec d’énormes risques « Ce qu’il faut savoir, c’est que, pour le super par exemple, ce n’est pas le produit en lui-même qui peut créer un incendie, mais la vapeur simplement, au seul contact d’une étincelle, le pire peut arriver », confirme un expert en produits pétroliers.

Le pire ? Le Cameroun l’a connu en 1998, malheureusement, avec la catastrophe de Nsam à Yaoundé, où plus de 200 personnes ont trouvé la mort, parties à l’assaut du carburant déversé de wagons-citernes accidentés. Le douloureux souvenir reste d’ailleurs vivace dans les mémoires. Pour l’économie, les pertes liées au trafic du « zoua zoua » se chiffrent en milliards. Pour l’exercice 2001-2002, le Gicam évaluait le manque à gagner à 32 milliards de Fcfa Qu’on se le dise : la détention et la manipulation des produits pétroliers est une source d’insécurité pour les personnes et pour les biens. « Les produits pétroliers, de par leur nature constituent déjà un danger en soi, lié aux risques de suffocation, d’intoxication d’incendie et d’explosion, ne peuvent être stockés n’importe où et n’importe comment. Ils ne doivent pas non plus être manipulés par des personnes inexpertes et étrangères à la profession », a déclaré Michael Ngako Tomdio. « Au regard des agissements, il serait superfétatoire de croire que ce qui est arrivé à Nsam ne peut pas survenir à nouveau », ajoute Gaston Essomba Eloundou, Dg de la SCDP.

Face donc au lourd tribut déjà payé par le Cameroun vis-à-vis de ce fléau, le ministère de l’Energie et de l’Eau, en collaboration avec la SCDP, le groupement des professionnels du pétrole, et plusieurs autres compagnies ont initié le projet de sensibilisation des populations sur les dangers liés à la détention et à la manipulation frauduleuse des produits pétroliers (PSP). Hier à la Société camerounaise des dépôts pétroliers, le Minee Michael Ngako Tomdio, a donné le coup d’envoi de la pré-campagne de sensibilisation contre ce fléau. Une caravane va donc s’ébranler avec un équipement de sensibilisation, et tout un arsenal de communication, pour faire comprendre, pendant plusieurs mois, à travers les quatre coins du Cameroun, les dangers liés à cette pratique. « Après la sensibilisation, rassurez-vous, on passera à la phase des sanctions », a prévenu Michael Ngako Tomdio. Les fraudeurs sont prévenus.