Voici donc la Coupe du monde 2010. L’attente a duré six ans. Le 15 mai 2004, la FIFA confiait l’organisation de la plus grande fête sportive de la planète à l’Afrique du Sud.
Des années durant, ce pays a couru derrière cet évènement, comme un gentleman court derrière une fille qui lui donne des insomnies. Après deux tentatives infructueuses (2002 et 2006), le pays de Nelson Mandela décrocha enfin la palme d’or. La nation arc-en-ciel, bâtie sur le métissage culturel et ethnique, l’un de ses traits d’identité, tient donc son affaire. Pendant un mois (11 juin-11 juillet), elle sera l’épicentre du monde. Cet après-midi, une pléthore de sommités internationales assisteront à la cérémonie d’ouverture au Soccer City de Johannesburg pour vivre en direct ce qui est déjà présenté comme la démonstration de génie de ce pays devenu un et indivisible après l’abolition, en 1992, de l’apartheid, odieuse pratique qui a relégué ce pays, des décennies durant, au ban de la communauté internationale.Tout ce que l’Afrique du Sud fera en bien ou en mal dans les trente prochains jours rejaillira sur le reste du continent. L’Afrique du Sud présente donc les lettres de créance de la diplomatie africaine au monde entier. C’est à la fois un honneur mais aussi une lourde charge. Bien organisé, ce Mondial réhabilitera définitivement l’Afrique aux yeux du monde. Mal agencé, il enfoncera encore le continent dans les clichés déformants des occidentaux. C’est la première fois que l’Afrique abrite la Coupe du monde. En dix-huit éditions, le Mondial n’avait jamais visité le berceau de l’humanité. Il pénètre en Afrique à sa 19ème édition. A 80 ans. Mieux vaut tard que jamais ! Lancée en 1930, la Coupe du monde est allée en Amérique latine, en Amérique du Nord, en Europe, en Asie. Elle n’était jamais venue en Afrique, comme elle n’a pas encore foulé le sol de l’Océanie et de l’Antarctique.
Hommage à l’afrique
La vieille dame, octogénaire, rend visite à l’Afrique, accompagnée de ses 32 enfants. 32 comme le nombre de pays qui participeront à cette Coupe du monde. Réparties dans huit groupes, les sélections disputeront une bagatelle de 64 matches. Les regards seront naturellement tournés vers les ambassadeurs du continent africain. Pour la première fois, le continent aligne six candidats sur la ligne de départ. Soit cinq pays qualifiés sur le terrain (Cameroun, Nigeria, Côte d’Ivoire, Ghana, Algérie). L’Afrique du Sud ayant obtenu son ticket en sa qualité de pays organisateur. Bien évidemment, le Cameroun, du nord au sud, de l’est à l’ouest, aura naturellement le regard vers l’Afrique du Sud. Absent en 2006 en Allemagne, le Cameroun, recordman en nombre de participations (six), meilleure prestation de l’Afrique en Coupe du monde (quarts de finale 1990) a le profil idéal du (futur) gendre qui frappe à la porte du (G7), cercle fermé des pays ayant déjà remporté au moins une fois une Coupe du monde (Brésil, Italie, Allemagne, Argentine, Angleterre, Uruguay, France).
Sur le plan symbolique, la Coupe du monde 2010, c’est une série d’hommages. Hommage à l’Afrique qui a donné au football de talentueux footballeurs. Roger Milla, Salif Keita, Rabah Madjer, Jay-Jay Okocha, Samuel Eto’o, Didier Drogba, Michael Essien, Emmanuel Adebayor, entre autres, ont écrit ou écrivent à l’encre indélébile les plus belles pages de ce sport. Le Mondial 2010, c’est enfin, et on aurait dû commencer par là, un vibrant hommage à Nelson Mandela. Après avoir lutté pour l’abolition de l’apartheid, succédané de l’esclavagisme et du colonialisme, l’ancien président sud-africain, a été le farouche et tenace avocat de la belle cause du Mondial 2010. Il a attaqué, défendu, calmé le jeu, entraîné, conseillé. Le patriarche de Soweto a joué tous les rôles dans cette équipe. Entre 1966 et 1990, Nelson Mandela a passé sept Coupes du monde en prison. Nul ne pouvant lutter contre le destin, il a enfin sa Coupe du monde. Que la fête commence donc !
