Jeanne Marie Ekidi Eyidi est l’une des candidates les plus âgées du Littoral à s’être inscrite au Certificat d’études primaires cette année. Jeanne Marie Ekidi Eyidi est retournée à ses activités quotidiennes. Le tricotage notamment occupe son temps. « Je n’ai pas d’atelier, mais c’est grâce à cela que je peux me faire un peu d’argent en travaillant à la maison », explique la concernée. Difficile d’imaginer que cette dame âgée de 62 ans, mariée depuis une quarantaine d’années et mère de 12 enfants, grand-mère de huit petits-enfants était encore mardi et mercredi derniers sur les bancs de l’école Dauphine à Ndogbong, en train de passer les épreuves du Certificat études primaires (Cep), avec des candidats qui ont l’âge de ses petits-enfants. « Je n’étais pas particulièrement dérangée, même si ça fait bizarre. Nos enseignants nous ont bien préparés mentalement à affronter ce moment. Des enfants me regardaient quand même bizarrement. Moi, j’étais concentrée sur les épreuves. J’ai eu beaucoup de problèmes en français et en anglais. Pour être franche, les langues sont des matières qui me dépassent. C’est mon point faible. Mais j’ai quand même bon espoir pour l’examen», confie-t-elle.

Sa formation, c’est au cours d’alphabétisation pour adultes appelé « Ecole sous l’arbre » initié par l’association «Douala Dream» qu’elle l’a effectuée. « J’ai décidé de me mettre à l’école il y a trois ans, malgré mon âge, afin de faire des tâches quotidiennes comme lire mes lettres moi-même, et éviter qu’on ne me trompe au marché pour les calculs, par exemple. C’est vrai, beaucoup dans mon entourage pensaient que je n’y arriverais pas. Ils me posaient des questions comme : qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? Parfois aussi, ils me disent qu’il y a des travaux à la maison qui m’attendent. Mais moi, je leur réponds qu’il faut me laisser tranquille. Je sais ce que je cherche, et Dieu va me le donner », affirme avec conviction Jeanne Marie Ekidi Eyidi.

D’elle, ses formateurs louent sa volonté. « C’est une personne déterminée, volontaire et travailleuse, malgré qu’elle ait beaucoup de barrière qui militent contre son évolution : son âge, ses responsabilités familiales, ses difficultés à se mouvoir à cause de son physique », déclare René Ebanda, coordonnateur des activités culturelles de « Douala Dream ». Aussi, est ce avec confiance que Jeanne Marie Ekidi Eyidi attend la proclamation prochaine des résultats, afin d’afficher fièrement son premier diplôme dans son salon.