On le sait peut-être déjà. Mais un rappel n’est pas superflu : le simple ail que nous utilisons comme condiment peut soigner les maladies cardiaques.
Il est à la fois curatif et préventif. L’ail est un antibiotique naturel, un anti bactéricide, et un anti-cancérigène. Cet aliment, selon les phytothérapeutes, augmente le taux de combativité du système immunitaire pour protéger notre système, notamment dans certains types de cancer comme celui du sein, de l'estomac, du colon et de la peau. Le ginseng, dont les tiges fraîches sont souvent vendues dans les bus d’agences de voyage, de l’axe Douala-Yaoundé, est réputé pour ses vertus relaxantes et ses effets toniques. Il est utilisé depuis des millénaires par la pharmacopée chinoise. Quant à l’aloe vera, c’est spécialement une plante légendaire, par excellence, qui peut soigner rapidement des brûlures, des piqûres d’insectes et autres maux.
Aujourd’hui, la thérapie par les plantes se décline en une palette de remèdes. Ils sont disponibles sous diverses formes, tisanes ou gélules. A Douala, plusieurs enseignes se sont lancées dans la vente de ces aliments. Un business florissant qui a vu naître des boutiques bio, comme « Tianshi Shop », « Forever Living product, » « Naturalia », etc. Les promoteurs ont misé sur la médecine par les plantes, une médecine bio qui fait son trou, à côté de la pharmacopée traditionnelle et de la médecine moderne. Ce sont quasiment des pharmacies vertes.
« En cas de fatigue anormale, de chute de cheveux, de perte de poids subite et inexpliquée, il faut veiller à ne pas retarder le diagnostic d’une maladie en improvisant son cocktail de gélules », conseille une promotrice. Pour elle, il faut consulter son médecin. La médecine par les plantes aurait-elle ses limites ? Dans tous les cas, l’avis d’un pharmacien-conseil classique est déterminant. Parce que, si certaines plantes sont reconnues comme médicaments, et passent par les mêmes formalités qu’un remède classique, la plupart des autres relèvent du complément alimentaire et sont vendues en pharmacie et en magasin de diététique.
Aussi, naturel ne signifie pas sans danger. Et les plantes ne seraient pas spécialement la panacée. « Tout dépend de la manière, indique un naturopathe. Il faut se méfier des cueillettes sauvages et des décoctions maison. Elles sont réservées aux connaisseurs. Prescrites à contresens, de mauvaise qualité ou issues de circuits mal contrôlés, elles peuvent se révéler de vrais poisons ». D’où les contrôles sanitaires à effectuer par les autorités en charge de la santé, auprès de ces établissements de promotion de la médecine par les plantes.
Une différence est d’ailleurs à faire avec la médecine traditionnelle. « Ces produits issus de la médecine dite traditionnelle sont raisonnablement dosés et contrôlés », explique un naturopathe. L’utilisation des plantes à la maison est parfois source de surdosage. D’où les conseils à demander un phytothérapeute ou spécialiste de magasins cités plus haut. S'assurer de la provenance du produit et vérifier que l'on peut le combiner à d’autres, relève donc de la précaution minimale. Le procédé de fabrication doit aussi être irréprochable. Le végétal n'est pas forcément en cause : excellent pour la santé en infusion, le thé vert en gélules à haute dose est toxique pour le foie… Les spécialistes demandent dans tous les cas de demander conseil avant de jouer aux « apprentis sorciers ». A l’heure où les propositions ne manquent à tout bout de rue, CT effectue une incursion dans l’univers très vert de la médecine par les plantes qui est manifestement à la mode et arbore de nouveaux habits. « To bio or not to bio » ? Et si c’était-là, le nouvel enjeu de la médecine moderne, à l’ère de la protection de l’environnement et de la préservation d’une certaine éthique médicale.
Alain TCHAKOUNTE
