La SCDP refuse d’enfûter plusieurs bouteilles au motif qu’elles doivent être reéprouvées. Début de pénurie.
Mireille O., la trentaine, était à bout de souffle hier au lieu dit « Fanta-Citron », près du marché Mvog-Ada à Yaoundé. Devant le dépôt de gaz situé à cet endroit, le troisième elle se rend depuis le matin, on vient de lui répondre qu’il n’y a pas de gaz. « C’est depuis vendredi soir que je n’ai pas de gaz. Dans une station, on m’a fait comprendre que ma bouteille était de type Camgaz et non Mobil. Je suis allée chez mon livreur habituel changer la bouteille, mais à mon retour dans la station, il n’y avait plus rien », explique cette mère de famille presque en larmes. « Je me débrouille au marché pour faire vivre mes enfants. Mais quand je suis obligée de laisser mon petit commerce pour chercher le gaz que je ne trouve pas, je n’ose même pas penser à ce qui peut arriver » conclut-elle. A l’instar de cette ménagère, plusieurs clients sont victimes depuis près de deux semaines, des difficultés d’approvisionnement en gaz domestique. Pour la majorité d’entre eux, la réponse est la même : « Il n’y a pas de gaz », explique Armand Happy, autre client.

Rendu à la rue Marc Vivien Foe, dans un autre dépôt, l’ambiance est la même. Quelques bonbonnes vides traînent dehors. Des clients, déboussolés, ne savent pas où aller. Les détenteurs de bouteilles SCTM sont néanmoins servis ici. Le responsable du dépôt, Job Fokoua, explique : « Pour le moment, les marques les plus touchées sont Camgaz, Mobil et Total. » D’après lui, bien que la SCTM soit touchée, il y a encore assez de stock pour ravitailler quelques clients. « Je suis allé à la Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP) hier (NDLR, lundi) avec 600 bouteilles SCTM, 91 seulement ont été enfûtées. Les 509 restantes ont été marquées à la peinture rouge », explique-t-il. Le responsable d’une station Oilibya, ayant requis l’anonymat, explique que la SCDP a déclaré les bouteilles vieilles. Et chaque marqueteur doit reéprouver les bouteilles ainsi retirées d’usage. Dans sa station, depuis dimanche soir, il n’y a plus de gaz. « La semaine dernière, nous avons eu du gaz, mais pas la quantité commandée. C’est plus grave cette semaine ».

Une situation qui, si elle perdure, risque d’avoir de graves conséquences dans les ménages. Car, même si l’heure n’est pas encore à la grande bousculade, tout laisse croire que la situation ne va pas s’améliorer dans les prochains jours. « La décision a été brusque », explique un responsable de la SCTM qui a renvoyé le reporter de CT au ministère du Commerce ou à la direction de l’entreprise à Douala pour plus de précision.