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Dossier de la Rédaction

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Peut-on se passer des tabous ?

Les tabous restent vivaces dans la mémoire collective des Camerounais, toutes origines tribales confondues et ceci en dépit de l’intrusion de la culture occidentales, et autres legs de la colonisation. On a pu le constater aisément sur le terrain : l’évocation des tabous au cours de notre enquête montre clairement qu’ils demeurent une réalité tangible qu’on ne peut ignorer, balayer du revers de la main sous le prétexte que la modernité a limité ou dilué leur impact sur nos sociétés. Ils sont présents dans le vécu quotidien de nos compatriotes, parfois de manière plus prégnante dans certaines ethnies que dans d’autres, même si la plupart des gens que nous avons rencontrés ont avoué n’avoir jamais vu les sanctions si souvent murmurées s’abattre sur ceux qui ont brisé ces tabous.

Le gisement des tabous est inépuisable. On a tout entendu : de la peur qu’inspire la tortue chez les Bafia, les Banen et les Yambassa du département du Mbam et Inoubou à la vipère que ne peut manger un Eton, un Ewondo et un Bene sans en avoir reçu l’autorisation d’un ancien alors que le Fon et le Bulu qui font également partie du grand groupe Fang-Beti en raffolent. Ils en consomment sans en attendre une quelconque permission.

Parler de la viande de crocodile à une femme enceinte de la zone de Mbongé, département de la Meme, région du Sud-Ouest, c’est réveiller des vieux démons. Ici, ni la femme grosse ni son partenaire ne peuvent manger de cette viande sous risque de perdre le fœtus par avortement. Chez les Maka d’Abong-Mbang, l’on fait croire que la consommation de certaines variétés de biches par une femme enceinte fera plus tard de l’enfant à naître un épileptique. Ailleurs, la consommation des pattes de biche par une femme grosse peut faire que l’enfant naisse affublé de cette malformation qu’est le bec-de-lièvre. Certains Bamiléké croient dur comme fer que l’absorption de la viande de rat palmiste par une femme grosse peut l’amener à donner naissance à un enfant kleptomane mais un genre de cleptomane, qui vole mais abandonne dans la nature, au bout de quelques instants le fruit de son forfait sans en tirer un quelconque profit.

Balayer la maison la nuit est fortement déconseillé parce que cela peut appauvrir. Verser de l’eau chaude sur la cour ou siffloter la nuit peuvent être sources d’ennuis car en le faisant, on attire les sorciers, le mauvais sort ou les mauvais esprits.

Les interdits et tabous ne sont pas l’apanage de nos seules sociétés, les religions importées que sont le christianisme, l’islam et le judaïsme ont les leurs, ces deux dernières, sémitiques, proscrivent à leurs fidèles la consommation de la viande de porc.

Si dans certaines de nos communautés nationales, les tabous demeurent encore vivaces, chez d’autres, ils ont un peu perdu de leur caractère sacré. Nous avons rencontré des personnes qui ont des rapports conflictuels avec leur culture au point où elles n’hésitent pas à briser ces tabous en consommant sans autorisation préalable la vipère chez les Ewondo ou la tortue en connaissance de cause chez les Mbamois. Faut-il donner raison ou combattre ces membres de la communauté qui se sont fâchés avec leurs traditions ? Cela dépend. Mais une chose est certaine : les tabous ont un rôle régulateur, d’assainissement des mœurs dans nos sociétés. Ainsi du temps de nos aïeux, quand on interdisait les rapports sexuels en journée, cela avait pour but de combattre ou de limiter l’infidélité, le concubinage.

Ce qu’il y a lieu de faire, c’est d’éviter de tomber dans la pauvreté anthropologique . Nous avons cru que le Blanc est supérieur et nous avons abandonné nos rites traditionnels pour adopter le mode de civilisation occidental. Le danger est que nous sommes à un carrefour, on se cherche, on ne maîtrise presque plus rien. On ne maîtrise plus nos traditions ni celles des Blancs. Nous ne sommes plus nous-mêmes. Le plus important pour nous, c’est de retourner à nos traditions tout en s’ouvrant à la culture occidentale, prendre les éléments de cette culture étrangère et la purifier à la lumière de la raison.

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