Pour ses 30 ans de carrière, le chansonnier sort « Nkol Ngié », un coffret de trois CD, entre nouveautés et succès revisités. En écoutant les 43 chansons du nouvel album d’Ottou Marcellin, le mélomane ressent forcément une forte impression de déjà entendu. Mais faut-il vraiment s’en étonner ? Non. Tout au long de sa carrière discographique, l’artiste nous a habitués à revisiter ses chansons à succès, et à leur donner à chaque fois une nouvelle jeunesse. Et puis, « Nkol Ngié » est aussi un album pour marquer les 30 ans de carrière du chansonnier. On appréciera ou non les reprises de « Up eyes », « Où va l’Afrique ? », « Un enfant », « Cocorico », « Homonyme », et autres « La fille du lycée ». Mais difficile de regarder dans le rétroviseur de cette riche carrière sans évoquer ces mélodies et ces textes qui ont construit la réputation d’Ottou Marcellin depuis le début des années 80.

Cela dit, le problème ne se pose pas pour les inconditionnels de l’artiste, trop heureux de le retrouver en disque après une douzaine d’années de sevrage. Le dernier album d’Ottou Marcellin remonte à 1997. Et comme s’il avait conscience d’avoir manqué à ses fans, le chanteur a concocté un coffret spécial. « Nkol Ngié », c’est une œuvre en trois chapitres. 3 CD, avec pour chacun, une chanson de Frédérique Ottou en guise de « préface ». Le chansonnier ouvre ainsi la voie à sa fille, la seule de ses enfants à l’avoir suivi dans la musique. Elle ne pouvait pas espérer meilleur mentor…

La curiosité reste quand même focalisée sur les nouvelles chansons du père. Où l’on déniche déjà quelques perles dès la première écoute. Le très folklorique « Kin Megde » (CD1) replonge dans l’univers du Mvet ; le très moralisateur « Melu Ma » (CD2) rend hommage au brillant compositeur Mekongo Président ; le très profond « 8 mars » redonne toute sa place à la femme. Voilà déjà quelques échantillons qui démontrent bien que l’inspiration et le talent n’ont pas subi l’érosion du temps. Au contraire, « Nkol Ngié » dévoile un Ottou Marcellin peut-être trop vite catalogué comme chansonnier, et pourtant résolument ouvert sur le monde. Avec sa guitare acoustique, le voilà qui opère un retour constant aux sources de la sagesse beti, en ressort pour dépeindre la société moderne où il vit, puis pose un pied dans la variété, et un autre dans la world music.

C’est tout cela Ottou Marcellin aujourd’hui. Un artiste expérimenté qui étale finalement tout son éclectisme dans une œuvre charnière. Abega Minkala, son fidèle compagnon et producteur pense même que c’est maintenant que démarre la véritable carrière d’Ottou Marcellin. Un Ottou Marcellin plus que jamais appelé à s’exporter. La présentation du coffret est déjà un signal. Pour le reste on peut dire que le pionnier tient bien son rang.