Pourquoi la maladie revient régulièrement et se répand à grande vitesse,alors que ses modes de propagation sont bien connus.
Le sujet est décidément loin d’être épuisé. Les chiffres actualisés au jour le jour, l’indiquent bien. Hier au ministère de la Santé, les statistiques faisaient déjà état de 3502 cas pour 263 décès dans l’Extrême Nord. Au lendemain d’une descente gouvernementale dans la région de l’Extrême Nord, où l’on se félicitait d’avoir mis la situation sous contrôle, la région du Nord a également pris le relais. En ce début de semaine, l’on enregistrait déjà une trentaine de 30 cas pour 3 décès. S’il en était encore besoin, ce développement montre bien à quelle vitesse le choléra peut se propager d’un coin à l’autre du pays. De Maroua à Garoua, il n’y a qu’un pas, régulièrement franchi par les populations dans leurs déplacements quotidiens. Il suffit donc qu’un malade figure parmi les voyageurs pour transporter le danger vers sa destination.
Mais avant d’en arriver aux mouvements irréversibles des populations à travers le pays, c’est à l’intérieur même des communautés que la circulation du vibrion cholérique est facilitée par les comportements, les croyances et les habitudes. Toutes choses qui conduisent notamment au non-respect des règles élémentaires d’hygiène. Se laver les mains a l’air d’un geste facile lorsqu’on en parle. Mais à l’expérience, les choses ne sont pas aussi évidentes tant pour les adultes que pour les enfants, à qui cela échappe très souvent. A ce sujet, le ministre des Enseignements secondaires vient de mettre la main à la pâte. Dans la batterie des mesures préventives prises au niveau du gouvernement, Louis Bapès Bapès a signé, vendredi dernier, une circulaire portant réorganisation de la police sanitaire dans les établissements secondaires du Cameroun. Le texte définit de manière claire les règles d’hygiène à observer au sein des lycées et collèges. Elles vont de la construction de latrines et lave-mains, à la fourniture en eau potable, en passant par la propreté des vendeurs de denrées alimentaires.
Le tour du problème est ainsi fait. Car ce qui se voit dans les établissements scolaires, ces dernières années, est parfaitement calqué sur la configuration des quartiers et villages. Où les latrines sont plus qu’un luxe à certains endroits. C’est le cas notamment dans la partie septentrionale du pays. Là-bas aussi, la gestion des corps de personnes décédées est favorable à la propagation des maladies. Pour le reste, la question de l’eau potable est générale. Elle est même centrale dans la problématique de la lutte contre le choléra.
Tous ces facteurs favorables au développement de la maladie sont bien identifiés. Reste à y concentrer les efforts. Plusieurs actions sont déjà engagées depuis le déclenchement de l’épidémie. Il est vital qu’elles s’inscrivent dans la durée. Pour que l’année prochaine, on ne recommence pas.