Le rituel peut être comparé à celui d’intronisation d’un chef traditionnel d’une région. Samedi dernier, au palais polyvalent des Sports, Javier Clemente, en signant les documents contractuels le liant au Cameroun pour deux ans, a commencé à être initié aux traditions locales.

Pendant une semaine, il va être rodé aux us et coutumes des Lions Indomptables. Le voyage initiatique va durer sept jours. Entre samedi dernier et samedi prochain, de son baptême du feu, c’est sur les berges de l’océan indien, à l’Ile Maurice, que le nouveau sélectionneur apparaîtra sous ses nouveaux habits de sélectionneur du Cameroun. La première sortie du technicien espagnol est donc très attendue.

Arrivé au Cameroun, vendredi dernier en fin d’après-midi, Javier Clemente a pris le pouls de son pays d’accueil par une conférence de presse, très courue. Le lendemain, le coach principal de la sélection nationale, entouré de l’un de ses adjoints, François Omam Biyick, a été installé dans ses nouvelles fonctions. En présence du président de la Fécafoot, Iya Mohammed et de Hamad Kalkaba Malboum, président du Comité national olympique et sportif camerounais. Michel Zoah, ministre des Sports et de l’Education physique, a été clair dans son discours. Il a demandé au nouveau sélectionneur de réinstaurer une discipline de fer au sein des Lions, de redonner le goût de la victoire et du maillot aux joueurs, de s’investir à fond dans sa tâche, de mieux exploiter le potentiel du football local. Une clause contractuelle oblige Javier Clemente à résider au Cameroun au moins quinze jours tous les deux mois.

Le technicien espagnol hérite, n’ayons pas peur des mots, d’un champ de ruines. L’équipe nationale sort de deux compétitions désastreuses (Can, Coupe du monde 2010) au cours desquelles la notoriété du football a pris un sérieux coup. L’audit, sur le double plan de l’image et des résultats sportifs, se passe de tout commentaire. L’ancien sélectionneur de l’Espagne est donc appelé à redonner une âme, un espoir aux Lions Indomptables et à leurs supporters. Quelle sera sa stratégie de reconstruction ? Lors des deux conférences de presse qu’il animées, Javier Clemente a laissé entendre qu’il sélectionnera les meilleurs joueurs. Et qu’il ira à la rencontre de Kameni, Alexandre Song, Achille Emana pour avoir leurs avis sur ce qui s’est passé en Afrique du Sud. Demain ou mercredi, il aura une séance de travail avec Samuel Eto’o qui lui donnera sa version des faits. Bien évidemment, le coach auditionnera d’autres acteurs. Clemente débarque donc au Cameroun dans un contexte de crise. C.T visite ce chantier et s’interroge sur les capacités réelles du nouveau sélectionneur à faire de nouveau des Lions Indomptables une équipe conquérante, orgueilleuse, fière et belle. Coach Clemente a déjà identifié deux chantiers : la discipline et le jeu sur les couloirs. Au niveau de la visibilité d’une action, c’est déjà mieux que ce « proposait » Le Guen, son prédécesseur, au même moment.

 Brice MBEZE

Clemente to Inject New Blood

The prospection of new talents is going to be an important aspect of the new coach’s job with the national selection.

The appointment of new coach always comes with new hopes and challenges; hopes of a new vision and greater achievements for the national team. Owing to the fact that players grow old and retire from the game, there is need for the constant flow of talents to replace the departing players thereby making selection into the national team highly competitive. In the words of Javier Clemente Lazaro, “If Eto’o is playing well today, he will retire from the game tomorrow just like Omam Biyick who used to be a very talented footballer, now turned coach. Hence there need for constant injection of new blood in the team”

Given the fact that local championships serve as a nursery for the grooming of young talents for the national selection, the prospection of players was made a cardinal issue in Javier Clemente’s contract with FECAFOOT and in what can be regarded as a clean break with the past when only players in the diaspora were deemed fit to play in the national team, the search for new blood this time, will also be conducted locally. For this to be effective, Javier Clemente will have to spend 10 days every two months in Cameroon to detect young talents in collaboration with his assistant, Omam Biyick who will permanently take up residence in Cameroon. Already, Clemente has identified some areas of research when he says Cameroon has so many midfielders but lack defenders who play in the wings. Though insisting on injecting new blood, Javier Clemente is keeping all options open saying he is willing to talk with all the players including the undesirables like Emana, Kameni and Alexandre Song, but insisting that only fitness and their mental form will determine their selection or non selection for the national team.

However, Clemente’s search for new talents is somehow limited in that other than talent, factors such as a good team spirit, patriotism and fighting spirit will henceforth be the guiding criteria for selection into the national team. He will no doubt benefit from support from his assistant, Omam Biyick who is conversant with Cameroon football and the Technical Directorate of national team which will have a data bank on home-based players thereby facilitating the job of selection for the coach.

Fred VUBEM TOH

Javier Clemente :"la discipline avant tout"

Javier Clemente, nouveau sélectionneur, a donné une esquisse de son action au cours de deux conférences de presse qu’il a animées.

Comment appréhendez-vous votre mission à la tête des Lions ?

J’ai un background différent. Je n’ai jamais entraîné en Afrique. Le Cameroun est le véritable rival du football occidental. J’ai entendu parlé du Cameroun en quarts de finale de football d’une Coupe du monde. Donc je préfère entraîner le Cameroun parce que ce pays a un passé dans le football mondial. Le Cameroun est la meilleure équipe africaine même si les Lions n’ont pas eu une prestation acceptable en Afrique du Sud.

Le président de la Fédération camerounaise de football m’a demandé de relever le niveau du football camerounais, pour que le Cameroun retrouve la gloire. Je ne connais pas très bien tous les joueurs du Cameroun. Je n’ai pas fait la sélection des joueurs. La première liste est celle de François O., de Jacques Songo’o et de la fédération. Je vais travailler avec les joueurs convoqués. Nous travaillerons avec les 23 joueurs retenus pendant quatre jours. Samedi, je sélectionnerais 11 joueurs pour affronter l’Ile Maurice. Pour le match suivant, je peux essayer d’autres joueurs si ceux sélectionnés n’ont pas répondu à mes attentes. Grâce à cette formule, je trouverai la meilleure équipe possible.

Quels sont vos rapports avec Samuel Eto’o ?

Je n’ai jamais eu de problème avec Samuel Eto’o. Aucun incident ne pouvait survenir entre Eto’o et moi puisque je n’ai jamais été son entraîneur en club. J’ai entraîné l’équipe nationale d’Espagne et non un club dans lequel Samuel Eto’o a évolué. Il a passé plusieurs années dans différents clubs espagnols (Réal Madrid, Réal Majorque, Barcelone). Pendant cette période, j’entraînais d’autres clubs. Mes relations avec Eto’o sont bonnes. C’est le meilleur joueur du monde mais pas l’unique joueur du Cameroun. Il inscrit des buts et il est important qu’un n°9 inscrive des buts. Pendant ce temps, j’entraînais d’autres clubs, où l’équipe nationale d’Espagne. Je n’ai jamais eu à être confronté à Samuel Eto’o.

Certains joueurs ne sont plus convoqués en équipe nationale depuis que la Coupe du monde 2010 s’est terminée. Quel est votre avis sur ce dossier ?

Je connais la situation. En Espagne, les médias disent qu’il y a beaucoup de problèmes au sein de la sélection nationale camerounaise. Pour être mieux informé, j’ai discuté premièrement avec le président de la Fédération camerounaise de football. J’ai ensuite discuté avec Omam et Songo’o. Je vais échanger avec Eto’o qui me donnera sa version des faits. J’irai aussi rencontrer Achille Emana, Alexandre Song et Idriss Carlos Kameni. Et le seul gage de leur retour en équipe nationale serait qu’ils se distinguent par leur jeu en club. A travers ces différentes conversations, je saurais ce qui se passe. La première chose dans une équipe, c’est d’abord la discipline.

Le Cameroun représente-t-il réellement un challenge pour vous ?

Je pense que le Cameroun peut être champion d’Afrique. Mais, c’est le football. Le football africain a évolué voire changé. En l’an 2000, le Cameroun était n°1 africain. En ce moment, il y a près de huit équipes très bonnes en Afrique. Je peux citer l’Egypte, la Côte d’Ivoire, le Ghana…Parmi ces équipes, on peut dessiner le champion d’Afrique. Nous pouvons travailler pour gagner mais les autres équipes, le font également. Le plus important actuellement pour les Lions c’est de travailler. Il n’ y a que le travail qui puisse propulser une équipe. Je compte travailler pour le futur. En ce moment, à l’équipe camerounaise, beaucoup de joueurs travaillent au milieu de terrain. Tout le jeu des Lions s’effectue dans l’entrejeu. Il faut développer le jeu sur les couloirs. Je pense que nous devons commencer à travailler sur les côtés. Je suis venu pour travailler. Et si l’équipe n’est pas bonne, il ne sera pas possible de gagner.

Quel capitaine pour les Lions ?

Je pense qu’Eto’o est le meilleur à ce poste. C’est quelqu’un qui a de l’expérience, de l’influence parce qu’il joue en Europe. Un joueur qui évolue en Europe a toujours une plus grande influence que ses coéquipiers. Eto’o a de la personnalité. Il est l’interlocuteur idéal pour les Lions auprès des arbitres. Puisque ces arbitres sont pour la plupart européens. Je ne suis pas venu au Cameroun pour l’argent. J’ai entraîné l’Espagnol de Barcelone avec Thomas Nkono. A l’Olympique de Marseille, nous avions bien 15 joueurs africains dans le club. On ne peut donc pas m’accuser d’être raciste. La question ne se pose même pas.

Propos recueillis par Brize MBEZE et Angèle BEPEDE