Cobalt/Nickel de Lomié : La longue attente
Sept ans après l’attribution du permis d’exploitation, le projet tarde toujours à prendre son envol.
Le projet d’exploitation du cobalt et du nickel de Nkamouna près de Lomié à l’Est Cameroun n’est pas pour le moment le sujet à l’ordre du jour dans les conversations dans la localité. Que ce soit à Mindourou ou à Lomié, les populations semblent avoir perdu espoir de voir extraire l’imposant gisement de minerai qui sommeille sous leurs pieds dans un futur proche. Le scepticisme est grandissant au fur et à mesure que le temps passe. Le séjour que nous venons d’effectuer sur les rives des fleuves Dja et Mpomo a permis de constater le désarroi qui gagne les riverains qui avaient pourtant fondé de l’espoir sur le projet en 2003 lors de l’attribution du permis d’exploitation à l’entreprise Geovic. Bien plus, même du côté des autorités administratives, des élus locaux et des élites, les propos ne rassurent guère. La plupart abordent la question avec scepticisme. «Je doute fort que ce projet se concrétise d’ici peu. Depuis qu’on nous casse les oreilles avec cette histoire, rien n’a évolué», lance courroucé un homme politique de la localité.
A Kongo, localité située à cheval entre Lomié et Nkamouna, des bâtisses ont été érigées en matériaux provisoires. Des sources signalent que ce sont des bâtiments censés abriter à l’avenir les services administratifs de Geovic. A une dizaine de kilomètres plus loin à Nkamouna, épicentre du projet, une vaste étendue de forêt a été dévastée. Les mêmes sources précisent qu’à l’endroit est prévue la construction de la base-vie du personnel au cas où le projet venait à se matérialiser.
Or, le sous-sol de Nkamouna, selon des études d’experts en la matière, est un véritable «scandale géologique». Les chiffres à eux seuls donnent du tournis. Les réserves mises en évidence sur une partie du gisement sont actuellement de l’ordre de 100 millions de tonnes de minerai à 0,2% de cobalt, 0,72% de nickel et 3,71% de manganèse. On parle d’un investissement initial évalué à 418 millions de dollars, hormis la construction du port en eau profonde de Kribi.
Au ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique, .certaines sources soulignent que le projet reste grippé du fait des problèmes d’actionnariat ayant entraîné l’entrée de la Société nationale d’investissement (SNI) dans le capital social. Soit 39,5% des parts d’actions évaluées à 44 milliards de francs acquises par l’Etat. On parle d’une dotation de 30 milliards inscrite dans le collectif budgétaire de septembre 2008. A ce jour, aucun crédit n’a été débloqué au profit de la SNI. Une situation qui est loin de garantir sa solvabilité et son maintien dans ledit projet. D’autres sources par contre, parlent des contrecoups de la crise financière internationale dont serait affectée Geovic. Ce qui a conduit à la révision de l’étude de faisabilité dont les résultats étaient censés être publiés en mars dernier. Pour un démarrage effectif des travaux en fin juin 2010. Jusqu’à ce jour, rien n’indique que quelque chose a véritablement bougé.
A la direction générale de l’entreprise Geovic au quartier Bastos à Yaoundé, l’on cultive le secret absolu sur le sujet. Surtout quand il s’agit des hommes des médias à la recherche de l’information. Nos multiples tentatives à vouloir rencontrer les différents responsables pour échanger sur la question se sont avérées vaines. La demande d’audience adressée au directeur général est restée lettre morte jusqu’au moment où nous mettions sous presse. Même si en ces lieux, le service tourne à plein régime, l’on semble s’être arrangé pour que rien ne filtre ou qu’aucun document sur ledit projet ne traîne aux yeux du visiteur.
Sainclair MEZING