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Dossier de la Rédaction

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Certitudes trompeuses

De tout temps et en tout lieu, les statistiques se caractérisent par leur froideur, un hermétisme déroutant. Des chiffres que les experts prennent d’ailleurs un plaisir indicible à entourer comme de barbelés infranchissables pour en interdire l’accès au profane. Au commun des mortels. Pour détourner l’attention et étouffer le débat dans l’œuf ? En tout cas, les données rendues publiques il y a peu par le ministère des Finances sur l’état de la balance des biens et des services, sur le compte courant, le compte capital et le compte financier de la nation laissent l’observateur plutôt perplexe.

En effet, enfermés depuis longtemps dans une bulle de certitude, les Camerounais se sont laissés aller à des discours lénifiants sur une supposée autosuffisance alimentaire de leur pays. S’adossant en cela sur une apparente abondance de denrées sur les marchés locaux. On découvre aujourd’hui, ahuris, qu’en l’espace de quinze ans, les seules importations de riz sont passées de 150.000 à plus de 500.000 tonnes ! Avec, à la clé, l’hémorragie de devises qui accompagne une évolution si erratique de nos échanges. Rien d’étonnant, dès lors, que la balance commerciale de notre pays pour 2009 soit déficitaire de plus de 500 milliards de F. Autre donnée détonante : entre 1996 et 2009, les importations ont quasiment triplé, alors que, à l’inverse, les exportations ne se sont accrues que d’à peine 70 pour cent. En d’autres termes, le Cameroun ne produit pas assez pour nourrir ses quelque vingt millions d’habitants. Ce qui est au mieux paradoxal, au regard du potentiel connu dans ce domaine.

D’aucuns ne manqueront pas d’arguer, à cet égard, qu’une partie de la production agricole nationale est écoulée dans quelques pays de la sous-région. Ou que, par un snobisme de mauvais aloi qui confine à de l’anti-patriotisme, certains compatriotes préfèrent, de manière plus ou moins inconsciente, se détourner de tout ce qui est « made in Cameroon ». Soit. Les faits sont pourtant là, têtus : la prétendue autosuffisance alimentaire du Cameroun est pour le moins factice. Et le président Paul Biya ne s’y est pas trompé dans son discours de prestation de serment le 3 novembre 2004 lorsqu’il soutenait que « nos performances actuelles sont honorables ? mais elles sont susceptibles d’être considérablement améliorées ». Il avait alors préconisé de « nouvelles frontières » pour le développement du pays.

Ceux qui ont en charge de traduire cette vision dans les faits ont-ils seulement compris les enjeux de l’heure ? Il est permis d’en douter. Certes, sont réelles la diversité et la richesse de notre sol à travers ses principales zones agro-écologiques, allant de la forêt tropicale aux immenses cuvettes sahéliennes. De même que l’ardeur au travail des agriculteurs. Reste que la grande politique agricole voulue et édictée par le chef de l’Etat tarde à prendre corps. A l’instar du déficit énergétique qui handicape notre tissu industriel, compromettant ainsi les chances de progrès d’un pays qui aspire à l’émergence dans moins d’une génération. Et qui détient le second potentiel hydro-électrique de toute l’Afrique.

En cause, irrémédiablement, l’inertie dans laquelle s’est laissée engluer la haute administration plus préoccupée, dans l’ensemble, de préserver des situations de rentes que de défendre l’intérêt général. Les séminaires succèdent ainsi aux ateliers sans résultat palpable sur le terrain. Au grand dam du commerce extérieur et des agriculteurs dont certains ne trouvent rien de mieux que d’aller grossir, souvent malgré eux, les rangs des sans-emplois, voire des délinquants dans les grandes agglomérations. Car, en effet, de quel apport peuvent être sur la sécurité alimentaire du pays ces brouettes et machettes qu’on distribue sans conviction, mais à grand renfort de publicité, à des paysans blasés, résignés, avachis ?

L’ère de la daba doit être tenue pour révolue, si l’on a à cœur de se mettre au diapason des « Grandes Ambitions » voulues par le chef de l’Etat. Incontournable, cette exigence commande une réévaluation sans complaisance des méthodes et approches appliquées jusqu’ici afin de rompre avec le confort illusoire d’une routine stérilisante. La consolidation des comptes de la nation et le relèvement du niveau de vie en milieu paysan sont à ce prix. Le rayonnement du Cameroun aussi. Attend-on pour cela que le président de la République s’investisse en personne dans la mise en œuvre d’une politique dont il a pourtant défini clairement les contours ? Plus que jamais, il devient impératif de mouiller le maillot dans une approche novatrice, ambitieuse, globalisante.

 

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