Quand des soupçons de collusion jettent une ombre sur le métier, au risque d’obérer la certification.
«Notre code de déontologie insiste sur l’indépendance. » L’expert-comptable, auteur de ces propos insiste sur la question. Pas de doute, c’est un must dans la profession : qu’il officie comme commissaire aux comptes, expert judiciaire en comptabilité ou comme expert-comptable de manière basique, ce spécialiste de haut vol des chiffres et bilans doit être d’une probité à toute épreuve. Si sa parole, ses avis – dans son domaine s’entend – font foi, c’est aussi en raison de cette présomption d’honnêteté. Seulement, voilà : il arrive que des experts-comptables flirtent dangereusement avec la ligne rouge. Voire la traversent. Travers grave. Péché capital. Avec au bout, comme « honoraires », un séjour en prison.
Oui, des experts-comptables ont fini derrière les barreaux sous nos cieux, il n’y a pas si longtemps. « Ils ont certifié des bilans qui n’étaient pas réguliers, a estimé le juge », rappelle un membre de l’Onecca (l’Ordre national des experts-comptables du Cameroun) basé à Yaoundé. Dans le cadre de l’affaire Sic, par exemple, il a été reproché aux experts d’avoir obtenu des maisons à bas prix et d’avoir effectué des « missions complémentaires ». D’une certaine façon donc, d’avoir joui d’avantages indus, de nature à altérer leur sens de l’impartialité. Pourtant, le code de déontologie sus-évoqué prévoit, entre autres choses, des incompatibilités… L’expert-comptable ne peut agir comme commissaire aux comptes dans une entreprise dont le responsable est son parent, par exemple. Ou dans une société où il est supposé prestataire de services, gagnerait des marchés.
Mais la chronique sociale, on l’a vu, a montré que les concernés ne sont pas aussi blancs que chacun le souhaiterait. Ce qui n’a pas été sans écorner l’image de ces spécialistes de gros calibre. « Forcément, ça déteint. On nous tirait dessus partout », assure le membre de l’Onecca susmentionné, rappelant les affaires dans lesquelles des experts-comptables ont été inquiétés par la justice, puis enfermés. Après une telle actualité, difficile désormais de leur donner le Bon Dieu sans confession. Quid de leur certification cela dit ? Elle garde son importance, sa valeur scientifique. De source bien informée, les banques sollicitent parfois l’avis d’un expert-comptable avant d’accorder leur appui financier à telle ou telle entreprise. « Au tribunal, elle vaut avis d’expert », affirme un concerné. Mais le magistrat n’est pas lié, évidemment.
Alliance NYOBIA