Pour redorer une image parfois écornée, les contrôles internes de l’Onecca sont censés rappeler les membres à l’ordre. Même s’ils sont peu courants.
La profession d’expert comptable doit s’adapter. C’est une évidence. S’adapter aux évolutions de l’environnement, se remettre en cause, tout le temps, face aux mutations technologiques, économiques et l’évolution des affaires dans le monde… « L’expert comptable et le commissaire aux comptes sont appelés à délivrer des labels qualité de l’information financière, en respectant l’éthique », confie Jean-Pierre Okalla Ahanda, de la firme Okalla Ahanda et associés. S’adapter, c’est aussi et surtout mettre l’Ordre aux normes internationales.
On compte environ 150 experts comptables au Cameroun. La profession se rajeunit. De plus en plus de jeunes rentrent dans la profession. Mais une fois fait, ils doivent faire face à plusieurs défis : respect de l’éthique, niveau de vie, crédibilité. «Beaucoup de membres sont en individuel. Il est important de se mettre en réseaux et groupes, pour partager les méthodes et les techniques de travail », affirme Jean-Pierre Okalla Ahanda. Se mettre ensemble n’est-il pas source de tentations de collusions lors des missions sur le terrain ? Okalla Ahanda, qui compte 26 ans dans le métier répond : « L’expert comptable vit dans un environnement camerounais que tout le monde sait. Il a le devoir de se mettre au-dessus de la mêlée. Son travail est de s’assurer que les opérateurs économiques s’enrichissent honnêtement. Ils peuvent même conseiller. Mais ils ne doivent pas faire du business. Ce n’est pas un travail à temps partiel. On est appelés à être des notables irréprochables ».
Et que fait l’Ordre, qui a le souci de protéger ses membres, en cas de dérapage ? Okalla Ahanda, membre influent de l’Onecca estime que ce n’est pas à l’Ordre de dénoncer. « Lorsqu’un client a un problème avec un expert comptable, c’est à ce client de saisir l’Ordre. C’est l’Onecca qui est le plus à même, vu sa connaissance des textes, de sanctionner », affirme-t-il. Mais dans le milieu, l’Ordre n’est pas un procureur. En clair, ce n’est pas à lui de relever les cas de dérapage. Cependant, en amont, le devoir de l’Ordre est de s’assurer que ses membres respectent l’éthique. D’où les contrôles qualité que doit instituer l’Ordre. Une sorte d’audit des cabinets. « C’est censé s’assurer que les cabinets sont bien tenus », estiment les membres de l’Ordre. Selon des sources bien informées, ces contrôles sont malheureusement sporadiques, pour ne pas dire inexistants. D’où les brebis galeuses ? « Je crois que la formation (recyclage) des membres par l’Onecca peut permettre d’éviter les dérives et mieux armer les contrôleurs dans le cadre du contrôle qualité », estime Okalla Ahanda. L’Ordre et ses membres s’en porteraient mieux.
Alain TCHAKOUNTE