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Dossier de la Rédaction

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Expert comptable : Une profession, deux visages

Index de l'article
Expert comptable : Une profession, deux visages
Une expertise variée
Une formation onéreuse et longue
La crédibilité en balance
When Auditors Become Corrupt!
Un corps à la croisée des chemins
Les vertus du contrôle qualité
Ibrahim Hassanou : « Il faut instituer un contrôle qualité»
Toutes les pages

On en parle à l’occasion d’une assemblée générale élective imminente de l’Ordre national des Experts-comptables du Cameroun (ONECCA). Mais en règle générale, ce n’est pas sous les feux des projecteurs qu’on a l’habitude de trouver les professionnels de l’expertise comptable, du commissariat aux comptes et de l’expertise judiciaire. Profession discrète, par essence, l’expertise comptable évolue généralement loin du grand public, avec lequel elle n’a que très peu de contact. C’est donc à la faveur d’une élection du nouveau président et de son bureau prévue ce vendredi que ce corps va occuper les devants de la scène.

Mais ce ne sera pas la première fois. Au cours des dernières années, on a retrouvé des experts comptables mêlés de près ou de loin à des affaires de détournements de deniers et biens publics. Ou de manière générale, en difficulté avec la justice. Ces situations qui, selon les confrères, n’engageaient pas toujours la responsabilité des experts comptables, ont inévitablement porté atteinte à l’image du corps de métier et biaisé la perception de la profession par les profanes. Car pour ceux qui ne connaissaient pas l’expert comptable, il était alors très facile de penser que l’honnêteté n’était pas leur première qualité.

C’est pourtant sur cette vertu cardinale que repose la profession d’expert comptable. Une profession au contact des entreprises lorsqu’il faut dresser les bilans comptables et autres dossiers d’impôts. Leur expertise et leur rectitude sont alors sollicitées pour donner de la crédibilité aux documents comptables. A titre d’illustration, le code général des Impôts stipule que toute comptabilité « doit être certifiée par un expert comptable agréé en CEMAC et inscrit au tableau de l’Ordre, ou être validée par un centre de gestion agréé. » Mais c’est justement là que ça devient intéressant. La posture de l’expert comptable en fait un maillon essentiel de la gestion des entreprises. Ce qui l’expose évidemment à toutes sortes de tentations. Ça vient bien sûr de certains chefs d’entreprise, soucieux de masquer les insuffisances de leur comptabilité ou cherchant à faire valider leurs comptes malgré les irrégularités.
C’est en tout cas, cette proximité avec l’entreprise qui justifie bien des soupçons de collusion. Dans un contexte où la corruption a investi le terrain de la gouvernance, l’expert-comptable joue-t-il son rôle sans se reprocher des choses ? C’est la question qui est souvent posée aux professionnels de ce corps de métier. Et qui, il faut bien s’y attendre, trouvera difficilement une réponse convaincante. Les professionnels s’en défendent évidemment, mais les soupçons sont parfois si fondés que la question reste en suspens.

Tout ceci n’est pourtant que la partie visible de l’iceberg. Car la profession connaît une foule d’autres préoccupations. Elles sont surtout internes, mais déteignent sur l’exercice du métier dans les règles. Elles ont, par exemple, pour noms : transparence, visibilité, formation, rémunération, relations avec les pouvoirs publics… Les chantiers ne manquent pas à l’ONECCA. Dans l’immédiat, ils constituent des dossiers chauds déjà sur le table du futur président et toute l’équipe qui seront prochainement élus.


Une expertise variée

La plus connue est l’expertise comptable, mais il y a également le commissariat aux comptes et l’expertise judiciaire en comptabilité.

Ils sont une centaine au Cameroun. Et les chefs d’entreprise sont les premiers à penser à eux. Surtout en fin d’année, lorsqu’il faut établir les bilans de l’entreprise ou préparer le dossier fiscal. Vous avez bien compris qu’il s’agit des experts-comptables. Mais en plus de ces deux missions, l’expert-comptable est chargé de vérifier les informations financières fournies ou non par le chef d’entreprise, d’auditer les comptes, d’attester la conformité ou de constater les situations financières d’une entreprise. Il a également son mot à dire sur les informations à usage interne ou externe de l’entreprise. Il joue aussi un rôle de conseiller. Pourtant, il ne s’agit-là que de l’une des cordes que ces hommes et femmes ont à leur arc.

L’autre métier de l’expert-comptable, qui reste une personne externe à toute entreprise, est celui de commissaire aux comptes. Une mission légale clairement définie par la loi, notamment l’acte uniforme OHADA (Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique). Le commissaire aux comptes entre en scène dans les entreprises publiques et parapubliques, mais également dans les sociétés privées qui ont atteint l’un de ces seuils : un capital de 10 millions de F, un minimum de 50 salariés ou un chiffre d’affaires de 250 millions de F. Le principal rôle du commissaire aux comptes est l’audit légal des comptes, avec pour objectif de certifier que les comptes présentés respectent la réglementation en vigueur. Un travail divisé en deux volets : le contrôle des comptes et l’alerte. Pour ce qui est de l’alerte, il est question de révéler des faits délictueux, à l’instar des avantages indûment perçus par les administrateurs et les dirigeants. Mais aussi de prévenir des risques de défaillance.
La troisième casquette que peut arborer un expert-comptable est celle d’un expert judiciaire en comptabilité. Il s’agit ici d’une mission confiée par le tribunal, qui consiste en l’analyse des informations financières des entreprises. L’objectif étant d’aider un juge à avoir une idée précise de la situation d’une entreprise en cas de procès. Mais pour en arriver-là, l’expert-comptable doit suivre un chemin d’études assez long, fait de beaucoup de systèmes d’équivalence. Mais de manière concrète, aucun expert-comptable exerçant au Cameroun n’a été formé au pays. Cependant, on commence à voir le bout du tunnel à partir d’un Master II qui donne droit à trois années de stage dans un cabinet. A l’issue de cette formation, le succès à l’examen de révision comptable, à la soutenance d’un mémoire et à un oral devant un jury, peut enfin ouvrir la voie à l’exercice de la profession. Ceci après inscription au tableau de l’Ordre national des experts-comptables.  

Jocelyne NDOUYOU-MOULIOM


Une formation onéreuse et longue

Il faut environ 6 de millions de F et près de 9 ans pour devenir expert comptable.

Valmer Motéo a dû accepter finalement le cruel verdict : il ne sera jamais expert comptable. Au début des années 2000, le jeune bachelier décide de faire carrière dans la profession d’expertise comptable. Il se rend alors à l’Ordre national des experts comptables pour s’enquérir du coût de la formation. On lui avance un chiffre de 400 000 F pour le coût d’un module, et il lui faut valider 13 modules pour obtenir le diplôme français de gestion et de comptabilité. Le calcul est vite effectué. Il n’a pas les moyens pour cela.

Plus tard, lorsque l’université de Douala « ouvre » la filière expertise comptable moyennant 200 000 F pour les frais universitaires, donc 600 000 F pour obtenir le DGC en trois ans, le jeune homme n’hésite pas une seule seconde, il s’inscrit. Malheureusement, la formation s’arrêtera en chemin, en partie à cause de la non participation des experts comptables dans le processus de formation. Mais aussi parce qu’il s’agit d’une formation de pointe, onéreuse et longue. Paul Kwenou, lui, est plutôt passé par les cabinets d’expertise comptable. Mais là aussi, il fallait débourser 400 000 F par an pour cette formation plutôt pratique. Après huit ans passés en cabinet, le jeune homme n’exerce toujours pas, puisqu’il n’est pas expert comptable.

Ces deux exemples suffisent pour démontrer que la formation en expertise reste finalement dédiée uniquement à l’élite. Car, malgré les efforts déployés par le bureau sortant de l’Onecca, un module de formation à l’Intec de Paris, délocalisé à l’Onecca, revient à 300 000 F pour les cours du jour et 275 000 F pour les cours du soir. Et la formation s’étale sur neuf ans. Il faut d’abord valider 13 modules pour obtenir le diplôme de gestion et de comptabilité qui sanctionne les trois premières années d’études. Ensuite, l’étudiant doit réussir à sept autres modules pour obtenir le diplôme supérieur de gestion et de comptabilité et devenir expert comptable stagiaire. Pour ces 20 modules, le parent devra débourser environ 6 millions de Fcfa.

Passés ces cinq ans, l’expert comptable stagiaire va travailler pendant trois ans en cabinet où il est régulièrement rémunéré comme travailleur en même temps qu’il poursuit son stage. A l’issue de celui-ci, son maître de stage atteste que sa formation s’est bien déroulée, et le conseil de l’Onecca lui délivre une attestation de fin de stage. Le candidat devra enfin subir un ultime examen qualifié de final, pour obtenir le diplôme d’expert comptable. Bien après, le plus dur commence. Le jeune diplômé doit pouvoir vivre convenablement de son métier. Or, bien que la moyenne d’âge chez les experts comptables oscille entre 50 et 52 ans, la jeune garde ne parvient pas à s’imposer sur le terrain.

Eric Vincent FOMO


La crédibilité en balance

Quand des soupçons de collusion jettent une ombre sur le métier, au risque d’obérer la certification.

«Notre code de déontologie insiste sur l’indépendance. » L’expert-comptable, auteur de ces propos insiste sur la question. Pas de doute, c’est un must dans la profession : qu’il officie comme commissaire aux comptes, expert judiciaire en comptabilité ou comme expert-comptable de manière basique, ce spécialiste de haut vol des chiffres et bilans doit être d’une probité à toute épreuve. Si sa parole, ses avis – dans son domaine s’entend – font foi, c’est aussi en raison de cette présomption d’honnêteté. Seulement, voilà : il arrive que des experts-comptables flirtent dangereusement avec la ligne rouge. Voire la traversent. Travers grave. Péché capital. Avec au bout, comme « honoraires », un séjour en prison.

Oui, des experts-comptables ont fini derrière les barreaux sous nos cieux, il n’y a pas si longtemps. « Ils ont certifié des bilans qui n’étaient pas réguliers, a estimé le juge », rappelle un membre de l’Onecca (l’Ordre national des experts-comptables du Cameroun) basé à Yaoundé. Dans le cadre de l’affaire Sic, par exemple, il a été reproché aux experts d’avoir obtenu des maisons à bas prix et d’avoir effectué des « missions complémentaires ». D’une certaine façon donc, d’avoir joui d’avantages indus, de nature à altérer leur sens de l’impartialité. Pourtant, le code de déontologie sus-évoqué prévoit, entre autres choses, des incompatibilités… L’expert-comptable ne peut agir comme commissaire aux comptes dans une entreprise dont le responsable est son parent, par exemple. Ou dans une société où il est supposé prestataire de services, gagnerait des marchés.

Mais la chronique sociale, on l’a vu, a montré que les concernés ne sont pas aussi blancs que chacun le souhaiterait. Ce qui n’a pas été sans écorner l’image de ces spécialistes de gros calibre. « Forcément, ça déteint. On nous tirait dessus partout », assure le membre de l’Onecca susmentionné, rappelant les affaires dans lesquelles des experts-comptables ont été inquiétés par la justice, puis enfermés. Après une telle actualité, difficile désormais de leur donner le Bon Dieu sans confession. Quid de leur certification cela dit ? Elle garde son importance, sa valeur scientifique. De source bien informée, les banques sollicitent parfois l’avis d’un expert-comptable avant d’accorder leur appui financier à telle ou telle entreprise. « Au tribunal, elle vaut avis d’expert », affirme un concerné. Mais le magistrat n’est pas lié, évidemment.

Alliance NYOBIA


When Auditors Become Corrupt!

Due to professional malpractices and bribery, some auditors have failed to execute their duties correctly. This has taken some of them to prison.

Hunters have become the hunted! This old adage may tie closely to what seems to be happening with auditors today in the country. The auditing field which was regarded as a profession marked by truth, accuracy and objectivity is today at the centre of controversy in issues of corruption. Instead of being at the forefront in fishing out those involved in corrupt practices, auditors are now entangled in court cases linked to dishonesty. This has put a question mark on the role of auditors as to whether they fully respect the ethics binding the profession.

Just when the government and other bodies are seeking ways to wipe out corrupt practices from the country, by using chartered accountants and auditors whose roles, amongst others, are to verify the data of a structure while determining the accuracy and reliability of  balance sheets  and reports, these accounting dons, who have to act as independent bodies in wiping out intricacies of accounting policies which permit companies or individuals to alter accounts for their benefit are instead working alongside with individuals who are using dubious and corrupt means in managing State money. This might be the case of some chartered accountants who were detained for three weeks at the Yaounde Central Prison in the Kondengui neighbourhood. They are accused of “manipulating with accounting records” in the management of the Crédit Foncier du Cameroun. According to the National Order of Chartered Accountants, these chartered accountants are free to stand before the court and defend themselves.
Some auditors have even gone as far as doing business with a firm they are supposed to audit which is contrary to the norms and principles binding the profession. Such is the case with chartered accountant Claude Bernard Messy, who has been arraigned in the corruption case involving the Cameroon Housing Corporation (SIC), for illicit acquisition of a SIC house and the execution of contracts when he was the auditor of the aforementioned firm.  A Yaounde-based Chartered accountant, Ibrahima Hassanou, says this is serious blow to the independent role an auditor has to play in cross-checking the financial statements of a company. According to him, when an auditor starts carrying out contracts for the company he is supposed to audit, the aspect of independence and objectivity in executing his duties becomes uncertain.

Brenda YUFEH


Un corps à la croisée des chemins

Arrimage à la modernité, renouvellement du corps, exploration de nouveaux marchés, les défis qui interpellent l’Ordre sont nombreux.

56 ans. C’est la moyenne d’âge actuelle dans la profession d’expert comptable au Cameroun. Un chiffre qui souligne plus que tous les discours et démonstrations, la nécessité de renouvellement dans le corps. La formation est, en effet, l’un des grands chantiers en friche. Les pistes envisagées sont à court terme, une ouverture de la profession à d’autres métiers nous confie un expert comptable. Suivant le système de validation des acquis professionnels (VAP) pratiqué en France, par exemple, les spécialistes des comptes d’autres disciplines jouissant d’une longue expérience ou d’un cursus complémentaire, pourraient intégrer les rangs. A moyen terme, l’idée est de pouvoir former des experts comptables sur place mais leur faire délivrer des diplômes en France (principal pays de formation des experts comptables camerounais) en y envoyant corriger leurs examens.

Au-delà du problème de renouvellement, l’évolution des textes qui régissent la profession est un impératif absolu. Aujourd’hui, entre les exigences de l’Ifac, organisme international auquel l’Onecca est affilié, et les nécessaires adaptations à l’évolution des pratiques, ce chantier conditionne les autres. Pour l’instant, des textes révisés attendent encore un passage à l’Assemblée nationale. Le prochain bureau devra particulièrement suivre ce dossier.

Par ailleurs, avec « l’ouverture » de la certification de la déclaration statistique et fiscale (Dsf) qui n’est plus le monopole des experts comptables, beaucoup de bureaux ont perdu des parts de marchés. D’où l’urgence, indique un candidat, d’explorer de nouveaux marchés. Avec la décentralisation, les communes pourraient constituer ce nouveau marché, l’Etat devenant plus regardant sur la gestion des ressources transférées. Mais cela demandera justement l’établissement de nouvelles normes pour ce type d’institutions. A côté de cela, les questions liées à la transparence, l’éthique, la lutte contre la corruption, continueront à constituer des chevaux de bataille de l’Ordre.

Eric ELOUGA


Les vertus du contrôle qualité

Pour redorer une image parfois écornée, les contrôles internes de l’Onecca sont censés rappeler les membres à l’ordre. Même s’ils sont peu courants.

La profession d’expert comptable doit s’adapter. C’est une évidence. S’adapter aux évolutions de l’environnement, se remettre en cause, tout le temps, face aux mutations technologiques, économiques et l’évolution des affaires dans le monde… « L’expert comptable et le commissaire aux comptes sont appelés à délivrer des labels qualité de l’information financière, en respectant l’éthique », confie Jean-Pierre Okalla Ahanda, de la firme Okalla Ahanda et associés. S’adapter, c’est aussi et surtout mettre l’Ordre aux normes internationales.

On compte environ 150 experts comptables au Cameroun. La profession se rajeunit. De plus en plus de jeunes rentrent dans la profession. Mais une fois fait, ils doivent faire face à plusieurs défis : respect de l’éthique, niveau de vie, crédibilité. «Beaucoup de membres sont en individuel. Il est important de se mettre en réseaux et groupes, pour partager les méthodes et les techniques de travail », affirme Jean-Pierre Okalla Ahanda. Se mettre ensemble n’est-il pas source de tentations de collusions lors des missions sur le terrain ? Okalla Ahanda, qui compte 26 ans dans le métier répond : « L’expert comptable vit dans un environnement camerounais que tout le monde sait. Il a le devoir de se mettre au-dessus de la mêlée. Son travail est de s’assurer que les opérateurs économiques s’enrichissent honnêtement. Ils peuvent même conseiller. Mais ils ne doivent pas faire du business. Ce n’est pas un travail à temps partiel. On est appelés à être des notables irréprochables ».

Et que fait l’Ordre, qui a le souci de protéger ses membres, en cas de dérapage ? Okalla Ahanda, membre influent de l’Onecca estime que ce n’est pas à l’Ordre de dénoncer. « Lorsqu’un client a un problème avec un expert comptable, c’est à ce client de saisir l’Ordre. C’est l’Onecca qui est le plus à même, vu sa connaissance des textes, de sanctionner », affirme-t-il. Mais dans le milieu, l’Ordre n’est pas un procureur. En clair, ce n’est pas à lui de relever les cas de dérapage. Cependant, en amont, le devoir de l’Ordre est de s’assurer que ses membres respectent l’éthique. D’où les contrôles qualité que doit instituer l’Ordre. Une sorte d’audit des cabinets. « C’est censé s’assurer que les cabinets sont bien tenus », estiment les membres de l’Ordre. Selon des sources bien informées, ces contrôles sont malheureusement sporadiques, pour ne pas dire inexistants. D’où les brebis galeuses ? «  Je crois que la formation (recyclage) des membres par l’Onecca peut permettre d’éviter les dérives et mieux armer les contrôleurs dans le cadre du contrôle qualité », estime Okalla Ahanda. L’Ordre et ses membres s’en porteraient mieux.

Alain TCHAKOUNTE


Ibrahim Hassanou : « Il faut instituer un contrôle qualité»

Ibrahim Hassanou, vice-président de l’Onecca et candidat à la présidence de l’Ordre.

Quels sont aujourd’hui les grands chantiers qui vont interpeller le prochain bureau de l’Ordre des experts comptables ?

L’un des problèmes principaux du moment est la refonte des textes.  Le projet de réforme est actuellement à la présidence en vue de passer à l’Assemblée nationale et pouvoir éventuellement être amendé et promulgué. Il faut savoir que les experts comptables font un service public parce que la comptabilité ou la certification des comptes devraient relever de l’Etat. Et l’Etat nous a donné une concession de ce service public. La dernière loi sur la profession date de 1985 et le décret de 1992. L’Ordre fait partie d’un organisme international de comptabilité qu’on appelle l’Ifac, qui nous a demandé de revoir en détail ces textes-là, parce qu’ils ne correspondent plus à ce que l’Ifac voudrait. La gouvernance doit changer. Il y a un contrôle qualité et une discipline qui doivent être institués car nos textes ne prenaient pas en compte ces éléments. Quelle que soit la personne qui prendra la tête du bureau de l’Onecca ce vendredi, elle va devoir suivre en urgence ce dossier. En ce qui me concerne, j’en ai fait ma priorité parce que les textes conditionnent tout le reste.

On parle de dérives dans la profession, avec la complicité qu’entretiennent les experts comptables et les dirigeants des entreprises pour lesquelles ils travaillent. Comment cette question sera-t-elle traitée ?
Il y a un code de déontologie qui existe. Mais entre effectivement l’existence d’un texte et son application, il y a souvent un petit décalage. Maintenant, compte tenu de notre affiliation à l’Ifac, on n’a plus le choix. Tous les problèmes que vous évoquez se sont posés jusqu’à présent parce que les textes ne sont pas respectés comme ils devraient l’être. En réalité, on n’a pas besoin d’un code de déontologie pour savoir que telle ou telle chose n’est pas bien et ne doit pas être faite. C’est pour cela que l’Ifac a insisté pour que le nouveau code de déontologie mette en place un certain nombre de sanctions claires et précises. Et que ces sanctions soient non seulement appliquées mais publiées. Il ne faut pas perdre de vue que tous ces textes ont été fait au moment où l’Ordre avait 20 ou 30 personnes. Aujourd’hui on est 150.

Les experts comptables sont aujourd’hui à l’avant-garde du combat de lutte contre la corruption. Comment comprendre alors que leurs travaux ne puissent être rendus publics comme gage de transparence et de bonne gouvernance ?

Ce problème de communication et de transparence est réel.  Quand vous certifiez les comptes d’une entreprise, c’est la personne qui vous demande la certification qui en fait ce qu’elle veut. Ce n’est pas à vous de diffuser. La loi le prévoit. Il existe des dispositions OHADA très précises sur ce genre de choses. On a, par exemple, un document qu’on appelle dans le cas du commissariat aux comptes, le rapport article 715 qui est destiné uniquement au conseil d’administration. Maintenant si le conseil d’administration veut, il le rend public. On a alors le rapport général qui est destiné à l’assemblée générale. C’est à elle de juger l’opportunité ou pas de le publier. Il y a également un élément fondamental qui ne relève malheureusement pas de nous, c’est la publication des comptes. Cette forme OHADA qui existe depuis 1988 prévoit que les entreprises qui ont atteint un certain niveau, notamment les sociétés anonymes, doivent publier leurs comptes au greffe du tribunal. Et ces comptes en principe devraient comprendre la certification que nous faisons. Mais à la date d’aujourd’hui le greffe n’est pas outillé pour recevoir ces documents.  Là encore, la mise en œuvre dépend du ministère de la Justice. Cela dit, nous avons l’obligation de saisir le parquet chaque fois que nous découvrons des irrégularités ou des preuves de détournements dans les comptes, quitte à ce que ce soit à eux de voir si une instruction doit être ouverte ou non. Et dans le même ordre d’idées, des partenariats sont en train d’être peaufinés avec l’Anif ou encore la Chambre des comptes pour que nous participions pleinement à ce combat contre la corruption.

Propos recueillis par EE

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