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Dossier de la Rédaction

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Yaoundé: les laveries de voitures prennent un nouveau visage

Le recasement des laveurs déguerpis du centre ville a amené de nouvelles pratiques dans l’activité, dont l’organisation commence à faire des émules.

Une centaine d’ex-laveurs de voitures clandestins et autres enfants de la rue rassemblés dans un espace marqué de la touche du délégué du gouvernement, Gilbert Tsimi Evouna, ça donne la laverie municipale de Yaoundé. Une grande surface annexe à la voirie municipale, où jeunes et moins jeunes œuvrent dans une ambiance de fourmilière à décrotter, savonner, laver et astiquer des véhicules.

L’on se croirait dans une sorte d’usine en plein air, sans clôture, ou plutôt, sur une aire de jeu. Sauf qu’ici, les quatre équipes en maillots rouge, jaune, noir et bleu, en action sur le terrain, sont loin de vouloir s’affronter. Chaque laveur arbore ainsi un maillot numéroté et une paire de bottes estampillés de son nom. Le principe, « c’est l’entente. On se met à deux ou trois pour satisfaire plus rapidement le client. Et les chefs de blocs sont chargés d’y veiller. L’on ne s’occupe seul d’un véhicule que lorsqu’il y a saturation de la clientèle», révèle François Jules Mbarga Biyinah, chef du secteur B.

Le travail à la laverie municipale est en effet organisé en deux secteurs A et B, sous les ordres du régisseur. Chaque secteur est constitué de deux blocs, coiffés par des chefs. Et les travailleurs de chaque bloc arborent la même couleur de maillots. Il y en a quatre, aux couleurs bleu et rouge pour le secteur A et les noires et jaunes pour les blocs du secteur B. Selon Jean Ecard Nkouomb, chef du secteur A, ces maillots « permettent aux clients d’identifier le laveur en cas de problème. Il y a souvent des cas de réclamation. Certains laveurs ont même déjà été renvoyés pour avoir voulu salir l’image de la laverie en volant par exemple des bons de carburant. Lorsqu’il y a des preuves tangibles contre le laveur, il est exclu et peut être poursuivi en justice. Et nous faisons tout pour dédommager le client.» Les responsables ont le devoir d’amener tous les laveurs à se conformer aux règles de travail en commun. La tâche est plutôt ardue, au regard du milieu d’où proviennent les employés. Il s’agit pour la plupart de jeunes qui s’employaient à nettoyer les véhicules au centre ville. Ils étaient alors considérés comme des enfants de la rue, des débrouillards ou des voyous. D’autres ont un casier judiciaire chargé. Mais entre ex-compagnons de galère ou d’indélicatesses résolues à gagner désormais leur vie par des procédés honnêtes, le changement positif arrive progressivement. L’ordre est assuré par l’application des textes du délégué du gouvernement, réglementant le recrutement, les tarifs en vigueur et la discipline. Ce dernier texte proscrit par exemple le vol, la bagarre, l’injure, les jeux de hasard, et les sanctions vont du blâme à l’exclusion définitive. De plus, l’assiduité est également de mise. Il est interdit de s’absenter plusieurs jours, au risque de passer devant le conseil de discipline au retour.

Entente

La mise sur pied de ce projet de la CUY s’est faite dans la tension. Tout part d’un conflit entre agents municipaux et laveurs clandestins de voitures au centre ville en 2008. La municipalité avait alors proscrit leur pratique jugeant que les détergents utilisés dégradent la chaussée. Après avoir joué au chat et à la souris plusieurs mois durant, les deux parties ont trouvé un consensus. La CUY a finalement aménagé une plateforme pour recaser une centaine de ces laveurs, à proximité de la voirie municipale. Ce sont deux surfaces d’environ 25m² pouvant accueillir chacune plus d’une trentaine de voiture à la fois. Ils sont séparés par un bâtiment qui fait office de restaurant. A l’intérieur, une douzaine de femmes proposent divers menus et de la boisson. Le prix du plat varie entre 500 et 1000 F. Une source de satisfaction pour les laveurs et clients.

Pas besoin de passer un concours pour bénéficier de tous ces avantages. La laverie est ouverte à tous, si l’on en croit Jean Ecard Nkouomb. Il suffit juste de déposer un dossier et présenter ses accessoires de travail (paire de botte, maillot, seaux, brosse, serviette). Ensuite, l’on peut gagner sa vie, au prix d’un effort quotidien personnel, en versant 350 F par jour à son chef de secteur, pour la CUY. Un impôt jugé raisonnable par Jean Lucky Atchok Atchok, laveur. Mais il dénonce la dictature des responsables. «Nous n’avons que des devoirs, pas de droits. Ici on nous impose tout. Les prix pratiqués pour le lavage des véhicules ne nous conviennent pas. Et nous n’avons pas la preuve que ce que nous versons pour la Communauté urbaine arrive effectivement dans ses caisses », grogne-t-il. Il reconnaît toutefois l’évolution apporté à sa vie depuis son arrivée en 2008. « Nous sommes plus à l’aise que lorsque nous étions en route. Aujourd’hui je me suis déjà responsabilisé. J’ai une femme et un enfant à charge. Et je prends toujours le temps de bien faire mon travail pour fidéliser ma clientèle», ajoute-t-il. La toilette du véhicule se fait selon une grille de prix fixée par la CUY selon le type de véhicule et afficher au mur. Les montants vont de 350 F pour les motos à 5000 f pour les semi-remorques et bulldozer (5000 F), en passant par les corbillards, car, voitures personnelles (1000 F) et les taxis (500 F). Au total, les recettes journalières engrangées par les chefs de secteurs s’élèvent à près de 21 000 F, constituées essentiellement des modiques versements des laveurs.

Côté clients, un air de satisfaction se dégage également. « Cet endroit est tranquille maintenant. On n’a plus peur comme avant que l’arrivée de la police engendre la débandade comme avant. Les laveurs s’arrangent à bien nettoyer, malgré le fait qu’ils puisent l’eau dans le Mfoundi. Le délégué du gouvernement a vraiment eu une bonne idée pour ces enfants », observe Paul Boyomo Aloume, chauffeur.

Seul hic, l’organisation ici ne prévoit pas encore de système d’avancement d’échelons ou de grade. De même, on est encore loin de la taylorisation qui prévaut dans des usines. Mais l’expérience vaut son pesant d’or, pour ces laveurs qui pour la plupart croyaient avoir tout perdu.


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