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Dossier de la Rédaction

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Bâtir un destin viable

Jeudi dernier devant la 65e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le président Paul Biya a réitéré son plaidoyer pour une intégration effective et optimale de l’Afrique dans la société mondiale  « Notre continent a été longtemps traité, si j’ose dire, en objet des relations internationales. Il est pourtant directement concerné par la plupart des grands problèmes qui se posent à l’humanité d’aujourd’hui, qu’il s’agisse des flux migratoires, du réchauffement climatique, de la régulation économique et financière, du tourisme, etc.» a-t-il déclaré. Et d’ajouter pour le déplorer : « il est parfois la victime de phénomènes où sa responsabilité n’est pas engagée ».

Ces propos du chef de l’Etat méritent d’autant plus qu’on s’y attarde que, à l’observation, rien ou alors pas grand’chose ne semble indiquer que l’Afrique pourrait devenir, ne serait-ce qu’à moyen terme, un sujet à part entière des relations internationales. En effet, le continent africain est plus abordé aujourd’hui comme un champ de mission, un champ d’intervention, un champ d’expérimentation que comme un acteur à part entière de la société internationale. C’est pour cette raison que ses positions sur des sujets concernant le «village planétaire » sont rarement sinon pas du tout prises en compte, il en est de même de ses intérêts.

Le traitement de l’Afrique comme objet des relations internationales n’est pas le fait du hasard. Cette logique repose sur un fondement historique. L’Afrique a été dominée politiquement, économiquement, militairement et même culturellement pendant de longs siècles d’esclavage et de colonisation. Au point que certains acteurs des relations internationales continuent à la considérer comme un continent inférieur qu’ils se refusent de placer au même niveau que ses « maîtres » d’hier. Parlant récemment de la manière dont les Africains sont perçus, Alain Didier Olinga, enseignant à l’Institut des relations internationales du Cameroun relevait qu’« il y a une part d’inconscient psychologique dans les relations internationales, qui empêche de poser un regard normal sur l’Afrique. De nombreux clichés et préjugés plus forts que la réalité font que l’Afrique a beau changer et faire des efforts, les autres ne modifient pas le regard qu’ils posent sur elle. Ce regard reste celui du rapport de puissant à faible, de civilisé à barbare, de dominant à dominé, de riche à misérable. Résultat, l’Afrique est toujours traitée comme un enfant des relations internationales ».

Certes, le fait que l’Afrique soit considérée comme un objet des relations internationales est en partie imputable aux autres, mais le continent noir est pour une large part responsable de la situation aujourd’hui décriée. Le président Paul Biya l’a reconnu, jeudi dernier, à la tribune onusienne lorsqu’il a déclaré «Coté africain, nous avons accumulé trop de handicaps au cours de l’histoire : esclavage, colonisation, dépendance économique, conflits internes et externes et sans doute aussi que nous avons manqué de rigueur et d’esprit de suite ». S’agissant du manque de rigueur, les participants à la Conférence internationale de Yaoundé « Africa 21 » organisée en mai dernier à l’occasion de la célébration des cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification du Cameroun ont relevé pour le déplorer que l’Afrique est encore confrontée à de nombreux problèmes qui ternissent son image de marque : la bonne gouvernance n’est pas la chose la mieux partagée, les ressources humaines sont trop souvent mal utilisées, les ressources matérielles sont mal gérées… Pour inverser cette tendance, ils ont invité les Africains à procéder à un auto-ajustement.

Le traitement de l’Afrique comme objet des relations internationales ne saurait donc être une fatalité. Pour que ce continent devienne acteur à part entière des relations internationales, deux actions majeures mériteraient d’être menées. D’abord les Africains doivent travailler à subvertir la vision qu’on a d’eux, ensuite ils doivent subvertir l’ordre international notamment en étant plus solidaires dans l’action, plus cohérents et conséquents dans leurs stratégies et plus pertinents dans leurs propositions.

Il s’agit donc pour l’Afrique comme le suggère le Pr. Alain Didier Olinga « de se construire en acteur réel, incontournable, voire in-oubliable de la scène internationale et, ce faisant d’imposer sa réalité et ses intérêts aux autres ». C’est un passage obligé dans la perspective d’une véritable émergence du continent.

 

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