Les visites croisées de personnalités de très haut rang entre le Cameroun et le Nigeria – Goodluck Jonathan était accompagné en mai dernier à Yaoundé des anciens présidents Olusegun Obasanjo et Yakubu Gowon – traduisent la continuité dans l’acceptation par les deux parties de l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) dans l’affaire Bakassi et de l’accord de Greentree, malgré le changement intervenu à la tête de l’Etat nigérian, suite au décès du président Umaru Yar’Adua. C’est la mise en œuvre de cet arrêt et de cet accord qui ont permis, il convient de le rappeler, la tenue le 14 août 2008 à Calabar (Nigeria) de la mémorable cérémonie de retrait de l’administration et des forces de police nigérianes de la presqu’île de Bakassi, ainsi que du transfert d’autorité au Cameroun.
La position du président de la République fédérale du Nigeria, il convient de le relever pour s’en féliciter, s’inscrit en droite ligne du vœu exprimé par son homologue camerounais, dans un message radiotélévisé à la Nation le 21 août 2008, une semaine jour pour jour après la cérémonie de Calabar. « Le Cameroun et le Nigeria se doivent désormais de tout mettre en œuvre pour consolider le règlement intervenu et saisir les opportunités qui s’offrent à eux pour développer leurs relations dans tous les domaines », avait déclaré Paul Biya.
S’agissant des opportunités qui s’offrent au Cameroun et au Nigeria pour parfaire leurs relations d’amitié et de coopération, elles sont nombreuses et pourraient être focalisées dans un premier temps sur trois points : les affaires, la culture et le sport. Avec près de 150 millions d’habitants, le Nigeria est un vaste marché que les opérateurs économiques camerounais pourraient explorer avec profit. Tandis que le Cameroun, poids lourd de l’Afrique centrale, constitue, pour sa part, un atout pour les investisseurs nigérians. S’agissant des échanges culturels et sportifs, ils devraient également être bénéfiques aux deux pays, étant donné qu’ils regorgent d’artistes et de sportifs de renom. Parlant des relations entre le Cameroun et le Nigeria dans son message du 21 août 2008, le président Paul Biya a dit qu’elles étaient promises à un bel avenir, c’est pourquoi il a encouragé la promotion des échanges entre les deux parties. « Voués par l’histoire et la géographie à vivre ensemble, unis par des liens multiples ancrés dans une communauté de culture, les peuples nigérian et camerounais ont toutes les raisons possibles de promouvoir des rapports d’amitié et de coopération mutuellement bénéfiques », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « J’entends en ce qui me concerne y apporter mon entier soutien ». La construction en cours de la route Mutengene – Kumba – Mamfe – Ekok – Abakiliki devant relier le Cameroun au Nigeria contribuera à renforcer les échanges en tous genres entre les deux pays.
L’autre secteur et non des moindres qui mérite d’être renforcé dans le cadre de la coopération bilatérale, c’est la sécurité, notamment dans le Golfe de Guinée, où des bandits armés tentent de dicter leur loi. En renforçant la collaboration entre leurs forces de défense et de sécurité, le Cameroun et le Nigeria lutteront plus efficacement contre le grand banditisme dans cette zone qui est l’objet de nombreuses convoitises.
Au total, Camerounais et Nigerians devraient profiter de la nouvelle ère de paix et de fraternité qui s’est ouverte dans leurs relations, pour mener, main dans la main, les combats du développement qui les concernent tous.
