En cette époque là, les Lions Indomptables étaient en reconstruction – comme aujourd’hui – après le traumatisme de la Coupe d’Afrique des nations de 1972. L’échec de la CAN 2010 et la déroute lors de la première Coupe du monde organisée en Afrique ont amené les autorités en charge du football, ministère et fédération, à entreprendre la refondation du football camerounais. Presque toutes les composantes ont été ainsi touchées : le management du développement (création et mise en action de la DTN), l’assainissement de l’environnement administratif, le renouvellement de l’encadrement technique, etc. Et comme pour accompagner toutes ces réformes, les Lions Indomptables ont produit deux performances jugées globalement positives, contre la Pologne en amical et l’Ile Maurice en éliminatoires de la CAN 2012. Et puis, il y a ce match nul de Garoua qui vient rappeler à tous que l’édifice est encore fragile. Que les Lions Indomptables sont manifestement loin des sommets qu’ils ont côtoyés.
Loin des sommets ? Logiquement ! On y parvient au prix d’un travail de fond. Et non en un tour de main ou en deux passements de jambes. C’est ce travail de fond que le nouveau staff d’encadrement est appelé à réaliser. En même temps que les Camerounais, habitués aux premières places, attendent les résultats, avec la manière en prime. Comme si on demandait à un entrepreneur d’effectuer des travaux lourds de réhabilitation d’un logement sans que les locataires en sortent une seule seconde.
Javier Clemente et ses adjoints n’ont pas la latitude de leurs collègues de 1975. Ils ne peuvent pas se permettre de faire l’impasse sur les éliminatoires de la CAN 2012. A eux de profiter de toutes les opportunités que leur offre le calendrier FIFA pour organiser des regroupements. A l’intérieur comme à l’extérieur. Ils ont certainement besoin de dénicher des perles rares. Celles sur lesquelles chaque nouvel entraîneur s’appuie pour reconstruire. Ils ont aussi et surtout besoin de trouver des relais crédibles sur le terrain pour passer les messages et poser leur marque sur l’équipe.
Mais le staff technique aura besoin, dans sa tâche, que les autres intervenants (ministère et fédération principalement) aient soldé les mauvais comptes psychologiques de la CAN et de la Coupe du monde 2010. Des joueurs ont certes été mis à l’écart. Mais on croit encore apercevoir, dans le jeu, des lignes de fracture des fameux clans.
A bien y regarder, les démons de ces échecs hantent encore la tanière des Lions Indomptables. Le chemin de la gloire passe par cet exercice nécessaire et désormais urgent d’exorcisme. Afin que les esprits se libèrent et s’apaisent. Et que les jambes soient moins lourdes. Et que les supporters investissent à nouveau toute leur confiance dans leurs valeureux champions.
