Les structures d’Elecam et les partis politiques ont à briser la résistance de la population électorale.

« Je suis obligée d’aller de maison en maison pour inscrire les gens ». Les propos de Valérie Baadiele, chef d’antenne communale d’Elecam de Kar-Hay, dans le département du Mayo-Danay illustrent bien la difficulté qu’ont les responsables d’Elecam à conduire les opérations d’inscription sur les listes électorales. Les chiffres communiqués récemment par le Délégué régional d’Elecam pour l’Extrême-Nord, Adji Massaou, sont certes encourageants mais très loin du compte. Au 06 octobre 2010, seules 5 937 personnes s’étaient inscrites sur les listes électorales. La situation varie d’un département à l’autre. Le Diamaré arrive en tête avec 1 475 inscrits, suivi du Mayo-Danay (1 250) et du Mayo-Kani (1 200). Viennent ensuite le Mayo-Tsanaga avec 968 inscrits, le Logone et Chari (754) et le Mayo-Sava ferme la queue avec seulement 290.

Pour une population électorale de la région estimée à plus d’un million de personnes et pour une campagne lancée voici deux mois, il y a fort à parier que les responsables d’Elecam et ceux des partis politiques doivent rivaliser d’ingéniosité et d’inventivité pour convaincre les populations qui ne se bousculent pas devant les postes d’inscription. Il faut avant tout vaincre l’inertie de l’électorat jeune pour qui le processus électoral reste encore une question périphérique par rapport à leurs priorités de l’heure. L’opération actuelle concerne justement cette catégorie d’électeurs potentiels. Il faut également briser la méfiance que continuent d’entretenir les militants de certains partis politiques vis-à-vis d’Elecam. Ces derniers veulent voir cet organe afficher de manière ostensible son indépendance vis-à-vis de l’administration et prendre ses distances vis-à-vis de certains milieux politiques. La franche collaboration de certains sous-préfets est aussi recommandée. Ces derniers détiennent d’importantes données telles les cartes de répartition spatiale de leurs populations. Ces informations sont nécessaires pour la constitution des bureaux de vote.

Il restera donc à Elecam de se doter des moyens adéquats pour rallier toutes les localités de l’arrière-pays. En cette période des pluies, le travail des antennes communales reste confiné aux chefs-lieux des arrondissements. Le mobilier de bureau acquis n’est pas jusqu’à présent acheminé au niveau de toutes les antennes pour cause de routes coupées. Les commissions de révision des listes électorales récemment constatées par le Directeur général d’Elecam attendent elles aussi des appuis pour descendre dans l’arène. Pour l’heure, Elecam se bat encore seule pour la mobilisation de l’électorat. Les radios communautaires sont mises à contribution pour relayer les messages traduits dans toutes les langues locales. Selon le délégué régional d’Elecam pour l’Extrême-Nord, certains moyens logistiques, tels que les motos tout-terrain sont annoncés pour augmenter les capacités d’action des structures de base. De même, le renforcement progressif de ces chevilles ouvrières en personnel d’appui, permettra sans s doute à l’organe d’améliorer son score actuel.