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Dossier de la Rédaction

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Tentation anarchiste

 On croirait presque rêver. Pensez donc : un usager de la route pris en flagrant délit est sanctionné par l’autorité compétente. Et comme il est de règle pour tout acte administratif, cette sanction fait l’objet d’une publicité conséquente, puis notifiée à l’intéressé dans les formes convenues. Or, voilà que le mis en cause, passant outre l’interdiction formelle à lui faite d’exercer ses activités pendant une période donnée, trouve, bénéficiant de complicités diverses, à les poursuivre benoîtement, sans coup férir. Le cœur et la conscience apparemment légers. Pour narguer l’Etat, ceux qui l’incarnent et les actes que ces responsables ont été ramenés à prendre dans le souci justifié de garantir un minimum de cohésion sociale.

Inscrire une démarche aussi hérétique dans le simple registre car, à la vérité, cette grossière tentative de tromper la vigilance des agents chargés du contrôle de la légalité participe d’une volonté plus subtile et destructrice de contrecarrer, d’inhiber l’autorité de l’Etat. Et, peut-être même, transformer progressivement le Cameroun en pays de non-droit, où l’anarchie serait la règle, la loi l’exception. Plus que dans les autres domaines de la vie nationale, la route se présente comme le laboratoire par excellence où s’applique cette dangereuse dérive. Avec, il faut le déplorer, une complicité plus ou moins passive des pouvoirs publics, pourtant garants de l’intérêt général.

Quelle est, en effet, de nos jours la proportion d’automobilistes qui prennent encore soin de se mettre en conformité avec la législation routière ? Et d’ailleurs, est-il vraiment nécessaire de s’imposer de contraintes en tout genre à autre une petite… dîme ? Les choses sont claires : tu paies, tu passes. Peu importe la gravité de l’infraction (surcharge, excès de vitesse, défaut de permis de conduire, activités dangereuses sur la chaussée, etc.). Au point que nos routes s’apparentent à une véritable jungle où les acteurs les plus grotesques s’érigent en caïdes qui s’autorisent tout. Y compris les attitudes et initiatives les plus répréhensibles. Le tout dans une impunité ahurissante.

Sur ce registre, a-t-on idée des nombres et de la qualité des automobilistes qui ignorent au quotidien les panneaux, feux de signalisation et autres consignes de sécurité dans nos principales métropoles ? Ne parlons même pas de ces petits engins à deux routes qui se sont imposés à notre univers ces dernières années en foulant aux pieds toutes les règles et dispositions pertinentes du code de la route. Au point de devenir, suivant les statistiques les plus fiables, une urgence de santé publique. Et ce sure le terrain de la tolérance administrative. Comment rétablir l’ordre demain sans donner le sentiment d’une injustice sociale, d’une atteinte au droit à la « débrouillardise », voire tout simplement aux droits de l’homme ?

En d’autres temps, il était admis que « la peur du gendarme est le commencement de la sagesse ». Et aujourd’hui alors ? Encore faut-il savoir si le gendarme inspire toujours cette peur républicaine qui seule peut permettre de bâtir des sociétés fortes, solidaires, tournées vers le progrès collectif dans la paix et l’harmonie. C’est ici et maintenant qu’il faut engager le retour vers ces repères sociaux que nous n’aurons jamais dû perdre. A moins d’opter, à plus ou moins brève échéance, pour un suicide collectif.

 

 

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