Dans son dernier livre, Joseph Bomda fait le constat du malaise de l’orientation scolaire au Cameroun.
« Interpellatifs et suggestifs ». C’est en ces termes que Joseph Bomda qualifie ses exposés. Des exposés présentés en six chapitres dans son dernier essai sur l’Orientation-conseil scolaire, universitaire et professionnelle. Au bout de 63 années d’existence (à la date de parution du livre), fait-il remarquer, cette pratique, pourtant encadrée par une kyrielle de textes, « a mal et vit mal au Cameroun» (p.59). C’est une histoire jalonnée de textes qui, parfois, entretiennent des flous juridiques, sous le regard complice de l’administration. Prêtant le flanc à une imagerie populaire réfractaire au déploiement de l’orientation-conseil sur le terrain, et pire encore, « prescriptrice et organisatrice des attitudes (négatives) à l’endroit du Conseiller d’orientation (CO) » (p.93), conditionnant la gestion de celui-ci au niveau administratif et financier. Un quotidien de frustrations tant dans sa relation avec ses partenaires (enseignants, administration scolaire, parents…) que dans sa gestion : absence de profil de carrière, injustice dans la rémunération. Sinon, s’interroge l’auteur, comment expliquer que, le CO, nanti du Bac + 5 « ait un salaire qui insulte son niveau académique et ses compétences professionnelles, alors que dans le même temps, son égal (professeur des lycées d’enseignement général, NDLR) et son cadet (professeur des collèges d’enseignement général, NDLR) indiciaires soient mieux rémunérés ? » (p. 91).
Voilà qui relance le débat. Le CO est-il un luxe pour le système éducatif camerounais ? Tout porte à le faire croire. Pourtant Joseph Bomda a son idée sur le sujet. Il situe les niveaux de responsabilité en commençant par le CO lui-même, relève les éléments de démotivation, pour dire ce que devrait être ce triple expert de l’éducation (psychologue scolaire, psychopédagogue et orienteur) (chapitre 5). En fin de compte, retient-on, l’orientation-conseil scolaire, universitaire et professionnelle a beaucoup à apporter au pays. Et davantage dans un contexte où se pose un réel besoin d’adéquation formation/emploi, pour répondre aux objectifs de développement que s’est fixé le pays. Mais à condition que certaines mesures soient prises, tant au niveau du recrutement et de la formation de ce professionnel, qu’à celui de sa gestion administrative et financière entre autres. Tout est dit peut être dans cet ouvrage riche en preuves, en anecdotes et en références. Sauf qu’on pourrait taxer l’auteur d’un peu passionné, sans doute est-il trahi par son appartenance au corps.
