On ne manquera pas de louer la mobilisation des pouvoirs publics chiliens, sans laquelle cet heureux dénouement qui arrache des larmes de joie aux familles, n’aurait peut-être pas eu lieu. D’autant que des mineurs continuent de crever dans des conditions parfois identiques, sans qu’au-delà de leur cercle familial, le monde s’en émeuve outre mesure. Cela perdure depuis le début de la révolution industrielle il y a plus de deux siècles. Laquelle impose encore à l’homme de fouiner dans les entrailles de la terre, pour la collecte de minerais. C’est que cette activité si profitable à la civilisation, l’est autant périlleuse pour les mineurs.
Les cris de cœur d’écrivains, à l’instar d’Emile Zola ou de Peter Abrahams qui, dans « Germinal » et « Rouge est le sang des Noirs », racontent le sordide destin de ces hommes dans les mines françaises pour l’un, sud-africaines pour l’autre, en a sans doute ajouté à l’instruction de l’humanité. Sans pour autant que dans toutes les mines, la sécurité des travailleurs ait relégué au second plan, les profits des exploitants. Pour le cas du Chili, l’on relève effectivement que la sécurité des mineurs a régressé avec la privatisation des exploitations. En conséquence, Florencio Avalos, le premier sorti de terre, et ses camarades d’infortune dans la mine de San José, ont payé chère la rançon de leur célébrité aujourd’hui assise : 68 jours de réclusion, après avoir risqué leur vie au quotidien.
Bien plus que sur le profit politique qu’en tire le président chilien, il convient de souligner ce respect pour la vie qu’aura manifesté ce chef d’Etat, à travers le secours apporté aux infortunés.
A la suite de la super médiatisation de cette opération, l’exemplarité des ces hommes ne sera établie que si leur calvaire donnait un supplément d’âme aux magnats qui exploitent leur force de travail pour s’enrichir. Il faudrait, en effet, que ce soit l’occasion d’une prise de conscience, pour que partout dans le monde, la sécurité et la vie dans les galeries souterraines soient une priorité. Comme dans toute société évoluée où le développement ne se bâtit pas au prix du sang.