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Jean Bikoko Aladin parti pour l'éternité

Index de l'article
Jean Bikoko Aladin parti pour l'éternité
Le roi est mort
Décès d’une fille de Jean Bikoko
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Le "génie de la guitare" a été inhumé samedi à Eséka après avoir été élevé au rang de Chevalier de l’ordre national du mérite camerounais.



Pour son dernier show, Jean Bikoko fait encore courir les foules. Et c’est là, à l’esplanade de la gare d’Eséka que la scène est dressée. Peu avant 16h samedi, Ama Tutu Muna, représentante personnelle du chef de l’Etat rejoint l’artiste au centre de la place. C’est le moment solennel de la cérémonie. « M. Jean Bikoko Aladin, au nom du président de la République, et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Commandeur de l’Ordre national du Mérite camerounais à titre posthume ». Le ministre de la Culture prononce les derniers mots lorsqu’une pluie survient, comme venue de nulle part au milieu de cet après-midi chaud et ensoleillé. Mais la foule ne va pas bien loin. Sous les tentes tout autour de la chapelle ardente où repose la dépouille, on se serre.

Pour les populations d’Eséka, du Nyong-et-Kelle et des quatre coins du Cameroun, il n’est surtout pas question de manquer le départ définitif de l’enfant du pays. La foule reste donc là, malgré la pluie qui redouble d’intensité. Et la place ne se vide que lorsque le corbillard quitte les lieux. L’enterrement a lieu dans la plus stricte intimité. Loin des regards d’une grappe humaine qui aurait pourtant aimé accompagner « le sorcier de la guitare » jusqu’au bout. Mais le programme ne l’a pas prévu. Quelques minutes plus tôt, c’est la représentante du chef de l’Etat et toutes les personnalités de la loge d’honneur qui se sont retirées. Fin de la partie protocolaire.

Les hostilités ont été lancées près de quatre heures plus tôt. Avec un show digne des années de gloire de Jean Bikoko. Autour du cercueil, un émouvant ballet est exécuté. Des danseurs d’assiko, pagne bien noué autour des reins, font le tour de la dépouille, rivalisant d’adresse. Un orchestre joue un air de l’artiste disparu et l’on brandit un portrait de l’homme que l’on pleure et fête ce 16 octobre. Et parmi les chanteurs, on reconnaît Kon Mbogol, l’un des fils spirituels. L’assiko est endiablé, la foule debout applaudit les danseurs infatigables. Sur leurs visages, se mêlent sueur et larmes. Ça dure trois bons quarts d’heure sous le regard de Mgr Dieudonné Bogmis, évêque d’Eséka, et de l’assistance disséminée sous une dizaine de tentes. Familles, chefs traditionnels, artistes, fans, badauds. Des anonymes et des visages connus : Prince Eyango, Bassek ba Kobhio, Nkotti François, Joseph Antoine Bell, Odile Ngaska…

Hommage

La séance assiko prend fin quelques instants avant l’arrivée des officiels. La cérémonie protocolaire, c’est d’abord un office religieux. Mgr Bogmis donne vite le ton, en rendant hommage au « grand homme », qu’il n’hésite pas à comparer aux icônes Bob Marley, Louis Amstrong et autre Michael Jackson. Et même si pour le prélat, Jean Bikoko a été « un grand artiste qui a vécu dans un pays pauvre », sa renommée a fait le tour du monde.

Le message du chef de l’Etat, lu par le préfet du Nyong-et-Kelle exprime la profonde tristesse du couple présidentiel et toute l’estime et le respect portés à l’œuvre et à la personne du disparu. Pour Paul Biya, Jean Bikoko aura sans conteste contribué à « l’édification d’une identité musicale camerounaise ». Des mots et une reconnaissance qui réconfortent les artistes. Par la voix d’Odile Ngaska, présidente du conseil d’administration de la Société civile camerounaise de l’art musical (Socam), ils se disent « sensibles à cette marque d’attention » de la plus haute autorité de l’Etat. « Le président de la République a tenu à ce qu’un artiste soit enterré dignement et que sa famille soit accompagnée dans cette douleur. Qu’il en soit remercié », dira en substance la présidente de la Socam. Aladine, la fille, Bend Libot, l’oncle maternel, ou encore Marcel Samè, le beau-père parlent de la même voix. Et relèvent les qualités d’un homme généreux et sociable, qui distribuait la joie de vivre avec sa guitare.

C’est peut-être la tristesse de le voir partir, qui amène l’évêque d’Eséka à lever les interdits liés au veuvage de Jacqueline Bikoko, la veuve. S’adressant aux gardiens de la tradition, Mgr Bogmis argumente en disant qu’elle a assez souffert. Puis bénit l’épouse éplorée. L’absoute vient mettre un terme à l’office. Et comme dans le conte des mille et une nuits qui lui a valu son sobriquet, Aladin, le génie de la guitare a disparu à l’intérieur de la lampe magique. Mais il est resté présent dans les débits de boisson et les discothèques d’Eséka.





Le roi est mort

Jean Bikoko Aladin fut à l’assiko ce que furent Louis Armstrong au jazz, Bob Marley au reggae, Michel Jackson à la pop music, Manu Dibango au makossa…

72 ans comme l’indiquait sa biographie, ou 87 comme on l’a découvert sur le faire-part de son décès ? Jean Bikoko Aladin lui-même ne connaissait pas son âge. En raison de l’état civil incertain au Cameroun, dans la première décennie de la colonisation française. Ce qui est certain, c’est que l’artiste a eu une carrière pleine d’une bonne cinquantaine d’années. Sans pour autant conjurer la frustration de ne recevoir vivant l’hommage de ses contemporains.

Mort le 22 juillet dernier, celui que Claude François surnomma « le sorcier de la guitare » a été honoré à une dimension qu’il eût eu lui-même du mal à imaginer. L’hommage de la patrie à travers un message condoléances du président de la République, la présence à ses obsèques du Mincult, Ama Tutu Muna, représentant le chef de l’Etat, une médaille de chevalier de l’ordre du Mérite… Deux évêques pour les messes de requiem, Victor Tonye Bakot à Yaoundé et Dieudonné Bogmis à Eséka. L’hommage des héritiers de son art, pour l’émerveillement des personnes venues de divers coins du Cameroun et de l’étranger.

Quelle revanche sur la vie dans cette ville cuvette d’Eséka pour cet orphelin qui s’y était installé, très tôt, parti de son Biyouha natal, en unique rescapé d’une famille dont il n’avait pas fini de faire le deuil du père, de la mère et de sept frères et sœurs. Petit de taille, mais bourré de talent, il s’est taillé une place parmi les grands. Il a modernisé un folklore au point de soulever les salles de spectacle à travers le monde.

Pour ce garçon dont l’instruction n’a pas dépassé le primaire, qui à Douala s’est essayé à de petits métiers, découvrir la guitare a ouvert une voie royale. Il aura fallu pour cela vaincre les railleries dans une communauté où le musicien était considéré comme un plaisantin. Vaincre l’adversité. Faire éclater le talent. Pour qu’un producteur peu scrupuleux lui colle la paix, il entre en studio, sans aucune préparation, lors d’un séjour à Paris. Il en ressort avec « Saï mbog », l’un de ses meilleurs succès.

Très tôt, Aladin connaît la gloire. Des admiratrices affluent. Il les conduit à l’autel. 42 fois. De l’assiko, il était devenu le roi. Son engagement politique n’altère pas sa liberté de pensée. On le croit du côté du pouvoir, lorsqu’en 1961, il invite dans « A mawanda bôga bés », les irréductibles de l’Upc de sortir du maquis. Plusieurs fois, il dénonce les abus du pouvoir et se retrouve en cellule. Notamment quand il chante « hiki jam li gwé ngen (Il y a un temps pour tout) ». Un homme qui prêchait l’union et la concorde s’en est allé.

MONDA BAKOA





Décès d’une fille de Jean Bikoko

CT a appris hier matin le décès de Sidonie Bikoko, l’une des filles de l’artiste Jean Bikoko Aladin, tout juste inhumé samedi dernier. De source proche de la famille, la jeune femme âgée d’une trentaine d’années, a rendu l’âme aux environs de 6h du matin ce dimanche. La disparue était malade depuis plusieurs mois, rapporte notre source, qui indique que Jean Bikoko avait fait venir sa fille à Eséka pour essayer un traitement par la médecine traditionnelle. Elle s’est finalement éteinte quelques heures après l’enterrement de son géniteur, visiblement accablée par le choc de cette disparition.

Y.A

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