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Dossier de la Rédaction

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Alerte

Le président de la République a proposé, samedi dernier à l’ouverture du Sommet de la Francophonie à Montreux, en Suisse, la création d’un Fonds de solidarité d’urgence destiné à juguler les catastrophes naturelles dont aucun pays, riche ou pauvre, n’est à l’abri.

Cette proposition inédite, pertinente et opportune, survient au lendemain du drame d’Haïti, et à un moment où l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est à un tournant : continuer à ronronner ou adopter une approche plus pragmatique. Cette idée novatrice et porteuse de bien des espoirs vient surtout rappeler que nous vivons une mondialisation débridée, sans régulateur désigné ou proclamé, pour assumer la nécessaire péréquation entre le surplus des uns et le néant des autres.

Le monde est en effet devenu un village, le village planétaire dit-on. Mais un village désenchanté, plus vraisemblablement, qui ne reproduit aucune des vertus que le village africain consacre et cultive : la fraternité, la proximité, la sécurité, le dialogue et la tolérance, l’entraide.

Dans ce drôle de village, les liens les plus solides semblent être ceux tissés par … le commerce, qui est ici la vache sacrée. Sauf quand les TIC, invention miraculeuse, croient définir avec les millions d’internautes et de blogueurs une nouvelle fratrie. Mais ce n’est là qu’une belle utopie : après les “chats” et autres jeux virtuels, l’homme reste désespérément seul, face à son écran. Et cette solitude, elle, n’a rien de virtuel…

On n’oubliera pas, pour continuer à camper l’époque, le paradoxe retentissant qui veut que la liberté de circulation se soit érodée à mesure que le fameux village planétaire se rapetissait. L’Amérique du Nord, l’Europe occidentale se sont barricadées derrière leurs frontières, devant les milliers de migrants du Tiers-Monde, victimes collatérales de la misère dans leurs pays, et de la mauvaise gouvernance mondiale.

Tout compte fait, le constat est on ne peut plus unanime : la planète est mal gouvernée, car les riches sont tentés par le repli identitaire alors que les pauvres se sentent plus isolés que jamais.

Voilà un terreau fertile en tout cas pour la construction de nouvelles solidarités. La langue et la culture, la religion, la tradition, la proximité géographique, tous les prétextes sont bons pour combler les abîmes que creuse la nouvelle configuration planétaire. Le mouvement de la Francophonie, qui rassemble 70 pays souverains ayant en commun l’usage de la langue française, peut-il dessiner l’espoir et écrire en son sein l’histoire d’une nouvelle solidarité ? Peut-être, s’il s’en donne les moyens.

Comme le Commonwealth des Nations, comme l’Organisation de la Conférence islamique, auxquels le Cameroun appartient, l’Organisation internationale de la Francophonie peut être un formidable vecteur de développement économique, social et humain. Pas seulement autour du français, mais en tant que force de proposition, théâtre d’échanges et de brassages, lieu d’expérimentation de solidarités concrètes.

Il a pour ce faire des atouts certains mais aussi quelques faiblesses structurelles :

Les Français n’y croient pas vraiment eux-mêmes : si la Francophonie bourgeonne autour de la langue française, alors il est important que le peuple et les politiques de France y soient attachés les premiers. D’après de récents sondages d’opinion publiés par des instituts spécialisés français, ce n’est pas vraiment le cas. Et pourquoi les populations françaises n’y sont-elles pas attachées ? Elles y voient sans doute une résurgence ou une excroissance post coloniale, dans un contexte où la mémoire coloniale suscite encore bien des prurits, nourrit la controverse, et où les relations avec l’Afrique, qui rassemble le plus gros contingent de l’OIF, restent ambiguës.

Rappelons, à titre de comparaison, que le Commonwealth s’est lui aussi construit autour de l’ancien empire colonial britannique, et suscite bien moins de curiosité et de réserve de la part des citoyens anglais.

Il y a trop d’écart de niveau de développement entre les membres.

Cet état de choses n’est pas réellement problématique pour la cohérence de l’institution, mais peut le devenir au moment de définir un agenda de rencontre. Entre pays du G8 et pays les moins avancés, partageant l’amour de la langue française, et membres de l’O.I.F, il est clair que les priorités ne sont pas exactement les mêmes, encore moins les intérêts. Ce qui peut conduire au choix de thèmes consensuels, souvent trop généraux et générateurs de discours vaseux sur les grands principes. Or les discours n’influencent pas, ou si peu, la vie des francophones dans le monde. Loin de là. Le moyen de capitaliser ces différences, c’est de décider que la réduction des inégalités entre Etats membres devient un objectif majeur de l’O.I.F., ce qui donnerait une salutaire orientation économique à l’institution.

Le 3e obstacle découle de ce dernier constat : il faut donner une orientation plus pragmatique, plus économique à l’O.I.F. Si le monde fait face à l’une des plus graves crises financières et économiques de notre époque, l’O.I.F ne peut pas continuer simplement à déplorer le recul du français, à énoncer les grands principes démocratiques, ou à fustiger les égoïsmes. Elle doit opter pour une approche résolument active, en encourageant en son sein une dynamique d’échanges commerciaux, en se donnant les moyens et les organes stratégiques appelés à devenir le bras armé d’une telle vision.

C’est dans ce sens qu’il faut lire l’appel du président Paul Biya à plus de volontarisme, à plus de pragmatisme, dans la construction d’un nouveau monde de solidarité. Cette vision, qui n’est pas nouvelle, parce qu’elle exsude sous une forme ou sous une autre de la plupart de ses interventions publiques, résulte d’un double souci : d’une part, rester concret, en priviligeant les propositions aux incantations, afin de faire de la francophonie un instrument au service des populations ; d’autre part, avec la légitimité de son expérience et de son savoir-faire d’homme d’Etat, alerter ses pairs sur les risques d’une périlleuse et persistance dichotomie entre les nations très riches, tentées d’aller cultiver leur jardin, et les autres, livrées à la famine, au désespoir, et aux catastrophes.

Pourvu que cette alerte et cet appel soient entendus.

 

 

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