Voilà donc une femme qui n’était pas connue dans l’arène politique il y a quelques mois. Tout juste savait-on que une certaine Kah Walla était présidente de l’Ong « Cameroun O’Bosso » spécialisée dans la mobilisation politique et dans une plus forte implication des femmes dans toutes les affaires de la cité. Mais depuis samedi dernier, ce membre du Comité exécutif national (Nec) du Sdf a décidé de se porter candidate à la présidence de la République après avoir quitté son parti. Une sortie médiatique très courue par la presse nationale compte tenu de la personnalité de l’intéressée et des démêlés avec son parti d’origine. Mme Kah Walla, à contre-courant de la direction de son parti, a appelé les Camerounais à aller s’inscrire massivement sur les listes électorales. Estimant que c’est par les urnes qu’il y aura un « changement » en 2011 et qu’il n’est pas question qu’un seul Camerounais se déroge à son devoir électoral par rapport à cette échéance majeure. Elle se désole de voir son parti se soustraire à ce jeu démocratique qui interpelle tous les acteurs nationaux sur la scène politique. Ces propos n’ont pas manqué de susciter une réaction vive de la part des dirigeants du Sdf.
C’est ainsi que le 16 octobre 2010, le conseil exécutif de la circonscription électorale Sdf de Douala I s’est réuni pour examiner attentivement le cas Kah Walla qui était sous le coup de plusieurs accusations. C’était au domicile de son président Adolphe Lottin Same à Bonamouti-Akwa. Au terme de ses travaux, le conseil de discipline de cette instance s’est prononcé sur les accusations suivantes : « sortie médiatique intempestive de la conseillère municipale allant à l’encontre de la position officielle du parti s’agissant de l’inscription sur les listes électorales, mauvaise gestion de près de 30 millions de Fcfa lors des élections municipales et législatives de 2007 ». L’accusée Kah Walla était absente de ces assises mais elle a envoyé un mémoire de défense visant à se disculper des faits qui lui étaient reprochés. Cependant sa culpabilité a été reconnue par cette assemblée. Mme Kah Walla a été sommée de rembourser 29 millions dont elle n’a pas pu justifier raisonnablement l’affectation. Il lui a été ordonné de choisir entre son Ong « Cameroun O’Bosso » et son parti le Sdf. Par ailleurs, elle a été suspendue de toute participation aux élections internes du parti. Mme Kah Walla a choisi de contre-attaquer en démissionnant non seulement de son parti mais aussi en se portant candidate à la présidentielle de 2011.
De son vrai nom Edith Kabang Walla, celle qui a choisi de jeter un pavé dans la mare du Sdf , a mis le feu aux poudres en déclarant : « Du moment où nous avons opté pour une alternance par les urnes, il est important et urgent que nous nous inscrivions sur les listes électorales. Nous entendons obtenir le changement et l’asseoir en 2011. Il faut donc s’inscrire sur les listes électorales et aller aux élections. »
Outre son militantisme politique, Mme Kah Walla est directeur général de Conseils Stratégies, cabinet spécialisé en leadership et management. A 45 ans, cette femme d’affaires très remuante entend bousculer le monde policé de la politique où les règles du jeu sont connues et obéissent à la loi du milieu. Que va-t-elle faire maintenant ? Selon la loi, elle a une alternative : créer son propre parti qui va l’investir ou intégrer un autre parti qui existe et qui va jouer le même rôle.
