Les journaux ivoiriens étaient dans les kiosques lundi, malgré la journée fériée (Fête de la Toussaint).
Le quotidien de service public Fraternité Matin se demande à la Une à qui profitera la mobilisation observée le jour du scrutin ? Alfred Dan Moussa, dans l’éditorial du jour intitulé : « Mais, le spectacle n’est pas terminé », écrit que les 14 candidats au fauteuil présidentiel ont certes joué leur partition en allant à la rencontre de leurs compatriotes pour expliquer leurs projets de société. Mais, il estime qu’on est loin de la fin du spectacle car il exige des candidats de jouer une autre partition. Aussi, chacun d’eux gagnerait, d’après l’éditorialiste, à se faire apprécier positivement, dans la victoire comme dans la défaite. « Une présidentielle est avant tout un jeu. Qu’on peut gagner ou perdre. Ce n’est pas pour autant qu’il faut perdre le contrôle de soi et des siens », conclut-il.
« Notre Voie », journal proche de Laurent Gbagbo, candidat de La majorité présidentielle, titre à la Une : « Y a vraiment rien en face », avec une grande photo du chef de l’Etat sortant en train de glisser son bulletin dans l’urne. « Dans l’isoloir », titre de l’éditorial signé de la plume de Didier Depry, l’auteur écrit qu’il faut que les trois « grands », Gbagbo, Bédié et Ouattara, reconnaissent les résultats du scrutin. Que le vainqueur ait le triomphe modeste. Que les vaincus n’attisent pas la violence en envoyant leurs partisans dans les rues. « Les observateurs et les journalistes venus de tous les coins du monde entier présents en grand nombre en Côte d’Ivoire devront sans complaisance indexer le ou les candidats, mauvais joueurs, dans cette élection. Il y va de leur crédibilité », affirme notre confrère.
Le Patriote, favorable au candidat du RDR, est plus offensif. « Après cinq ans de report injustifié des élections, enfin la page noire est tournée », lit-on en ouverture, illustrée par une grande photo d’Alassane Ouattara accomplissant son devoir civique. Pour ce journal, les Ivoiriens ont fait barrage à la dictature en se mobilisant pour le scrutin d’avant-hier. C’est la manifestation de « la volonté de changement », car en dix ans « la Côte d’Ivoire, jadis fierté de la sous-région, a basculé dans le gouffre. Tel un poulet égorgé, elle gesticule pour ne pas rendre son dernier souffle ». Charles Sanga, dans l’éditorial intitulé « Vos populi », estime que la mobilisation d’avant-hier constitue, sinon un désaveu, du moins une sanction pour tous les hommes de la minorité présidentielle qui se sont braqués durant 60 longs mois contre les élections. Enfin, Le nouveau réveil, proche du candidat du PDCI-RDA, prédit des « résultats très, très serrés et un deuxième tour de tous les dangers ».
