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Dossier de la Rédaction

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Et maintenant?

Discours, motions de soutien, danses et beuveries se sont succédé tout au long de la journée du 6 novembre, à travers les régions du Cameroun, pour célébrer le 28e anniversaire de l’accession au pouvoir du président Paul Biya.

En première ligne de ces assemblées, de nombreux dignitaires du régime, dépositaires d’un pouvoir important, dans la haute administration et à la tête d’institutions ou d’entreprises stratégiques, aux côtés d’élus du peuple et de militants et sympathisants ordinaires.

La plupart ont vécu le début de la formidable aventure du Renouveau, le 6 novembre 1982, et ont encore en mémoire la promesse d’une société plus morale, plus libre et plus prospère. Oui, la démocratie et la prospérité étaient, et restent en ligne de mire du projet de société du président Biya. En guise de bilan, on peut dire, dans une analyse fort sommaire, que la paix, la stabilité et le sentiment national en constituent les fleurs les plus belles et les plus visibles. Toutefois, par rapport à la promesse d’une société démocratique et prospère, les analystes conviennent que si pour le premier, les choses sont bien engagées, pour le second, la prospérité et le progrès social, les Camerounais ont réalisé moins qu’ils n’avaient rêvé et beaucoup moins qu’ils auraient pu. En cause : la grave crise économique du milieu des années 80, la crise financière et économique des années 2000, mais aussi, avouons-le, le manque d’audace des porteurs de dossiers, et la crise des valeurs qui secoue le pays depuis une bonne vingtaine d’années. Et ce, en dépit d’une élite particulièrement bien formée, et de ressources naturelles abondantes.

Le devenir du projet du Renouveau, qui continue à susciter de grands espoirs, était-il au cœur de toutes les fêtes populaires organisées le week-end dernier à travers le pays ? Ses succès et ses impasses ont-ils nourri la réflexion, le débat, entraîné de nouveaux engagements, une détermination plus forte à construire le pays tant rêvé? Peut-être, mais pas assez, en vérité. Car les discours d’autosatisfaction ont pris le pas sur le débat et le questionnement en cette date anniversaire.

Quand les projets de développement s’enlisent dans les procédures administratives et la cupidité des responsables ; quand la surfacturation devient un jeu, une manie compulsive, au détriment du nombre et de la qualité d’écoles et de routes à construire ; quand le faux envahit tout l’espace public et privé, des documents officiels aux notes scolaires ; quand l’attentisme et l’inertie gangrènent l’administration, condamnant les Camerounais à la précarité ; quand enfin, l’audace, la culture du résultat, le sens de l’intérêt général font défaut, eh bien, les barons du régime et les militants de base ne peuvent se satisfaire, car ce sont alors les projets qui marinent dans les parapheurs, et c’est la vie des Camerounais qui ne s’améliore pas - ou si peu.

Si des pays africains moins bien dotés par la nature que le nôtre ont réalisé de meilleures performances économiques, c’est sans doute qu’ils comptent une part plus importante de patriotes et d’hommes engagés, car le développement est d’abord une affaire d’hommes.

On peut imaginer aisément ce que les politologues appellent « la solitude du pouvoir », pour décrire le désarroi d’un homme d’Etat, lorsqu’on considère le décalage entre son projet initial et sa mise en œuvre au fil des jours et des ans, dévoyée, décalée, ou pire, compromise.

Sans prétendre donner de leçon, on ne peut alors qu’interpeller tous ceux des Camerounais qui sont investis d’une parcelle, même infime, de pouvoir, pour qu’ils cultivent le détachement, le service de l’autre, la mystique de l’intérêt général. Le Cameroun a fait un grand bond en avant en 28 années de « biyaïsme ». Soyons convaincus que ce sont des pas de géant qu’il ferait si nous intégrons deux conditions : la transformation de notre rapport au bien public, sur lequel personne ne saurait avoir un droit de préemption, et la sacralisation du travail, parce que la prospérité ne tombe pas du ciel comme une manne.

28 ans, et maintenant ? Oui, maintenant, le Renouveau doit s’écrire en actes et en vérité, si nous souhaitons qu’il marque l’Histoire comme le plan de grâce qui a rendu possible notre rêve collectif de sortir du sous-développement.


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