Rendu public il y a peu, le document de stratégie sur le commerce national élaboré par un cabinet d’expertise donne froid au dos, tant la situation décrite dans ce rapport est peu reluisante.
Et c’est peu de le dire au regard de ce diagnostic accablant qui éclaire d’une lumière crue un secteur d’activité névralgique pour le quotidien des populations. Le secteur se caractérise par un profond malaise qui s’articule notamment autour d’un appareil d’exportation faible et un déficit de la balance des opportunités commerciales extérieures.
En termes plus prosaïques, les produits « made in Cameroon » susceptibles de soutenir la concurrence à l’international sont quasi insignifiants. En quantité et en qualité. Plus grave : la production nationale ne suffit même pas à satisfaire la consommation intérieure. Ce qui, irrémédiablement, livre le consommateur, finalement assez peu protégé, pieds et poings liés, aux produits importés pour l’essentiel contrefaits et dangereux. Le quasi psychodrame, selon le document de stratégie, se nourrit de phénomènes aussi erratiques et répréhensibles que l’évasion fiscale, la fraude, les pratiques anti-concurrentielles, l’arnaque systématique des consommateurs, les pénuries récurrentes, etc. La coupe est pleine.
Pour autant, les travers et dysfonctionnements relevés par l’étude ne sont point des obstacles rédhibitoires. Loin s’en faut ! Au contraire, l’initiative du ministre du Commerce de faire ausculter sans complaisance le secteur dont il a la charge est salutaire. En ce que le document permet au gouvernement en général, et son département en particulier, de cerner au mieux une réalité de terrain complexe, et, corrélativement, d’envisager des actions en profondeur en vue de renverser la vapeur, de lever les hypothèques, d’assainir durablement les fondements viciés d’un commerce national qui devrait être profitable à tous égards à notre pays et à son tissu économique. C’est donc fort à propos que Luc Magloire Mbarga Atangana peut se réjouir de disposer désormais d’un « cadre de planification et de mise en oeuvre de projets des Grandes Ambitions » de son domaine d’activité.
Il est établi, en effet, que l’une des faiblesses les plus largement répandues dans nos administrations réside dans une absence de lisibilité des politiques conduites sur le terrain, en raison d’une perception imparfaite de l’état des lieux, des données de base. Et pourtant, ainsi que l’indique un proverbe bien connu, « qui veut aller loin ménage sa monture ». Le Cameroun ambitionne de devenir à terme, un pays émergent. Un objectif d’autant plus réalisable et justifié que le pays réunit les atouts nécessaires pour y parvenir. Encore faut-il ne pas s’enfermer paresseusement dans une bulle de certitude, dans un puéril et suicidaire dessein de contourner ou d’ignorer la réalité. Au contraire, seule une prise en compte de celle-ci, sans état d’âme, sans prévention ni a priori, peut permettre de jeter les bases de victoires de demain. Ayons donc pour cela le courage de nous regarder aujourd’hui dans la glace. Acceptons de bonne grâce l’image que celle-ci nous renvoie, de mettre en perspective les agrégats économiques disponibles dans l’optique d’une planification judicieuse. Le salut est à ce prix !
