L’accalmie observée depuis fin septembre dernier, corroborée par les campagnes de sensibilisation sur l’hygiène et la salubrité, la vaccination, sans omettre la prise en charge des malades ont pourtant laissé croire que l’épidémie était maîtrisée, voire éradiquée sur l’ensemble du territoire national. A l’observation, telle n’est pas tout à fait la réalité. Même dans la région de l’Extrême-Nord où le premier cas est survenu il y a huit mois environ et nonobstant la tendance fortement baissière grâce à la panoplie de dispositions prises par les pouvoirs publics, des malades sont encore signalés, selon des sources médicales.
Avec prudence, le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, indiquait au cours d’une rencontre avec la presse nationale à Yaoundé en septembre dernier que la situation était sous contrôle. C’est au même moment qu’il a lancé la campagne nationale de vaccination contre l’épidémie de choléra. Les chiffres rendus publics par le ministre de la Santé à l’époque, la rapidité et la facilité d’expansion de la maladie à cause notamment des problèmes dûs au manque d’eau potable et à la mobilité de la population, constituaient déjà des facteurs de souci au plan national. Entre mai et juillet 2010, dix-sept districts de santé de l’Extrême-Nord étaient touchés, avec 1331 cas enregistrés dont 91 décès. De la fin du mois de juillet à la mi-septembre, la région du Nord a été frappée avec 6500 malades dont 381 ont perdu la vie. Au total, en fin septembre dernier selon des chiffres officiels, 8528 Camerounais ont été atteints de choléra dont une majorité de femmes et d’enfants pour 569 décès dans quatre régions : l’Extrême-Nord, le Nord, le Littoral et le Centre.
Les efforts consentis par les pouvoirs publics, grâce notamment à une « allocation budgétaire additionnelle » ont alors permis, selon le ministre de la Santé publique, d’obtenir « des résultats encourageants », avec l’appui des partenaires tels que l’OMS, l’UNICEF, le PAM… Le plan national de lutte contre le choléra dévoilé doit courir jusqu’en juillet 2011. Il s’appuie sur la lutte contre les facteurs de propagation et d’expansion du choléra. Il met l’accent sur l’accès à l’eau potable à travers la remise en état des forages en panne, le traitement des puits, la construction des latrines, la sensibilisation sur l’hygiène et la salubrité. Particulièrement donc, sur le changement de comportement et de mentalité.
La résurgence de la maladie à Béka offre dès lors une occasion propice pour faire à nouveau le point au plan national, sur une maladie grave, contagieuse et non éradiquée. Il s’avère nécessaire de savoir où en est-on avec la campagne nationale de vaccination tout comme avec toutes les autres mesures déjà évoquées qui ont été arrêtées par les pouvoirs publics. L’accalmie peut avoir conduit à la lassitude. Beka sonne de nouveau le tocsin pour une vigilance de tous les instants.
