La communauté musulmane de Yaoundé vibre déjà au rythme des préparatifs de la célébration du sacrifice d"'Abraham.
« Nous sommes en train de nous préparer pour la fête puisque c’est une loi islamique, un décret de Dieu. Comme à l’accoutumée, nous allons essayer de mettre les femmes et les enfants à l’aise et payer nos dettes pour fêter dans la paix et l’harmonie. » Chez Aladji Hibrahim, naturopathe résidant au lieu dit Nouvelle route au quartier Briqueterie, c’est déjà la fièvre des préparatifs de la fête de la Tabaski. Ses deux femmes et quelques uns de ses huit enfants s’attèlent à la fabrication de jus de fruit. Des régimes de plantains sont entreposés au magasin. L’homme qui dit attendre de recevoir la liste des dépenses à effectuer que dressent ses épouses prévoit d’acheter deux béliers pour ses huit enfants.
Dans ce quartier reconnu comme le fief des musulmans de la capitale, souffle le vent de la fête. Dans les discothèques, des airs religieux ont la cote. Les alimentations aussi commencent ce lundi à recevoir, quoique timidement, les clients les plus prévenants. En effet, certains ménages ont fait leurs provisions assez tôt. Et pour cause, ils attendaient de célébrer la fête ce mardi comme ce sera le cas à la Mecque. « Le grand carême (jeûne, ndlr) qui intervient la veille de la fête de la Tabaski, c’est ce lundi (hier, ndlr). Donc la fête devrait normalement se célébrer ce mardi. Mais les autorités religieuses ont préféré qu’on la célèbre mercredi », révèle Njoya Mohammed, homme d’affaires rencontré au marché des moutons de Bankolo. Ledit marché a d’ores et déjà fait le plein de ses stands, même si le chef des vendeurs nous confie que d’autres éleveurs, bloqués sur la route du Nord par les tracasseries policières et l’état de la route, sont encore attendus. Selon le cheikh Banoufe, également rencontré dans ce marché, il s’agit d’un problème d’apparition de la lune. « La fête du sacrifice intervient le 10e jour du 12e mois du calendrier lunaire islamique. Nous cherchons la lune le 29e jour de chaque mois. Ce qui correspond pour ce mois au 6 novembre durant lequel nous avons cherché la lune sans la voir. C’est pourquoi la fête se célèbre ici mercredi », déclare le vice-président de la commission du croissant lunaire.
Toujours selon le cheikh, la fête du mouton commémore le sacrifice du mouton par le patriarche Abraham, à la place de son fils Ismaël. « Il s’agit d’une tradition que le prophète Mohammed, descendant d’Abraham, a confirmé à son arrivée. C’est pourquoi aujourd’hui, on demande au fidèle d’immoler une bête et d’en offrir le tiers aux pauvres.»
