Enseignant à l’université de Douala, l'auteur vient de commettre « Enseignement oral des langues et cultures africaines ».
« Notre société a honte et peur de s’enseigner elle-même. Elle enseigne les valeurs des autres. Nous formons des gens qui enseignent le français, l’anglais, etc. mais pas ceux qui vont enseigner nos langues.» Les propos de Jules Assoumou, auteur de « Enseignement oral des langues et cultures africaines » sont peut-être durs, mais traduisent ses convictions. Loin de se considérer comme xénophobe, l’auteur se veut défenseur des cultures africaines et nationales, plus précisément des langues. « J’ai honte quand des collègues me demandent à quoi tout cela sert. Nous consommons les valeurs des autres. Or, la culture est l’âme d’un peuple. Quand un peuple la perd, il meurt. Si nos langues ne sont pas enseignées à l’école, elles vont mourir. L’initiative d’écrire ce livre tient du constat que la société camerounaise est en crise de valeurs et de la conviction que cette crise vient du fait que l’école, qui est censée transmettre ces valeurs, est elle-même en crise», pense-t-il.
En somme, l’ouvrage est une réflexion, le point de vue d’un auteur désireux de contribuer à la recherche d’une méthodologie et d’une approche pédagogique devant assurer une bonne insertion des langues et cultures africaines dans les systèmes éducatifs. Il a notamment été réalisé à base des données fournies par les maîtres expérimentateurs. Ici, l’auteur propose une approche de l’enseignement des langues et des cultures africaines privilégiant l’expression orale, la rhétorique et la maîtrise de certains éléments culturels africains. Jules Assoumou veut ainsi se démarquer de ceux qui pensent que langue et culture sont inextricables, et qu’à travers l’enseignement de la langue, on enseigne la culture du peuple locuteur.
Selon le Pr. Remy Sylvestre Bouelet, chef du département de linguistique et littérature négro-africaine de l’université de Douala et préfacier du livre, l’ouvrage s’adresse essentiellement aux pédagogues des langues et de la littérature africaine qui y trouveront des outils adéquats pour un enseignement effectif et efficace des objets culturels et linguistiques.
Titulaire d’un PhD en linguistique appliquée, Jules Assoumou est chargé de cours au département de linguistique et littérature africaine de l’université de Douala, et coordonnateur scientifique et régional du Programme opérationnel pour l’enseignement des langues au Cameroun. Sorti chez Clé, l’ouvrage a bénéficié d’une subvention de l’université de Douala. Il vient nous rappeler que nous n’existons pas sans nos langues. Dommage que tout ceci n’ait pas été dit, ou plutôt écrit dans l’une d’elles… Mais les premiers jalons sont posés.
