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Dossier de la Rédaction

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Du "zoua-zoua" dans des stations sevices à Yaoundé

L’enquête d’une Ong révèle des pratiques de transvasement et de mélange sur le combustible des camions-citernes approvisionnant certaines stations-service.


Le scandale est révélé cette fois par une Organisation non gouvernementale de lutte contre la corruption et la pauvreté, « Voies nouvelles ». Selon une enquête de 13 mois menée par une équipe de cette Ong, il existe un important réseau de trafic dans la chaîne de distribution de carburant à Yaoundé. Les zones ciblées lors des investigations sont concentrées entre plusieurs quartiers de la ville, comme Ahala, Biyem-Assi, Ekounou, Etoug-Ebe, Mendong, Mvan, Nsam, entre autres. Des points de trafic dangereux, filmés à la caméra cachée ou à bonne distance par les enquêteurs de l’Ong. A l’intérieur de ces quartiers, des camions-citernes font d’incessants va-et-vient.

Mercredi dernier, à Etoug-Ebe, dans un garage, parmi les sites répertoriés sur lesquels l’Ong a travaillé, l’activité semble des plus normale. Tête sous le capot, deux mécaniciens se livrent paisiblement à leur dépannage. Selon les riverains du coin, cela fait quelque temps que les camions-citernes sont moins fréquents, dans ce garage désigné comme lieu de transaction, situé face à l’école maternelle « Reine des prés ». La propriétaire d’un salon de coiffure voisin du garage confirme que, « depuis un moment, les camions ne viennent plus. A chaque fois, ils entraient dans le garage et en ressortaient. Qu’est-ce qu’ils venaient faire là ? Personne ne le sait, et ça ne nous inquiétait pas vraiment. » Les lieux de frelatage, comme celui d’Etoug-Ebe, sont en général retrouvés dans des zones d’habitation.

C’est parfois sans gêne, au vu, que les trafiquants retirent les scellés apposés sur les camions citernes par la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), en extraient le carburant de bonne qualité qui sera plus tard revendu au noir, avant de diluer le reste de gasoil et d’essence-super avec du pétrole lampant. L’opération implique trois à cinq personnes et dure environ 25 à 45 minutes. Certains de ces trafiquants se montrent plus prudents. C’est le cas à Obobogo, où un guetteur est posté à l’entrée des bosquets dans lesquels sont camouflés les camions en question, prêt à alerter ses complices au moindre mouvement suspect. De telles opérations, bien huilées, ne peuvent réussir sans le concours de maillons de la chaîne corrompus, qui ferment les yeux sur les transactions illicites.

Réseau

Les enquêteurs de « Voies nouvelles » ont suivi les camions-citernes de leur sortie de la SCDP à leur arrivée dans les stations-service de Yaoundé, et ont relevé bon nombre d’incongruités dans la procédure et le cheminement de certains d’entre eux. Dates, heures, numéros d’immatriculation sont cités dans le rapport de l’enquête, et figurent sur les images du documentaire réalisé par l’Ong, afin d’attester la culpabilité des protagonistes mentionnés. A la SCDP, on explique que les chauffeurs de ces camions qui empruntent les sentiers étroits des quartiers au lieu de se rendre directement à la station-service sont les principaux responsables. Car, les camions n’appartiennent pas à la SCDP, encore moins le carburant qu’ils transportent. « La SCDP sert de gardien au carburant des différents marketteurs, auxquels les camions-citernes appartiennent aussi. Tout ce qu’on fait c’est le garder dans nos cuves, et s’assurer du contrôle de la qualité à l’arrivée et à la sortie », indique une source proche de la Société de dépôt. Après tous les tests, les scellés sont placés sous le contrôle du chauffeur qui signe le procès verbal des scellés et de produit de régularité. « Hors des dépôts de la SCDP, le carburant n’est plus sous notre responsabilité, mais sous celle du chauffeur qui est censé le livrer dans les stations. Au lieu de cela, on les retrouve partout sur les routes et dans les quartiers à faire leur trafic », ajoute la SCDP. Mais l’on ne peut pas exclure l’hypothèse de complicité, grâce auxquelles les trafiquants réussissent à débloquer les scellés.

Une fois le frelatage effectué, un autre contrôle s’impose, celui des gérants de stations-service. Eux aussi sont incriminés. Sur la vidéo de l’Ong, dans une station-service au quartier Madagascar, l’on voit le contrôleur se pencher sur l’ouverture de la citerne, puis effectuer des tests censés attester de la qualité du carburant, avant de l’approuver ensuite. Or, ledit camion, filé par les enquêteurs, provenait du site de frelatage d’Etoug-Ebe. Rendu à cette station-service, CT n’a pas pu rencontrer le gérant. Mais quelques mètres plus loin, à Mokolo au lieu dit « Ancien stationnement Douala », dans une autre station-service concernée par l’enquête, le sous-gérant réfute toutes les accusations, et nie avoir autorisé la livraison de carburant frelaté dans sa station. « C’est moi qui contrôle tous les produits qui rentrent et sortent de la station. Il est impossible que le thermodensi (Ndlr : appareil qui lui sert à vérifier la qualité du carburant) se trompe », se défend le sous-gérant. En définitive, les chauffeurs et les responsables des stations-service restent les principaux coupables du trafic de carburant à Yaoundé.

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