En centrant ses travaux de deux jours à Yaoundé sur le thème « Financer les médias d’Afrique en périodes de modèles commerciaux aléatoires », l’Almf émet un cri du cœur. Comment en serait-il autrement en cette période de vaches maigres, lorsqu’on sait que la publicité, dont vivent essentiellement les organes de presse, constitue la ligne budgétaire sur laquelle les entreprises commencent par opérer des coupes, dès que surviennent des difficultés financières ? Ce faisant, on se croirait dans le prolongement des assises de la presse francophone tenues à Yaoundé au mois d’octobre de l’année dernière. Lesquelles, pour développer le thème retenu pour la rencontre « Ethique et déontologie à l’heure d’internet : liberté et responsabilité des journalistes », s’étaient empêtrées, jusqu’au cou, dans le problème de la précarité du journaliste et, par ricochet, celui du financement des médias. Trois pistes avaient alors été indiquées pour sortir les médias de l’impécuniosité : le marché de la diaspora via l’Internet, le regroupement de petits organes de presse et l’Etat, comme mamelle nourricière par devoir.
Sortant des sentiers battus, sans toutefois inventer le fil à couper le beurre, l’Almf frappe droit à la porte de ceux qui détiennent l’argent : les banques. Aussi, banquiers ou représentants bancaires comptent-ils au nombre des quelque 271 participants aux assises de Yaoundé où, à tout seigneur tout honneur, les patrons de médias privés sont les plus nombreux.
Dans cette démarche qui vise à chercher les financements là où ils se trouvent, en créant un dialogue direct et ouvert entre patrons de médias et leurs potentiels partenaires, ce sont des ponts qui sont lancés, des malentendus qui se dissipent, des contacts qui se nouent et des procédures qui s’huilent. Le thème de la première session tenue hier, dans le cadre de ces travaux, est suffisamment révélateur à cet effet : « Financer les médias en Afrique : comprendre l’approche du secteur financier, dans le financement des medias, comment briser les barrières à l’accès aux capitaux et promouvoir les médias comme un secteur de croissance ».
Les assises de Yaoundé ouvrent là tout un programme visant, pour les journalistes à tourner le dos au festin de miettes fait de petits « gombos » qui les assujettissent aux pouvoirs d’argent. Pour se mettre à table au banquet des montages financiers susceptibles d’assurer aux médias, assez de moyens, plus de professionnalisme, de responsabilité, donc de crédibilité.