Des pistes importantes qui donnent une meilleure visibilité sur le dossier énergie. L’emprunt obligataire lancé va permettre à l’Etat du Cameroun de disposer de ressources nécessaires au versement de sa contrepartie au financement des grands projets du secteur. Ainsi, les dotations qui seront affectées au barrage de retenue de Lom Pangar et au barrage hydroélectrique de Memve’ele sont de l’ordre de cent milliards de francs CFA, soit la moitié des fonds provenant de l’emprunt obligataire.
Sur ce dernier point, on peut lire la double implication personnelle du président de la République, Paul Biya. D’abord sur la détermination des projets éligibles aux ressources issues de l’emprunt obligataire. Le chef de l’Etat a pris pour cela un décret afin que les ressources aillent exclusivement au financement des projets structurants. Ensuite, cette priorité se traduit dans les instructions constantes que le chef de l’Etat a donné au gouvernement depuis bientôt trois ans. Et plus encore dans le suivi qu’il accorde à ce secteur stratégique aussi bien pour l’économie que pour l’amélioration des conditions de vie des populations.
Forte implication
Du côté d’AES Sonel, le conseil d’administration est désormais présidé par Séraphin Magloire Fouda, secrétaire général adjoint de la présidence de la République. Les résolutions prises cette semaine se lisent sur deux axes.
D’abord le règlement définitif de la question de l’augmentation des tarifs en 2010. Le gouvernement a pris l’option de bloquer les tarifs à leur niveau précédent. Mais cette décision affecte la situation économique de l’entreprise AES Sonel. Les organismes engagés dans le financement des projets inscrits au programme d’investissement de cette société ont perdu de la lisibilité sur la capacité de leur client à rembourser les crédits mis en place.
Compte tenu de l’incidence du gel de l’apport des prêteurs sur les projets indispensables (réhabilitation de certains groupes aux centrales d’Edéa et de Song-Loulou, construction de lignes de transport et de postes de transformation, etc.), le gouvernement a pris la responsabilité de compenser la perte de recettes de AES Sonel en payant le manque à gagner, soit dix milliards de francs CFA en cette année 2010, et un peu plus de onze milliards de francs en 2011. Une mesure sociale qui, ici encore, porte l’empreinte du président Biya. Et afin que nul n’en ignore, le ministre des Finances, Essimi Menye, voudrait que chacun puisse voir ce que l’Etat va payer à sa place. Les factures nouvelles feront ainsi apparaître ce que paie le client et ce qu’il aurait dû payer.
Ensuite, le problème de l’éventuelle pénalité à payer par AES Sonel à Alucam en cas de défaut de fourniture d’énergie en 2012. En clair, une clause du nouveau contrat de fourniture d’énergie d’AES Sonel à Alucam stipule que si la première est défaillante, elle paie une lourde pénalité à la seconde. Hors, compte tenu du retard de certains projets dont la centrale à gaz de Kribi, l’hypothèse de cette pénalité devenait certaine. Sauf que la défaillance n’était pas imputable au fournisseur. Ici aussi, l’Etat prend sur lui de payer cette pénalité si elle devait être appliquée.
Toutes les hypothèques étant levées sur les projets, l’Etat mettant la main à la poche ou dégageant les obstacles, les dossiers peuvent avancer. Les nuages qui s’accumulaient s’éloignent. L’horizon s’éclaircit. En attendant l’autosuffisance