Entre les deux Corées, ça recommence décidément. L'armée sud-coréenne a annoncé hier avoir riposté à des tirs d'artillerie nord-coréens sur une île du Sud, où plusieurs dizaines d'incendies ont été signalés. Des habitants de Yeonpyeong, au large de la côte ouest de la péninsule, près de la frontière maritime contestée, ont été évacués. L'agence de presse sud-coréenne Yonhap fait état de quatre militaires sud-coréens blessés. S’achemine-t-on vers un conflit de plus grande ampleur ? On ne saurait le dire de façon péremptoire mais le risque de dérive est réel. Déjà, Séoul a menacé Pyongyang de représailles plus appuyées en cas de poursuite des provocations. Le grand voisin chinois est loin d’être indifférent. C’est ainsi que le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé son inquiétude face à la situation. Cette nouvelle crise militaire dans la péninsule coréenne illustre parfaitement l’esprit belliqueux qui continue à empoisonner les relations entre les deux Corées depuis la partition du territoire en deux entités distinctes à la fin de la deuxième guerre mondiale. Toutes les tentatives de réunification, soit par la force (guerre de Corée, 1950-1953), soit par la négociation (dialogue inter-coréen), n’ont jamais abouti à des résultats probants. Chaque camp, tout en affirmant son désir ferme d’œuvrer pour réunifier la péninsule, entend en réalité le faire mais selon sa propre idéologie (communiste pour le Nord et capitaliste pour le Sud). Même la fin de la guerre froide au début des années 90 du siècle dernier n’a pas contribué à améliorer les choses. Les deux pays sont restés sur une attitude de méfiance réciproque où tout geste de l’autre peut être mal interprété et provoquer une étincelle de nature à mettre le feu aux poudres. Et lorsqu’on sait que depuis la fin de la guerre entre les deux pays en 1953, l’armistice n’a jamais été signé, on comprend la persistance des belligérances entre les deux capitales. D’où la multiplication des incidents frontaliers, des raids commandos venus du Nord pour attaquer le Sud. Les événements d’hier viennent confirmer qu’à tout moment, la tension peut monter d’un cran entre les deux pays, voire même frôler l’escalade. On se souvient que le 27 mai 2009, à la faveur de la crise nucléaire nord-coréenne, Pyongyang a une fois de plus fait une démonstration de sa force de frappe en direction de son voisin et frère et au monde occidental d’une manière générale. La guerre du Crabe, depuis les années 1990, a occasionné plusieurs batailles navales. Cette nouvelle crise montre que la paix n’est pas toujours à l’ordre du jour entre les deux pays.