En des termes très peu diplomatiques, le guide libyen a dénoncé un type de relation dans laquelle il estime que l’Afrique est peu gagnante, au moment où des alternatives se trouvent en Amérique latine, en Inde et en Chine. Sur un autre ton, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso estime que le potentiel des relations entre les deux continents est « inexploité ». La preuve, l’Afrique ne compte que pour 9% des échanges commerciaux de l’Union européenne.
Anciennes et historiques, les relations Afrique Europe semblent usées par le temps. Elles sont, pour ainsi dire, percluses par la monotonie, comme dans un vieux couple vaincu par les vicissitudes du quotidien. Avec une impression d’absence de totale sincérité. Somme toute en conformité avec la caricature dessinée dans « Le Vieux nègre et la médaille et la médaille », le célèbre roman de Ferdinand Oyono où l’Africain ne comprend pas, malgré une amitié proclamée, une décoration décernée, alors que le chef des Blancs décline l’invitation à manger de la chèvre, faite par l’homme par qui cette relation est célébrée.
Face à un tableau peu reluisant, la question demeure aujourd’hui de savoir si le sommet de Tripoli, orienté vers la croissance économique peut fondamentalement changer quelque chose à cette perception. « Investissement, croissance économique et emploi ». Tel est le thème du sommet autour duquel gravitent des sujets de réflexion : les migrations qui créent des tensions autour des berges de la Méditerranée entre une Afrique à la jeunesse désespérée et une Europe qui lui ferme au nez les portes de son opulence ; la gouvernance et les droits de l’homme qui conditionnent, depuis un bout dans l’air du temps, l’aide au développement ; les changements climatiques auxquels l’Afrique paie un lourd tribut, en ayant une redoutable monnaie d’échange, la forêt équatoriale.
Sur ce dernier sujet comme sur d’autres, le président Paul Biya, qui prend part aux travaux, a maintes fois, fait entendre la voix du Cameroun, à la tribune des Nations, au sommet de Copenhague, comme partout ailleurs. Dans le sens de cette volonté, pour l’avenir de la planète, d’une gestion durable du massif forestier du bassin du Congo dont notre pays héberge une bonne partie. A charge à la communauté internationale, dans un élan de solidarité, d’appuyer l’Afrique pour son développement.