« Le peuple centrafricain est serein » [interview]

Louis Oguere, ambassadeur de la RCA au Cameroun.

Quelle est la situation qui prévaut dans votre pays au moment où il célèbre le cinquantenaire de son indépendance?

Nous avons tous suivi ce qui s’est passé à Birao. Mais nous connaissons aussi les efforts du gouvernement centrafricain sous l’impulsion du président de la République pour réconcilier le peuple. Il y a eu deux dialogues nationaux organisés en sept ans de pouvoir. Avant que je ne vienne au Cameroun, j’étais le président du Comité de suivi du dialogue. Lors du dialogue de 2008 justement, le groupe qui aujourd’hui continue la rébellion était pratiquement le seul qui avait refusé de venir participer à ce dialogue et vous avez entendu le porte-parole du gouvernement dire que la main continue à être tendue pour une paix définitive. Vous savez comme moi que tout parti politique a pour ambition de prendre le pouvoir, mais il faut le prendre par les élections. Tel que ça se passe, il y a une intention de nuire. Birao est à 1000 km de Bangui. Ce sont les populations centrafricaines installées à la frontière du Darfour qui profitent justement des difficultés de cette zone pour déstabiliser la capitale.

Le climat politique est-il apaisé dans le reste du pays malgré l’attaque contre Birao ?

Le peuple centrafricain est serein et vous le vérifierez. J’aimerais avoir la joie un jour de voir la presse camerounaise qui fait un très grand travail et qui est écoutée dans le monde entier, effectuer une visite en RCA pour voir que le pays est calme. D’ailleurs, hier matin, nous avons tous suivi que le Secrétaire général des Nations unies a condamné l’attaque des rebelles contre Birao. En plus, il y a plus de 100 hommes, policiers et militaires camerounais qui sont à Pahoua dans le Nord de la Centrafrique. Ils peuvent vous témoigner de ce qui se passe là-bas.

Qu’en est-il de la participation de l’opposition à la présidentielle du 23 janvier 2011?

Depuis hier matin, nous avons appris que la Cour constitutionnelle a validé toutes les candidatures. Il y en a six au total. La difficulté à ce sujet est aplanie. Le président de l’APRD, Jean-Jacques Demafouth, a annoncé qu’il voulait aller aux élections comme les autres.

Il y a quelques semaines, des troubles ont eu lieu dans votre consulat à Douala. L’ordre est-il revenu ?

Le véritable problème à Douala n’est pas que des gens voulaient s’inscrire sur les listes électorales et qu’ils n’ont pas pu le faire. Aucun groupe ne s’est rapproché de moi pour se plaindre. J’ai annoncé à qui de droit qu’un groupe s’est constitué à Douala avec l’intention d’organiser la déstabilisation de la RCA. Des documents compromettants de certains réfugiés avaient été retrouvés sur le terrain. Une délégation gouvernementale est arrivée pour prendre attache avec les autorités camerounaises et nous avons expliqué ce qui s’est passé. J’ai pris contact avec les responsables de la communauté centrafricaine pour dire que nous restons prêts pour le dialogue, qu’on se rapproche de moi et de nos frères camerounais qui peuvent nous aider par le dialogue. Ils peuvent être intermédiaire entre nous. On ne peut pas venir de jour avec des armes blanches, égorger le planton, détruire tout et déchirer le drapeau, symbole de notre pays. C’est une action extrêmement grave qui se passe dans un pays ami qui a accepté de nous accueillir. Les autorités camerounaises sont interpellées là-dessus pour voir l’intention qui est derrière. En tout cas, les responsables de ces actes ont été arrêtés, une procédure est en cours et le tribunal va trancher.

Propos recueillis par Joël MAMAN