Dans cette embellie, il reste cependant une ombre au tableau. L’Afrique subsaharienne demeure la région du monde la plus affectée par la pandémie du Sida. Elle concentre en effet 69 % de l’ensemble des nouvelles infections à VIH et compte 22,5 millions de personnes vivant avec le virus, sur l’effectif mondial de 33,3 millions de séropositifs. Lorsque le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé déclare : «Les investissements engagés dans la riposte au Sida portent leurs fruits mais les progrès restent fragiles», on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur la situation particulière de l’Afrique au sud du Sahara. Si, à l’échelle globale, l’ONUSIDA a tout lieu de se féliciter que grâce à des actions audacieuses et à des choix intelligents, la trajectoire de l’épidémie de Sida soit en train d’être brisée, il n’est pas évident que le continent noir connaisse l’accélération souhaitée des progrès de la lutte contre la propagation du VIH.
Pour diverses raisons parmi lesquelles la crise économique mondiale, les financements destinés à la lutte contre le VIH/Sida tarissent inexorablement. L’ONUSIDA estime que 15,9 milliards de dollars ont été mis à la disposition de la lutte contre le Sida en 2009, soit 10 milliards de moins que le montant considéré comme nécessaire pour l’année 2010. Il y a plus lieu de déplorer, avec l’ONUSIDA, la réduction des financements provenant des sources internationales, alors que la pandémie du Sida continue de s’étendre. D’autant plus que le risque est grand de voir s’arrêter les progrès remarquables, mais insuffisants, enregistrés jusqu’à présent dans la mise en place des traitements dans les pays en voie de développement.
Le défi à relever reste donc entier, celui de mobiliser toutes les énergies et les ressources nécessaires, dans un effort concerté en vue d’arrêter la propagation du VIH/Sida en Afrique subsaharienne en général, et au Cameroun en particulier. Difficile de se passer des financements extérieurs pour couvrir les frais de traitement. Mais des efforts endogènes doivent être déployés au niveau de toutes les parties prenantes. Du gouvernement, on attend une augmentation des fonds alloués à la lutte contre le Sida. A ce sujet, le ministre de la Santé publique André Mama Fouda révèle que l’Etat contribue à hauteur de 50 % à l’achat des antirétroviraux. Les fonds à mettre en place devraient permettre une plus grande implication de chacune des structures concernées, dans la poursuite des efforts de sensibilisation, de prise en charge des malades, ainsi que de prévention. Le plan stratégique national de lutte contre le VIH, le Sida et les IST pour la période 2011-2015 officiellement lancé hier par le gouvernement augure de bonnes perspectives par rapport aux progrès de la lutte contre la pandémie.