Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière

Toute l'actualité Africaine

PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Côte d’Ivoire : réélu, Gbagbo prête serment

Index de l'article
Côte d’Ivoire : réélu, Gbagbo prête serment
Tous (presque) contre Gbagbo
« La légalité de l’investiture de Gbagbo est inattaquable » [interview]]
Fracture [commentaire]
Toutes les pages

Lors de la cérémonie d’investiture samedi au palais présidentiel d’Abidjan, il s’est posé endéfenseur de la souveraineté du pays.

Fort du soutien de l'armée, le président sortant, Laurent Gbagbo, a été officiellement investi avant-hier par le Conseil constitutionnelcomme nouveau président de la République ivoirienne dans la salle des pas perdus du palais présidentiel d'Abidjan, qu'il occupe depuis 2000. La cérémonie d'investiture a été retransmise en direct à la télévision nationale (RTI) après que le chef d'état-major des armées, le général Philippe Mangou, eut renouvelé la veille au soir son allégeance à Laurent Gbagbo. « Devant le peuple souverain de Côte d'Ivoire, je jure solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les droits et libertés des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans l'intérêt supérieur de la Nation", a-t-il déclaré en prêtant serment. "Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueur des lois si je trahis mon serment », a-t-il ajouté.Lors de son discours consécutif à sa prestation de serment, le président sortant a prononcé pas moins d'une trentaine de fois le mot « souveraineté », se présentant comme le seul représentant légitime des institutions et de la légalité républicaine. « Nous sommes à la fin d'un marathon qui ne s'est pas achevé par la symphonie que nous attendions, a-t-il commencé. Ce qui prouve qu'il y a encore du travail à faire et nous allons continuer de le faire ». Se justifiant pour l'invalidation par la Cour constitutionnelle des résultats de la Commission électorale indépendante (CEI), une institution dont il avait lui-même demandé et obtenu la création, Gbagbo a déclaré qu'il devait « réfléchir à une commission plus juste car elle a été bloquée par des débats politiciens. (...) Il nous faut corriger cela. Nous allons demander peut-être au Ghana ou à l'Afrique du Sud [des exemples de démocratie sur le continent, NDLR] comment ils ont constitué leur commission électorale », a-t-il expliqué, tout en rappelant que la CEI « ne proclame pas les résultats, ce n'est pas une juridiction ».« Je continuerai à travailler avec l'ensemble de la communauté internationale mais je ne transigerai jamais sur la souveraineté nationale", a lancé le chef de l'Etat sous les encouragements et le tintamarre des vuvuzelas de son auditoire. M. Gbagbo s'est également posé en garant de la "loi" et du "droit" et en défenseur de la souveraineté du pays qu'il dirige depuis dix ans. Balayant du revers de la main les désaveux de la communauté internationale, et notamment de la France, des Etats-Unis, de l'Onu, de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), il a ajouté: "J'ai observé quelques exemples graves d'ingérence. Nous n'avons demandé à personne de venir gérer notre pays. Notre souveraineté est quelque chose que je vais défendre".Mais, le rival de Laurent Gbagbo ne désarme pas. Nouveau coup de théâtre d'une folle semaine, Alassane Ouattara, proclamé vainqueur provisoire de l’élection présidentielle par la Commission électorale indépendante (CEI), a lui aussi prêté serment avant-hier à Abidjan par un courrier adressé au président du Conseil constitutionnel « en qualité de président de la République de Côte d’Ivoire ». Alassane Ouattara s'appuie sur le soutien des Nations Unies, des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la France et de l'Union africaine, qui ont avalisé les résultats de la CEI et reconnu sa victoire. Il a reçu le soutien du Premier ministre Guillaume Soro qui lui a remis sa démission. Ce dernier l’a aussitôt reconduit dans ses fonctions.



Thabo Mbeki est arrivé à Abidjan hier matin pour tenter une issue pacifique à l’imbroglio qui prévaut en Côte d’Ivoire au lendemain du second tour de l’élection présidentielle. L’ex-président sud-africain est en mission d’urgence, envoyé par l’Union africaine (UA). Samedi déjà, l'UA a appelé dans un communiqué au respect des résultats de la Commission électorale indépendante désignant jeudi Alassane Ouattara vainqueur du scrutin. Elle prenait ainsi  indirectement position contre le président sortant Laurent Gbagbo.

Le Conseil de paix et de sécurité l’UA s’est réuni avant-hier à Addis-Abeba lors d’une session spéciale entièrement consacrée à la crise ivoirienne. Selon  un communiqué de l’UA, « le Conseil a convenu de se réunir de nouveau pour examiner la situation et prendre les mesures appropriées contre les auteurs d’actes susceptibles de remettre en cause l’intégrité du processus électoral, y compris le respect des résultats de l’élection présidentielle tels que proclamés par la Commission électorale indépendante».

Les puissances étrangères comme la France et les Etats-Unis ont également pris position contre Laurent Gbagbo. En visite en Inde, Nicolas Sarkozy a appelé au respect de l'élection, selon lui, "incontestable" de Ouattara. "Il y a un président élu en Côte d'Ivoire. L'ensemble de la communauté internationale et les Nations Unies l'ont reconnu. Ce président c'est Alassane Ouattara", a-t-il déclaré à Bangalore. Avant d’ajouter : "Je lance un appel à tous les dirigeants et responsables civils et militaires pour qu'ils respectent la volonté du peuple et s'abstiennent de toute initiative de nature à provoquer la violence". Vendredi, Nicolas Sarkozy avait demandé au président sortant de « respecter la volonté du peuple » et avait adressé ses « félicitations au président élu », selon un communiqué de l’Elysée.

Jeudi, immédiatement après l’annonce des résultats provisoires du second tour par la CEI, l’ONU a publié un communiqué du secrétaire général Ban Ki-Moon reconnaissant la victoire de Ouattara et invitant les dirigeants ivoiriens à la respecter. Son représentant spécial en Côte d’Ivoire, Youn-Jin Choi, a clairement et fermement pris parti pour les résultats provisoires de la CEI, soutenant que selon les vérifications faites par l’ONU, Ouattara est le vainqueur de cette élection. Mais, le Conseil de sécurité de l’ONU n'est pas parvenu vendredi soir à s'entendre sur une déclaration reconnaissant Ouattara comme vainqueur, cela en raison d’objections de la Russie et de la Chine.

De son côté, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a fait savoir que l’institution ne coopèrerait avec le gouvernement ivoirien que s'il est reconnu par les Nations Unies. Cette prise de position, bien sûr, fait s'éloigner pour le gouvernement Gbagbo l'espoir d'un allègement de dette de quelque trois milliards de dollars dans le cadre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés.

Barack Obama, président des Etats-Unis, a également approuvé la proclamation de l’élection du candidat Ouattara par la CEI. L’Union européenne a elle aussi affirmé son soutien au camp Ouattara. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a condamné l'investiture de Laurent Gbagbo en tant que président ivoirien et a annoncé une réunion extraordinaire des dirigeants régionaux sur la situation. Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen, a exprimé sa colère face à l'ingérence et l'impérialisme occidental.

 

Jeanine FANKAM

 

 

« La légalité de l’investiture de Gbagbo est inattaquable » [interview]

 

Guy Mvelle, chargé de Cours au département de science politique de l'Université de Yaoundé II.

 

 Selon vous, y a-t-il deux présidents en Côte d'Ivoire?

 

Au regard des positions des différentes institutions nationales, nous sommes en présence de deux personnalités dont l’une est déclarée élue par la Commission électorale indépendante (Alassane Dramane Ouattara) et l’autre déclarée élue et même déjà investie par le Conseil constitutionnel (Laurent Koudou Gbagbo). Les juristes vous recommanderont, à cet effet, de lire à la lettre les textes et donc les attributions des deux organes pour voir qui a compétence à déclarer le vainqueur d’une élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Dans ce sens, les textes et la pratique prêtent quelque peu à une confusion qu’il faut éclairer.

Selon la loi du 16 août 1994 fixant la composition, l'organisation, les attributions et le fonctionnement du Conseil constitutionnel, c’est cette institution qui est en charge du contrôle de la régularité, de la présentation des candidatures, de l'éligibilité des candidats, du déroulement du scrutin et du dépouillement des votes dans l’élection présidentielle. Quant à la Commission électorale indépendante (CEI), la loi du 14 décembre 2004 modifiant celle du 9 octobre 2001 relative à sa composition, son organisation, ses attributions et son fonctionnement, lui attribue la proclamation provisoire ou définitive des résultats de toutes les élections à l’exception de l’élection présidentielle et du référendum pour lesquels la proclamation définitive des résultats relève de la compétence exclusive du Conseil constitutionnel. C’est dire que la proclamation du Conseil constitutionnel ivoirien n’a rien d’illégal, ce d’autant plus que la CEI a dû dépasser le délai légal de trois jours prévus pour sa transmission des résultats.

Mais si la légalité constitutionnelle de l’investiture de Laurent Koudou Gbagbo me semble inattaquable, le problème se trouve ici au niveau de la légitimité politique d’un tel acte. L’idée même des commissions électorales indépendantes réside dans le fait que ces institutions sont dotées d’un fort symbole politique permettant non seulement une meilleure visibilité de la traçabilité du processus électoral, mais également une plus grande légitimité politique des personnalités issues des urnes. Tout se passe donc comme si nous sommes devant un affrontement entre la légalité constitutionnelle et la légitimité politique, celle-ci étant renforcée par les positions de certains acteurs internationaux de premier rang : ONU, Union africaine, CEDEAO, France, Etats-Unis… Mais bien qu’investi par le Conseil constitutionnel, Laurent Gbagbo sait bien que le pouvoir politique comme tout pouvoir, est une relation qui met aux prises d’une part un commandement de la part de celui qui dirige et d’autre part le respect, l’obéissance, la docilité de la part de ceux à qui sont destinés les actes du pouvoir. En sera-t-il le cas dans cette ambiance de contestation?

 Le président Gbabgo a-t-il les moyens de gouverner son pays malgré l'opposition de ce qu'on appelle la communauté internationale qui n'a pas certifié sa victoire?

Ici, nous sommes confrontés à la pertinence d’un nouveau paradigme, celui de la certification électorale par les Nations Unies. Cette expérience est récente et a été réalisée pour la première fois en 2007 au Timor et en 2008 au Népal. Dans ces deux cas, l’organisation universelle avait le rôle principal dans l’organisation des élections. Mais en Côte d’Ivoire où la certification répond à une demande des parties signataires de l’Accord de Pretoria de 2005, le véritable défi était de certifier des élections dont elle n’était pas l’organisateur. Et le mandat du Conseil de sécurité a bien prévu que les résultats des élections seront certifiés d’une façon explicite ; et qu’une fois certifié, le Certificateur n’admettra pas que les résultats fassent l’objet de contestations non démocratiques ou de compromissions. Et vous savez que le Conseil de sécurité met en œuvre un droit d’exception à travers lequel il lui appartient de définir sa propre légalité, et d’apprécier non seulement l’opportunité de son intervention, mais aussi les modalités de son action éventuelle. Et au plan interne, il est évident qu’une crise politique est déjà ouverte avec un Premier ministre Guillaume Soro qui se sent responsable devant Alassane Ouattara plutôt que devant Laurent Gbagbo. Mais y a-t-il pour autant déjà une crise institutionnelle dans le pays ? L’équation s’annonce plus difficile avec les puissances étrangères dont le regain d’intérêt sur la Côte d’Ivoire est aujourd’hui incontestable.

 Peut-on s'attendre à ce que cette communauté internationale impose à la tête de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara qui, à ses yeux, est le seul qui jouit de la légitimité selon les résultats de la présidentielle proclamés par la CEI?

Si la proclamation de Ouattara est légitime comme vous le dites du fait qu’elle émane d’un organe relativement plus consensuel au plan politique, celle du Conseil Constitutionnel est-elle pour autant illégale? De nombreux exemples en Afrique nous ont montré que les choses peuvent se passer plutôt autrement (Kenya, Zimbabwe), même si cela ne grandit pas l’Afrique qui confirme une fois de plus la difficulté qu’elle a à s’approprier de l’intégralité des règles du jeu démocratique. Et Laurent Gbagbo me semble désormais bien habitué au power sharing, même si ce mécanisme contribue à légitimer les contestations électorales et à en faire une voie d’accession au pouvoir. Et la communauté internationale a heureusement ou malheureusement les moyens pour le faire plier, et même s’il a pu résister pendant une transition qui a duré cinq ans, certains acteurs semblent plus déterminés cette fois-ci. D’abord le Conseil de sécurité qui s’est chargée de la certification dispose à l’égard des Etats membres, d’un pouvoir de décision que lui offre la Charte des Nations Unies en cas de menace contre la paix et de rupture de la paix. Et dans ce cas, il a le choix, en fonction de son appréciation de la situation, de prendre des mesures qui peuvent aller des simples recommandations aux décisions contraignantes ou les deux à la fois. Ensuite, n’oublions pas que la France, les Etats-Unis et de nombreux pays européens sont les principaux clients de la Côte d’Ivoire, ce qui a une signification de très haute importance pour la réalisation des objectifs de politique économique du nouveau président, la seule Russie ne lui apportera pas tout le soutien dont il a besoin même si elle lui garantit pour le moment un veto sur les décisions qui vont en son encontre.

 Comment appréciez- vous l’allégeance des Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire, sous le commandement du général Philippe Mangou?

Laurent Gbagbo aime lui-même à citer le cas des Etats-Unis d’Amérique où l’Armée fut à un moment donné divisée au gré des intérêts économiques entre armée du Nord et Armée du Sud, mais que ce sont les positions politiques qui ont souvent pris le dessus en l’occurrence celle d’Abraham Lincoln qui permit l’unification de l’institution militaire favorisant le grandeur dont bénéficie les Etats-unis aujourd’hui. Très bien ! Mais l’histoire des rapports entre l’armée et le politique aux Etats-Unis ne semble pas connaître la même trajectoire dans un continent africain où l’institution militaire a suffisamment été interventionniste ces cinquante dernières années. Et quand on commence à faire le jeu de l’armée, il faut y aller jusqu’au bout, pire la politisation de l’armée par le politique est bien un signe de fermeture démocratique, car une armée très « choyée » aide au pouvoir politique d’entretenir la domination par une politique de terreur.

 L'élection présidentielle était censée clore une décennie de crises politico-militaires. A la lumière des récents développements, quelles perspectives envisagez-vous pour le désarmement des ex-rebelles du Nord et la réunification du pays toujours coupé en deux?

On avait tous espoir que l’accord politique de Ouagadougou, après avoir redressé les limites des accords précédents (Linas Marcousis, Accra, Pretoria et les résolutions du Conseil de sécurité), viendrait pacifier durablement la Côte d’Ivoire et partant l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. L’élection présidentielle a certes pu se tenir, mais aujourd’hui, un nouvel acteur entre dans le jeu, à savoir Alassane Dramane Ouattara, ce qui oblige en quelque sorte d’élargir les dispositions de cet accord dans la mesure où il constituait un compromis entre les deux camps Gbagbo et Soro. Mais, il me semble que les dispositions concernant le désarmement des ex-rebelles restent d’actualité en l’occurrence le Programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) qui prévoit notamment le démantèlement et le désarmement des milices, lequel s’appuie sur les Accords de Linas Marcousis, le Plan conjoint des Opérations du DDR…

 La Côte d'Ivoire va-t-elle à nouveau plonger dans la guerre et quel avenir pour l'Opération des Nations Unies dans ce pays (ONUCI) ?

En tout cas, personne ne le souhaite, et je ne vois pas qui gagnerait à ce que ce pays continue à être déstabilisé, ni les Ivoiriens du Nord et du Sud, ni les puissances étrangères et encore moins les Africains. On a toujours pensé que la communauté internationale ne saurait se désengager de la Côte d’Ivoire sous prétexte que le pays avait déjà un accord de paix et de partage de pouvoir viable. Aujourd’hui, l’opinion est la même, la réalisation du processus électoral, on le voit, n’est pas synonyme de retour à une paix durable dans le pays. Au contraire ! Il me semble qu’une attention du Conseil de sécurité doit demeurer dans ce pays qui représente toujours une menace à la paix et à la sécurité, et cette vigilance en appelle donc au même degré d’implication de l’ONU dans le domaine militaire et sous les autres aspects nécessaires. Même l’Accord de paix de Ouagadougou ne prévoit pas la nécessité d’un retrait, même graduel des forces ONUCI et Licorne en dehors de la zone dite de confiance où la levée du dispositif devrait être progressive. Malgré les tensions existant entre le représentant de l’ONU et certains proches de Laurent Gbagbo, on est nombreux à penser que, vu les tensions post-électorales en cours, la présence militaire internationale doit être maintenue au moins jusqu’au lendemain des élections législatives qui doivent se tenir après la présidentielle. Si le Tchad a fait partir récemment les forces de l’ONU, il ne me semble pas que la situation en Côte d’ Ivoire soit similaire ! Au final, la situation en Côte d’Ivoire nous confirme dans l’idée que la compétition politique en Afrique, quand bien même elle est pacifique, peut alterner violence et paix, et les acteurs politiques peuvent également passer du statut d’adversaires au statut d’ennemis envers lesquels on n’arrive pas à freiner nos pulsions violentes.


Propos recueillis par Rousseau – Joël Foute

Fracture [commentaire]

Fin 2002. A la suite d’une tentative de coup d’Etat menée par des rebelles venus du Nord, en septembre de la même année, la Côte d’Ivoire était coupée en deux : le Sud tenu par le président élu deux ans plus tôt ; le Nord contrôlé par les rebelles. Huit ans plus tard, après une interminable pluie d’accords (Marcoussis, Prétoria, Ouagadougou, etc.), après le déploiement d’une lourde mission de l’ONU et d’une force de paix, après tant d’accords – parfois boiteux, après des dizaines voire des centaines  de milliards de francs CFA consommés par l’un ou l’autre des volets de cette crise, revoici la Côte d’Ivoire divisée en deux. Oh ! Petite différence – jusqu’ici – les deux pôles de la version 2010 de la crise ivoirienne se côtoient à Abidjan, capitale économique du pays.

Depuis samedi dernier, la Côte d’Ivoire parle à tous les acteurs de la crise. Car, au-delà des prises de position fermes, des soutiens appuyés, des condamnations sans réserve, la crise actuelle indique que les différents remèdes appliqués ont bien fait baisser la température le temps des élections. Mais que le mal ivoirien est loin d’être guéri.

C’est donc d’un mal profond qu’il s’agit. Profond par qu’il semble bien que cette crise soit liée à la position géostratégique de la Cote d’Ivoire dans la sous-région. Un pays leader dont le contrôle ne laisse personne indifférent. A commencer par l’ancienne puissance coloniale, la France. Déjà forte de sa production économique abondante et variée (cacao, café, banane, ananas, etc.), la côte d’Ivoire exhale depuis quelques années une odeur de pétrole qui attire encore plus de convoitises. Mais cela suffit-il à tout expliquer ?

Le jeu trouble des acteurs intérieurs n’arrange rien. La mort d’Houphouët Boigny, père de la Nation ivoirienne, avait donné lieu à une belle petite bousculade entre deux rivaux (Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara). Cet épisode, pour insignifiant qu’il ait pu apparaître en son temps, portait les germes de la crise actuelle. Du reste, le débat sur l’ « ivoirité » qui allait embraser la scène politique quelques années plus tard fera entrer en jeu un acteur jusque-là à l’écart, l’armée.

Depuis lors, le débat politique intérieur, pour policé qu’il puisse être, est pollué par cette question. Et les Ivoiriens découvrent qu’ils sont du Nord ou du Sud ; qu’ils sont chrétiens ou musulmans ; qu’ils sont de telle ou telle ethnie, majoritaire ou minoritaire ; etc. Un débat périphérique, loin de l’enjeu le plus important, le développement du pays.

Malheureusement, qu’une solution intervienne aujourd’hui ou demain, elle risque fort de ne pas effacer les lignes de fracture, de plus en plus nombreuses, qui parcourent la société politique ivoirienne. La moindre de ces lignes n’est pas cette nouvelle qui se dessine dans les soutiens des deux protagonistes. Entre les soutiens intérieurs du président Laurent Gbagbo et ceux de la communauté internationale acquis à son challenger Alassane Ouattara.  

R. D. LEBOGO NDONGO


Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière