Il est 13h. Et sur le fleuve Wouri, un spectacle captivant va se dérouler... La marée humaine postée sur les berges comme dans les gradins d’un stade, a le regard rivé sur une pirogue qui flotte tranquillement sur l’eau. A son bord, quelques initiés cherchent « le passage » qui permettra l’immersion du vase sacré. Et plouf ! L’un d’eux plonge, après quelques incantations. Des applaudissements, des flonflons et des cloches retentissent. Le rituel d’immersion vient de commencer. Il durera 8 minutes. Le temps pour le public de se lancer en conjectures : que diront les ancêtres ? Quel sera le message ? L’homme ressort presque à l’autre rivage, non loin du pont sur le Wouri. Les « officiants » de la messe de l’eau peuvent alors l’accompagner jusqu’à la case sacrée, où le secrétaire général Money Akwa II, et une petite délégation, l’y rejoindront.

Le vase sacré (plutôt un panier) est remis au prince René Douala Manga Bell et ensuite au prince Din Dika Akwa. Le rituel du vase sacré vient d’avoir lieu, et le message des ancêtres, sorti des profondeurs de l’eau, peut être décrypté. « Le message transmis rappelle l’édition de l’année dernière. Nous avons respecté les prescriptions qui ont été données, et nous avons vu qu’il y a eu des bénédictions. Ils [les ancêtres] nous demandent d’être plus unis, plus fraternels, nous verrons que les merveilles vont se faire en 2011 », explique Money Akwa II.

L’édition 2010 du Ngondo a encore été fidèle à la tradition festive et à la ferveur populaire. Sur le thème « Titimbe », le peuple Sawa et les Camerounais de divers horizons ont communié sur les berges du Wouri, au cours d’une nouvelle cérémonie traditionnelle forte en symboles. Et en significations. « Titimbe signifie littéralement, la persévérance. Les thèmes se rapportent au temps. Nginy’a Mulema, l’an, dernier correspondait à une période de gros défis pour le peuple Sawa. Il a fallu employer la force du courage pour atteindre nos objectifs. Maintenant, il faut persévérer », explique Moïse Mboma, de la communication. Les objectifs sont énormes, et demandent beaucoup de persévérance. On pense tout de suite ici à la rétrocession du site du Ngondo par le chef de l’Etat, la pose de la première pierre du futur complexe du Ngondo, effectuée la veille, samedi, à la Vallée de la Besseke, par le Mincult Ama Tutu Muna.

Au peuple Sawa, il a donc fallu de la persévérance, mais aussi du courage et de l’enthousiasme, tout au long des festivités lancées le 4 novembre dernier. Tels ces pagayeurs de Djebale, qui ont remporté haut la main la course des pirogues, ou encore la jeune Bebey Lobe, étudiante en marketing, qui remporte la couronne de Miss Ngondo 2010 (Tolè), ou encore ces groupes de danse qui, paradant, ont donné des couleurs et du son au Ngondo. A retenir aussi, l’hommage rendu par le Ngondo à l’artiste Eboa Lotin. Mais l’édition 2010 est aussi celle des mutations. La plus importante concerne le passage de témoin du prince René Douala Manga Bell à Din Dika Akwa. Le secrétaire général du Ngondo, prince Money Akwa II tirera, quant à lui, sa révérence lors de l’assemblée générale du mois de février prochain.