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Dossier de la Rédaction

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I Love You So Much

Aquoi tient l’empathie du peuple pour son prince ? A son charisme, à sa générosité, à sa proximité ? A sa beauté, à sa jeunesse, à la capacité de séduction de sa compagne ?

Difficile à dire, mais l’alchimie parfaite entre le couple Biya et Bamenda hier a fait remiser au placard quelques certitudes et clichés sur l’état de leurs relations communes. Les observateurs médusés de ces retrouvailles ont eu la preuve, une fois encore, qu’en matière d’élan amoureux, il est hasardeux de tracer un cadre théorique rigoureux et universel. La mobilisation exceptionnelle des populations de Bamenda, inédite dans son ampleur, touchante dans sa spontanéité, ne peut se justifier par une quelconque logique.

Voilà une ville et une région que l’on disait farouches, et mêmes rebelles, pas seulement parce qu’elles sont le fief du chef de l’opposition ou le théâtre des manifestations d’humeur sporadiques du Southern Cameroon National Council (SCNC), mouvement sécessionniste (déclinant) interdit.

Voilà aussi une région industrieuse, pour reprendre le qualificatif utilisé par le chef de l’Etat, grenier agricole et bouillon de culture, qui se languit d’une plus grande représentativité et d’une meilleure prise en compte de sa spécificité anglophone, et que l’on subodorait donc tiède, indifférente, à défaut d’être hostile à la visite du président de la République. Bien au contraire, les effusions de Paul Biya avec le Nord-ouest ont été émouvantes, chaleureuses et empressées.

Dans les propos et attitudes, il n’y avait que satisfaction mutuelle, reconnaissance, confiance, empathie, promesses, explosions de joie.

Une émotion qui a bien failli éclipser la parfaite parade de l’armée, dont on fêtait le cinquantenaire, et qui fournissait donc le prétexte de ces renouvellements de flamme. En orateur rompu à la complexité, le président de la République a parfaitement réussi le pari de rendre hommage à l’armée, loyale et républicaine en cinquante ans d’existence, sans frustrer Bamenda qui l’attendait de pied ferme.

L’une aura donc ses lauriers, ses décorations, ses revalorisations de primes, et l’autre son université, sa centrale thermique, ses routes et son hôpital.

En définitive, on peut dire dans une formule raccourcie et prosaïque, que les deux grands gagnants de cette visite présidentielle sont aussi ses deux hôtes : les populations et l’armée.

Pour autant, la question de départ reste entière : qu’est-ce qui constitue la trame du lien unique entre Paul Biya et la région du Nord-ouest, qu’il a visitée plus qu’aucune autre en 28 ans ; qu’il a choisie pour créer le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ; dont il a appelé de nombreux fils à de très hautes responsabilités…

Cette région qui, en retour, déjouant pronostics et clichés, lui a ouvert ses bras hier, dans une déferlante de cris de passion.

Ce qu’il y a derrière une telle démonstration, c’est sans doute d’abord une part d’irrationnel. La vision du président, confiant et énergique, qu’on n’a pas vu ici depuis 19 ans, et celle de la première dame, adulée par les couches populaires, peuvent créer à elles seules une certaine hystérie.

Mais il y a aussi, en poussant l’analyse, une grande implication des élites qui ont prêché, rassemblé, persuadé. Il y a enfin un art consommé de la séduction auquel se livrent les deux « protagonistes ». D’une part, Bamenda, qui joue à « je te dis non pour mieux te dire oui », et d’autre part, Paul Biya, enjoué et charmeur, connaissant parfaitement les points sensibles de son hôte, et qui en use avec plaisir : il prononce, dans un anglais impeccable, les mots qui parlent au cœur : «Together we will succeed », « Don’t be afraid of the future », «I am in my second home… » Et puis, il choisit ce moment pour offrir le plus beau des cadeaux: l’université…

La visite présidentielle se termine aujourd’hui. Certes, nous n’en sommes pas au bilan, mais gageons que rien ne sera plus comme avant. On sent confusément que le chef de l’Etat vient peut-être de gagner définitivement le Nord-ouest, en lui parlant au cœur et à la raison : « I love you so much, my beloved Bamenda… ».


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