Si l’on en croit Roméo Dika, tout est déjà réglé, comme sur du papier à musique, pour l’apothéose de ses vingt-cinq ans de carrière, demain au palais des Sports de Yaoundé. La « légion étrangère » composée d’une bonne demi-douzaine d’artistes est déjà au pays. Avec en bonne place, l’Ivoirienne Monique Seka est au Cameroun depuis un peu plus d’une semaine ; à côté d’elle, Mango, la toute nouvelle et pas moins brillante, compte donner le change. Les répétitions pour tout le reste, ont commencé depuis un peu plus de deux semaines Sur le plan administratif, la salle est depuis longtemps réservée et payée. C’est d’ailleurs avec une fierté non feinte que l’artiste à l’honneur brandit le reçu de payement de la note, et mieux encore, la correspondance du ministre de la Culture, s’engageant sur le principe du parrainage de la manifestation…
Au siège de l’entreprise dont il tient les rênes au quartier Tsinga à Yaoundé, une équipe enthousiaste s’active sur les derniers détails de l’évènement. Le président du comité d’organisation du concert, Joseph Franklin Boati, et le chef de plateau technique, Ernest Ewane, rassurent sur la sonorisation et d’autres détails techniques. Ils sont rompus à ce genre d’évènements et celui-ci, qui a nécessité toute une année de réflexion, n’en sera que plus réussi, à en croire leur conviction.
Ce qui frappe, c’est la maturité évidente de celui qui, à 22 ans, avait en 1986 crevé l’écran avec son tout premier album : « More Makossa ». Il venait alors de sortir du conservatoire de la Croix Chaveaux en France. Depuis, les albums se sont multipliés, avec des fortunes diverses, et quelques fois des tubes aux airs provocateurs ou simplement inoubliables.
Entre « Maestro » en 1991, « American Season » en 1994, et le tout dernier « You and Me », sorti cette année, bien des choses se sont passées. L’influence reggae, renforcée par celle de certains aînés parmi lesquels Nkotti François et Sallé John, invités spéciaux du concert de samedi prochain, a laissé sa marque. Tout comme le temps. Le jeune homme que le Cameroun et le monde découvraient en 1986, aujourd’hui porte sa barbe grisonnante comme la couronne d’une maturité, qu’il compte démontrer au palais des sports samedi. La bonne nouvelle c’est que la voix grésillante de Roméo Dika, elle, n’a pas pris de rides, tout comme le pas de danse à la cadence typique de l’auteur de « Le mari de ma femme » en 2001 ne chancelle pas encore.
