La remise solennelle des diplômes à la toute première promotion des élèves-professeurs et conseillers d’orientation scolaire et universitaire est vite venue éprouver la capacité infrastructurelle de la ville de Maroua. Samedi dernier, il fallait montrer patte blanche pour accéder à l’une des multiples tentes et tribunes dressées pour accueillir les lauréats et les invités à la cérémonie. Policiers et membres du protocole étaient débordés par les parents et amis des 2 314 lauréats du jour. Chacun voulant avoir la meilleure position pour vivre de visu le rituel de remise des parchemins. Y avait-il meilleur cadre que la place des fêtes de Maroua ? À cette lancinante question, il faut déjà trouver des réponses. Et pour cause, l’année prochaine, la deuxième cuvée forte d’au moins 5000 lauréats, est déjà dans les esprits.
A 10h, lorsque le ministre de l’enseignement supérieur, chancelier des ordres académiques fait son entrée, le campus délocalisé de l’Université de Maroua est plein à craquer. Le bal est ouvert par la procession des enseignants. Les assistants, les plus nombreux suivis des chargés de cours, des maîtres de conférences et des professeurs de rang magistral, arrachent les applaudissements de l’assistance. Le chancelier des ordres académiques tient la queue de cette marche initiatique. Les lauréats eux, sont en place depuis les premières heures de la matinée. Ils sont drapés dans leurs toges aux couleurs bleu clair. Pour dire au revoir à ces « dignes ambassadeurs de la ville de Maroua », le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine monte au créneau. Bakari Robert admire la ténacité et l’endurance de ces pionniers qui ont su braver les contraintes d’hébergement et de transport à Maroua pour obtenir leurs parchemins. La représentante des lauréats Hadidjah Doubla, le major de toutes les filières, soulignera que la rudesse dans l’apprentissage et dans l’accommodation ont fini par faire d’eux de véritables hommes de terrain.
En présentant les premiers produits de son école, le directeur de l’ENS souligne que les lauréats du jour ont le profil de l’emploi. Ces 1 646 professeurs des lycées et collèges, 125 professeurs des écoles normales et 543 conseillers d’orientation ont été moulés, rassure le Pr Saibou Issa, suivant le triptyque: LMD, polyvalence et professionnalisation. « Un produit de l’ENS de Maroua c’est deux en un », conclura-t-il.
Pour le Recteur de l’Université de Maroua, tout cet heureux aboutissement est l’œuvre des multiples acteurs au premier rang desquels, le président de la République, Paul Biya. Le Pr Edward Ako Oben réitérera les vifs remerciements de la communauté universitaire de Maroua au ministre Jacques Fame Ndongo qui s’est personnellement impliqué dans la mise en œuvre de ce chantier. Il en profitera également pour saluer les marques d’attention des élites de la région qui en ont fait leur université.
Avant de remettre les diplômes, l’on procède au rituel de sortie solennelle. Le ministre de l’Enseignement supérieur, chancelier des ordres académiques prononce la phrase de circonstance : « En ma qualité de chancelier des ordres académiques et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous déclarons admis au DIPESII, DIPEN II et DIPCO de l’ENS avec les droits et obligations y relatifs ». Les trois premiers de chaque filière reçoivent solennellement leurs diplômes. Les meilleurs lauréats sont gratifiés des prix spéciaux en espèces et en nature.
Avant de les envoyer définitivement sur le terrain, le ministre Jacques Fame Ndongo demande aux « gladiateurs de la craie » de se départir de tout complexe, car insiste-t-il, « vous êtes compétents et compétitifs ». en sa qualité de chancelier des ordres académiques, il se porte scientifiquement garant du savoir savant, du savoir-faire et du savoir-être de cette cuvée. Et le Minesup de poursuivre : « distillez la science que vous avez acquise à tous les enfants du Cameroun sans discrimination, quelque soit le lieu d’affectation…..dans les monts mandaras ou à Rumshiki ». En dernière analyse, il les met en garde contre les dérives comportementales qui risquent « de vous faire tomber dans les miasmes de l’obsolescence intellectuelle ». « Évitez l’exploitation financière des apprenants et les notes sexuellement transmissibles », conclut-il.
