LA. Regard test
Avec la sortie de la première cuvée de l’université de Maroua, promoteurs et contributeurs multiformes au défi de faire vivre le rêve peuvent se frotter les mains : le meilleur d’un test de crédibilité et d’opiniâtreté est concluant! Mais ce n’est qu’une étape sur le chantier de construction de la lourde pyramide de la formation et de la consolidation des acquis des corps de métier au Cameroun. Pour conduire l’étape, il a en effet fallu aux acteurs, de la noblesse, de l’énergie et plus que des idées claires pour que la mise œuvre fut exemplaire. Mission remplie ! Sous un ciel attique, une majestueuse œuvre vient encore d’être accomplie : 1646 professeurs des lycées et collèges, 125 professeurs des écoles normales, 543 conseillers d’orientation. Ce n’est pas rien, mais peut-être pas assez pour redresser le chronique déficit de personnel dans le secteur public de l’éducation. Traduction : que les lauréats d’aujourd’hui servent d’abord prioritairement au moins pour une décennie le secteur de l’éducation n’est pas une exigence de luxe. C’est bien au contraire le verseau concluant du test !L’orage de contestations qui s’est déclenché au moment des admissions des étudiants à l’Ecole normale de Maroua devrait logiquement se transformer aujourd’hui en un déluge d’encouragements pour faire profiter des fruits de la formation à l’éducation d’abord. Au lieu de quoi on reverra bientôt de nouveaux combats épiques pour transformer presque rapidement des enseignants fraîchement formés en administrateurs civils et autres comptables matières de seconde zone. « Les gladiateurs de la craie» selon le mot de Jacques Fame Ndongo ministre de l’enseignement supérieur devraient «se départir de tout complexe…» C’est peut être l’aveu d’un mal être qui existe! La désillusion populaire d’une carrière d’enseignant fructueuse et bien remplie est-elle à ce point forte qu’elle inhibe tous les efforts jusqu’ici accomplis par l’Etat pour donner de la densité et du confort au noble métier d’enseignant? Question rampante…
Une seule certitude. Il est bon que les choix soient assumés. Sinon des stratégies de planification sont sabordées. La visibilité et la maîtrise de l’évolution des secteurs troublés.
On peut critiquer la vision de sédentarisation des effectifs d’un secteur pour une période donnée. On pourrait évoquer la liberté d’utiliser les fonctionnaires partout où besoin se fera sentir mais on peut difficilement convaincre de l’efficacité de tous à tous les postes. Ce débat sur le « right man at the right place » n’est pas en tous cas confiné au seul champ du métier d’enseignant. Des impostures et des usurpations sont légion dans le pays dans tous les secteurs et sabordent durablement les efforts d’efficacité et de compétitivité de nombreux secteurs économiques et sociaux. Ils sont encore nombreux ces invités indésirables mais pourtant prévisibles qui déploient des trésors de talents pour contourner les écueils qui conduisent à la fonction publique dont ils se servent mieux qu’ils la servent finalement. Ils apporteront toujours plus que leur grain de sel à la marche à reculons du pays. Il y a longtemps qu’ils s’occupent activement des choses et occupent des places qui ne leurs sont pas destinées. Au pays mieux qu’avant de s’occuper de plus en plus des ces écarts qu’il faut remettre à l’endroit. Le système des raccourcis et la mauvaise utilisation des ressources humaines sont deux faces d’un même mal à combattre.
